Le vote était prévu mercredi et a été repoussé à vendredi en raison des divisions au sein du Conseil de Sécurité. Selon Ricardo Fabiani, directeur de programme Afrique du nord à International Crisis group, « le blocage est dû à des désaccords entre les Etats-Unis, d’un côté, principal rédacteur de la résolution pour le renouvellement de la mission de la MINURSO, et de l’autre côté, de la Russie, soutenue par le Kenya. La division entre les deux groupes est plutôt liée au langage qui devrait être utilisé. Les Etats-Unis veulent garder le niveau d’intérêt du Conseil de Sécurité à une réunion par an. De l’autre côté la Russie et les pays africains voudraient voir des discussions plus fréquentes ».
Dans un entretien accordé à RFI, Fabiani a indiqué que « la deuxième question est celle liée à la nécessité de trouver un « compromis réaliste », une référence qui est plutôt une acceptation implicite de la position marocaine ». Il signale que « là, la Russie et les pays africains veulent mettre en exergue le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination, une référence à la position du Front Polisario ».
Pour lui, il y aura « probablement (…) une abstention de la part de la Russie et du Kenya et de quelques pays africains ».
C’est dans ce contexte que Staffan de Mistura devra prendre ses fonctions d’envoyé personnel d’Antonio Guterres dont la mission s’avère extrêmement difficile, « notamment du fait qu’il n’y a pas de véritable message de soutien ouvert et claire de la part du Conseil de Sécurité » au diplomate italo-suédois. « Le fait qu’il y a des divisions est déjà un mauvais signal parce que c’est une façon de montrer au Maroc et au Polisario qu’il n’y a aucun consensus au sein de la communauté internationale. Donc, que l’envoyé est donc faible », affirme-t-il.
D’après Fabiani, « rétablir le cessez-le-feu est impossible dans les conditions actuelles parce que le Maroc est présent militairement dans les zones qui séparent les deux belligérants et qui sont censées être contrôlées et vérifiées par l’ONU. La présence du Maroc dans cette zone tampon est une violation du cessez-le-feu. De l’autre côté, le Polisario n’a pas d’intérêt à rétablit le cessez-le-feu. Pour lui, il s’agit d’abord de mettre fin au black-out qui a perduré pendant les derniers 10 à 15 ans ». Les médias internationaux, les puissances étrangères avaient presque arrêté d’en parler. C’était une guerre qui était suspendue, qui ne posait pas de problème ou de risque. Deuxièmement, il y a la question de la jeunesse, la légitimité, la popularité du Polisario. Pendant toutes ces années, le Polisario a été sous la pression de la jeunesse sahraouie qui est devenu plutôt sceptique. Une jeunesse qui s’est éloigné de la diplomatie, de la possibilité d’arriver à un compromis. Donc, pour le Polisario, ce retour à la guerre est une façon de défendre sa légitimité, sa popularité dans les camps ».
Dans une note publiée récemment, Ricardo Fabiani s’inquiétait de l’escalade possible de ce conflit , pour l’instant, de basse intensité. L’escalade, selon lui, est une possibilité liée, maintenant, surtout à la question des tensions qui continuent de monter entre l’Algérie et le Maroc. « On a vu, dans les derniers mois, que l’Algérie a pris une position de plus en plus on dirait presque agressive. Tout cela semble indiquer que la question du Sahara Occidental pourrait devenir un espace où les deux pays pourraient arriver à un conflit ouvert le long de la frontière algéro-marocaine », dit-il.
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