Faim inapparente, inégalités sociales, «mikhala» : Un média sud-africain lève le voile sur la face cachée du Maroc
«Alors que les statistiques officielles suggèrent que ce n’est pas un problème majeur dans ce pays d’Afrique du Nord, la faim est réelle sur le terrain, masquée par un manque de données fiables et la stigmatisation sociale», écrit NewFrame dans cette enquête intitulée «La faim dissimulée au Maroc». «La faim est très présente dans l’imaginaire marocain, autant qu’elle existe dans la réalité», écrit NewFrame, relevant que, «tout au long de l’histoire, le peuple marocain a souffert de sécheresses cycliques, de marginalisation et d’exclusion, ainsi que du vol systémique de ses richesses et de ses récoltes par le Makhzen». Soulignant l’importance de l’agriculture dans ce pays d’Afrique du Nord qui emploie 40% de la main-d’œuvre et contribue à 15% du PIB, l’auteur relève que «la sécheresse la plus récente a eu un fort impact sur les zones rurales et le secteur agricole, qui souffrent depuis des décennies en raison de l’augmentation des sécheresses et des inégalités consacrées par le régime du Makhzen». Battant en brèche les statistiques de l’ONU et de l’indice mondial de la faim selon lesquelles «la faim n’est pas une préoccupation majeure dans le pays», l’enquête assure que «les militants au Maroc attribuent ce qu’ils appellent une sous-estimation substantielle au manque de volonté du gouvernement de rendre compte avec précision de la situation, rendue possible par le contrôle du système monarchique». S’appuyant sur plusieurs témoignages, le média sud-africain cite la ville de Casablanca comme exemple de cette pauvreté multidimensionnelle qui prévaut au Maroc. Malgré son statut de principal pôle économique du pays, «d’énormes inégalités sociales affligent sa population de 3,7 millions d’habitants, de nombreuses personnes souffrant encore sous le poids de la faim, qui s’est aggravée avec la pandémie de Covid-19», explique le média, évoquant une contradiction totale avec la propagande du régime et ses médias. L’auteur cite également l’exemple des «mikhala», les éboueurs ou ramasseurs d’ordures qui vivent de la collecte des ordures et des restes de nourriture. «Avec la transformation de Casablanca en la plus grande ville économique du Maroc, le nombre de ces travailleurs s’est élevé à des centaines de milliers répartis dans des bidonvilles, que les autorités ont entouré de clôtures pour dissimuler l’ampleur de la tragédie», déplore le média. Par ailleurs, la sévérité de la faim est une opportunité pour les politiciens: les affamés sont mobilisés en tant qu’électeurs et utilisés pour créer une fausse légitimité pour le régime», constate l’auteur.
L’association caritative du Premier ministre désigné, Aziz Akhannouch, homme le plus riche du Maroc et 12e fortune d’Afrique, a distribué des produits alimentaires, qui ont rapidement été suivis de cartes invitant les gens à rejoindre son parti le Rassemblement national des indépendants. Cette association est l’archétype classique d’institutions qui «échangent la faim et la misère des gens contre des bénéfices électoraux», explique New Frame, précisant que «ces pratiques sont courantes parmi les partis connus sous le nom de Makhzani, sont fidèles au roi et à ses plus proches alliés».