Reporters sans frontières (RSF) demande l’abandon de toutes les charges retenues contre un rédacteur en chef d’un site d’information d’Oujda, capitale de la région Orientale du nord-est du Maroc, qui risque plusieurs années de prison pour diffamation à l’égard du wali (préfet) de la région. lors d’un procès qui doit s’ouvrir demain (19 octobre) à Oujda.
Rédacteur en chef de Chamspost, un site d’information générale régionale, et ancien correspondant régional du quotidien national Akhbar El Youm, aujourd’hui fermé, Abdelmajid Amyay a été arrêté le 5 octobre dans un café d’Oujda et immédiatement conduit à la préfecture de police régionale pour y être interrogé.
Ses avocats, Mourad Zibouh, Mohamed El Ayadi, Mourad Mokhtari et Zakaria Souidi, ont dû attendre des heures avant de pouvoir lui rendre visite. Il a finalement été libéré sous caution après avoir passé plus de 24 heures en garde à vue.
Amyay est poursuivi en vertu de deux articles du code pénal marocain. L’un d’entre eux est l’article 447-2, en vertu duquel « la diffamation, la diffusion ou la diffusion d’informations relatives à la vie privée des personnes sans leur consentement » est puni de 6 mois à 3 ans de prison. L’autre est l’article 263, en vertu duquel « l’intention de porter atteinte à l’honneur ou à la bienséance d’une personne ou au respect dû à son autorité, ou l’outrage dans l’exercice de ses fonctions » est puni d’un mois à un an de prison.
Il a été arrêté après une publication sur Facebook dans laquelle il partageait une photo d’un article du quotidien national Al Ahdath intitulé « Escobar du Sahara » et accusait le président du conseil de la région orientale de pratiques de corruption. Quelques jours auparavant, il avait publié sur Facebook des contenus critiques, sans citer de noms, à l’égard de la gestion de la région orientale.
Selon l’un de ses avocats, Mourad Mokhtari, il est poursuivi pour ces publications sur Facebook à la suite d’une plainte déposée par le wali de la région d’Oujda, alors que le wali lui-même n’était pas visé par ces publications.
« Ces dispositions du code pénal sont clairement interprétées de manière extrêmement élastique et draconienne. Le journaliste Abdelmajid Amyay a fait preuve de prudence et de retenue dans ses propos critiques à l’égard de la gestion de l’Oriental, étant donné que le partage d’un article de journal ne peut en aucun cas constituer un délit. Nous réitérons nos appels au respect de la liberté d’expression, de plus en plus mise à mal par le harcèlement judiciaire constant de ceux qui critiquent et s’expriment. (Khaled Drareni, Représentant de RSF Afrique du Nord)
Mokhtari a déclaré à RSF : « Les poursuites engagées contre le journaliste Abdelmajid Amyay en lien avec ses articles sur son blog constituent un retour en arrière par rapport aux dernières évolutions de la loi sur la presse et l’édition et une pérennisation du processus de restriction de la liberté de la presse au Maroc. Sa défense L’équipe considère les poursuites comme invalides et insiste sur son innocence. »
Amyay n’est pas le seul journaliste actuellement soumis à des procédures judiciaires d’intimidation de la part des autorités marocaines. Hanane Bakour, ancienne rédactrice en chef du site d’information AlYaoum24, est poursuivie en diffamation par Aziz Akhannouch, l’actuel premier ministre, en lien avec des publications critiques sur Facebook. Après 11 reports en deux ans, l’affaire doit actuellement être entendue par le tribunal judiciaire de Rabat-Salé le 11 décembre.
Source : Publicnow, 18.10.2023
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