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Il y a quelques semaines, Tebboune arguait que la diplomatie algérienne était capable de mener un travail de médiation entre la Russie et l’Ukraine. Une déclaration lancée en l’air puisqu’elle est sans lendemain. Comme au demeurant pour le retour de la Syrie sur la scène arabe, Tebboune l’avait rêvé, l’Arabie saoudite l’a réalisé.
Le retour de la Syrie à la Ligue arabe
Tebboune doit être en rogne en voyant El Assad entouré des rois et chefs d’Etat arabes ce vendredi à Djeddah. Sacré coup de Jarnac ! Il n’est même pas sur la photo de famille. C’est son premier ministre qui y sera pour la postérité. Ce retour en grâce du dictateur de Damas, il l’avait pourtant espéré et imaginé pour le sommet de la Ligue arabe à Alger les 1er et 2 novembre, l’Arabie saoudite qui avait au demeurant tout fait pour le faire échouer le concrétise aujourd’hui à Djeddah. Le coup de dague de MBS dans le dos de Tebboune devrait laisser quelques séquelles. L’amitié « interarabes » à ses limites.
Mais voyons plus loin ! Cette séquence de Djeddah est à inscrire dans le cadre du rapprochement entre Riyad et Téhéran. La proximité chiite entre l’Iran et la Syrie de la famille Al Assad a pesé sans nul doute dans le dossier. Pas seulement, elle devrait sinscrire dans un rapprochement avec la Russie de Poutine. Et donc un éventuel affranchissement de l’influence américaine. Au-delà, cette réhabilitation d’El Assad est un second enterrement des centaines de victimes syriennes.
Le dossier ukrainien
Répondant à une question lors d’une interview accordée à la chaîne d’information « Al-Jazeera » sur la possibilité pour l’Algérie de jouer un rôle de médiation entre la Russie et l’Ukraine, le Président Tebboune a déclaré qu’ »elle est qualifiée pour le faire, étant parmi les pays ayant suffisamment de crédibilité pour être médiateur dans de nombreux conflits, même ceux qui ne concernent pas le continent africain ».
C’est encore Mohamed Ben Salmane qui déroule le tapis rouge au président Zelensky à l’heure du sommet de la Ligue arabe. Sans doute que le prince héritier veut engager l’organisation dans un éventuel rapprochement entre son hôte et Poutine. Là aussi, Tebboune s’était avancé il y a quelques mois. Sans lendemain là aussi.
« Nous l’avons fait à maintes reprises vu le poids de la diplomatie algérienne. Il y a toujours eu un résultat. L’Algérie n’intervient jamais dans une médiation si elle n’est pas sûr du résultat », a-t-il fanfaronné devant la journaliste d’Al Jazeera. Depuis cette annonce, aucune initiative diplomatique n’est rendu publique tant à supposer que la diplomatie algérienne soit capable actuellement de peser sur ce conflit qui agite la moitié du monde.
Il est clair que ce n’est pas en brillant par son absence dans les rencontres internationales, comme le fait systématiquement Tebboune, que l’Algérie pourrait peser sur les conflits.
Une autre initiative africaine de l’envoi d’une mission de paix africaine en Ukraine et en Russie est rendue publique par le président sud-africain Cyril Ramaphosa.
L’annonce a été faite mardi 16 mai par Cyril Ramaphosa. Selon le président sud-africain, Kiev et Moscou ont donné leur accord pour accueillir une délégation menée par les chefs d’État de la Zambie, du Sénégal, du Congo-Brazzaville, de l’Ouganda, de l’Égypte, et de l’Afrique du Sud. Mais depuis, silence radio. Contactés, les officiels des états concernés ne souhaitent pas s’exprimer pour le moment. « Dans ce type de négociations, un détail peut tout remettre en cause », indique un ministre.
C’est donc en parallèle des cadres diplomatiques habituels que ce projet de mission s’est monté. Avec, au cœur de ses réseaux présidentiels, la Fondation Brazzaville, créée en 2015 et présidée par le Français Jean-Yves Ollivier, rapporte Rfi. L’homme d’affaires a fait fortune dans le négoce des matières premières dans le monde entier, particulièrement en Afrique où il a tissé, depuis quatre décennies, de puissants liens avec les décideurs. De l’ancien président ivoirien Félix Houphouët-Boigny au président du Congo-Brazzaville Denis Sassou-Nguesso en passant par l’Angolais José dos Santos, Jean-Yves Ollivier est un ami des despotes africains.
Et c’est donc à nouveau sa fondation qui est à l’origine de ce projet de mission de paix officialisé par Cyril Ramaphosa. En coordonnant ce projet avec six présidents africains, Jean-Yves Ollivier casse les codes diplomatiques et s’attaque à un défi international. Si les présidents Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky ont accepté l’idée, selon Rfi, le plus difficile reste donc de l’organiser. Il va donc maintenant falloir lancer de nouvelles négociations afin d’établir un calendrier commun entre six chefs d’État africains et les présidents Poutine et Zelensky. Selon des informations de Rfi, cette mission de Paix est prévue sur quatre jours avec la fin du mois de juin comme date butoir. Seule certitude : si elle se tient, la mission fera étape d’abord à Kiev puis à Moscou.
Sofiane Ayache
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