Aux limites de la liberté économique

Tags : Algérie, économie, libéralisme, protectionnisme, souveraineté,

par Abdelkrim Zerzouri


C’est quoi exactement la liberté économique, une économie de bazar, une économie des paradis fiscaux ou une économie sauvage sans freins législatifs ? En tout cas, le bazar est bien un terme oriental, qui donne déjà une idée sur le sens de l’économie qu’on lui associe, soit l’achat pour la revente en l’état de marchandises très variées. L’économie des paradis fiscaux et l’économie sans freins législatifs, lesquels freins sont vus comme des embûches devant les investisseurs et les mouvements des capitaux, surtout. La liberté économique tiendrait un peu de tous ces concepts, en se drapant des termes de la liberté d’entreprendre dans l’évolution de la vision économique libérale qui prive l’action politique de ses moyens régulateurs, pour la transformer finalement en une annexe amorphe.

Le groupe de réflexion américain ‘Heritage Foundation’, qui publie comme chaque année son indice de pays les plus ouverts économiquement, a classé quelques pays africains dans la catégorie des mauvais exemples, qui pratiquent une « économie réprimée », dont l’Algérie et le Zimbabwe. Le groupe de réflexion ‘Heritage Foundation’ retient contre l’Algérie le grief de son protectionnisme et le manque de diversité de sa base économique, estimant dans ce sillage que le pétrole et le gaz continuent de représenter 95% des recettes d’exportation et plus de 30% du PIB national.

Le protectionnisme fait figure actuellement d’une réaction naturelle de nombreux gouvernements pour se protéger des effets néfastes de la crise économique mondiale, mis en pratique par l’un des champions de la liberté économique, en l’occurrence les Etats-Unis, qui perdent de ce fait des places au classement mondial des pays les plus libres économiquement, ainsi que la France, selon la même source. Des puissances économiques abandonnent, ainsi, cette vision de la liberté économique, montrant ses limites à cette orientation. Quelle est la raison d’être des gouvernements, s’effacer complètement devant l’action économique ou s’affirmer politiquement pour orienter l’économie vers sa visée essentielle, le bien-être des citoyens ?

La Constitution algérienne consacre la liberté économique ou la liberté d’entreprendre, ainsi que le récent code des investissements, qui ouvre la voie à une diversification de son économie dans un cadre législatif qui n’écrase les droits d’aucune partie, mais cela ne semble avoir aucun poids dans les considérations de ce groupe de réflexion. Peut-être que ce groupe n’a pas en sa possession ces récentes données sur l’économie algérienne, qui tient du rôle de la diplomatie économique pour les faire parvenir à ce groupe et à d’autres afin de leur permettre d’actualiser leurs indices. Et, si on conçoit la liberté économique comme un effacement du politique, libre à eux de faire tous les classements qui en découlent.

L’Algérie doit persévérer dans ses efforts pour attirer les investisseurs qui souhaitent avoir en retour des parts conséquentes, et démentir par les faits et les actes que la conception de la liberté économique n’est plus ce qu’elle était du temps où les hommes d’affaires pouvaient faire ce qu’ils voulaient, même quand ils touchaient aux intérêts stratégiques des pays, où ils s’installaient. Inutile de rebattre les oreilles avec cette liberté économique quand elle touche à la souveraineté nationale, et à la liberté des pays de disposer de leurs richesses.

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