POLITOLOGUES  «Le Makhzen a poussé trop loin son agressivité»

L’Algérie est passée à l’acte. Les relations diplomatiques avec le Maroc sont désormais rompues. La décision a été annoncée solennellement, hier, par le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, lors d’une conférence de presse organisée en fin de journée au Centre international de presse. Les réactions ne se sont pas fait attendre.

Abdelkader Soufi, docteur et chercheur en relations stratégiques, affirme que la réaction algérienne était «prévisible» et ce, suite aux dernières déclarations du président de la République et les décisions prises par le Haut-Conseil de sécurité.

«On est arrivé à un point de non-retour dans le cadre des relations diplomatiques avec ce pays du moment qu’une agression systématique a été déclenchée par le régime du Makhzen depuis 1963 jusqu’à aujourd’hui. Ce qui a fini par casser cette relation diplomatique entre les deux Etats. L’Algérie a pris maintenant ses responsabilités après les résultats de l’enquête qui ont confirmé les actes néfastes répétés du Maroc. Donc, la rupture des relations diplomatiques est tout à fait logique», explique-il.

Soufi souligne encore qu’«il s’agit d’un acte souverain par rapport à un acte hostile d’un pays voisin». Abdelatif Bouroubi, professeur en sciences politiques à l’université de Constantine, relève que les propos tenus par le ministre des Affaires étrangères sont déterminants, soulignant que la politique étrangère de l’Algérie est déterminée par des paramètres. «Elle est contre l’ingérence et est favorable à la coopération», rappelle-t-il.

Et d’ajouter : «Depuis que le Maroc a opté pour une alliance avec Israël, les choses ont changé et ce, avec toutes les retombées induites par cette démarche sur notre pays. C’est pourquoi, l’Algérie a tranché pour une rupture des relations diplomatiques afin de ne plus subir les conséquences de cette association douteuse.»

Il fait remarquer, cependant, que les consulats seront toujours actifs au service de la communauté établie dans ce pays. Redouane Bouhidel, enseignant en sciences politiques et relations internationales, explique pour sa part que cette rupture des relations avec le Maroc n’a pas été brutale.

«C’est tout simplement une succession d’actions qui ont abouti à cet état de fait. Nous avons accordé assez de temps au Maroc mais il n’a pas saisi cette opportunité. Bien au contraire, il a multiplié les provocations. Cette rupture des relations diplomatiques était prévisible», juge-t-il.

Selon lui, en application des conventions de Genève et des us diplomatiques, l’Algérie a suivi graduellement toutes les étapes diplomatiques nécessaires avant de passer à l’acte. Elle a rappelé son ambassadeur à Rabat pour consultations avant de passer à une étape supérieure.

«L’Algérie n’attend plus rien du Maroc et il est préférable à ce qu’elle agisse souverainement avant de recevoir d’autres coups», estime-t-il.

Bouhidel tient à préciser que l’Etat algérien n’a rien gagné de ce voisinage hormis le hachich, les agressions et des attaques médiatiques.

Karima Alloun

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