Les droits en « cadeau », en échange de gaz

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Le gouvernement algérien a condamné à mort les militants Mohamed Benhalima et Mohamed Abdellah. Tous deux ont vécu au Pays basque jusqu’en 2021, sous la protection de l’asile politique. Comme l’a rapporté Amnesty International, les déportations sont le résultat des intérêts de l’Espagne en Algérie.

Le gouvernement algérien a imposé la peine de mort à deux militants qui ont vécu au Pays basque jusqu’en 2021 : Mohamed Benhalima (Algérie, 1989) et Mohamed Abdellah (Algérie, 1988). Ils ont été sanctionnés pour avoir dénoncé la corruption dans l’armée algérienne et appelé à une « vraie démocratie ». La plainte a été déposée par Amnesty International (AI), et afin de faire connaître l’affaire, ils manifesteront en faveur des droits de Benhalima aujourd’hui, à 12h00, devant l’ambassade d’Algérie à Madrid.

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Benhalima a été membre de l’AI à Bilbao de février à août 2021. Comme l’ont déclaré Sofia Garcia et Javier Maura, membres d’Amnesty International, « les déportations sont le résultat des intérêts de l’Espagne en Algérie pour le gaz ». Benhalima a rejoint l’armée à l’âge de 22 ans et a servi comme soldat pendant dix ans. Hira était membre du mouvement populaire pour les réformes démocratiques. Amnesty International a souvent dénoncé le fait que l’Algérie n’est en aucun cas un pays démocratique. La police a identifié Benhalima lors de certaines manifestations et a ordonné son arrestation. Grâce à un ami, il s’enfuit à Portugalete (Bizkaia). D’autres membres de l’opposition algérienne y vivaient en effet.

Le cas d’Abdellah est similaire. Il est arrivé au Pays Basque en 2018 ; Amnesty International n’a pas précisé où, pour ne pas mettre en danger la sécurité de la famille : « Les services secrets algériens ont des collègues partout dans le monde ». Sa femme et ses filles y vivent aujourd’hui. Abdellah était également militaire et il est arrivé au Pays basque avec l’asile politique. Il a été arrêté alors qu’il se rendait au siège de la police espagnole à Gasteiz pour renouveler son permis, sur ordre de l’Algérie. Puis il y fut déporté.

Voyant le cas de son ami, Benhalima se sentit en danger. En août dernier, il s’est rendu à Paris. Le 29 janvier, la police française l’a arrêté ; Benhalima, cependant, avait demandé l’asile en Espagne. Selon la Convention de Dublin, la demande doit être résolue dans les 45 jours suivant la demande d’asile dans un État de l’Union européenne ; si l’asile n’est pas accordé, le demandeur est renvoyé dans le pays d’origine.

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A la fin de cette période, et parce que la situation était « grave », Benhalima a décidé de quitter la France. Il est allé au Portugal avec un ami, où il a de nouveau demandé l’asile. Mais comme cette protection ne peut être demandée que dans un seul pays, le gouvernement a refusé la demande et leur a ordonné de quitter le pays. Ainsi, sur le chemin du retour vers la France, le voyage s’est terminé à Saragosse (Espagne) : « Ils ont été arrêtés à un poste de contrôle spécialement pour les arrêter. Le lendemain, le juge l’a envoyé dans un centre fermé pour étrangers, à Valence [en catalan] », a expliqué Maura. De là, l’Espagne le renvoya en Algérie.

Tous deux ont utilisé le portail YouTube pour diffuser les allégations. Benhalima comptait 155 000 abonnés et pour chaque vidéo qu’il postait, un procès était ouvert en Algérie. Ainsi, outre la peine de mort, plus d’une centaine de condamnations lui ont été prononcées. Amnesty International se plaint que Benhalima est en isolement cellulaire depuis un an, période au cours de laquelle il a été torturé. Le gouvernement a publié une vidéo dans laquelle Benhalima a exprimé ses regrets ; Selon Amnesty International, cet aveu est le résultat d’actes de torture.

Amnesty International a prévenu que les relations entre l’Espagne et l’Algérie sont « pleines d’intérêt ». L’Algérie est l’un des principaux fournisseurs de gaz de l’Espagne et, selon Maura, l’Espagne doit entretenir « très bien » ses relations avec elle : « C’est un important fournisseur de gaz. Par conséquent, de temps en temps, il doit recevoir un cadeau. Ces deux cas que nous rapportons seraient un cadeau envoyé par l’Espagne. C’est gênant. »

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