Le problème n’est pas Laya mais le Maroc.

Après le remaniement gouvernemental annoncé ce week-end, j’ai lu que le limogeage d’Arancha González Laya est une sorte de sanction pour la gestion qu’elle a menée avec le Maroc. Certaines analyses vont même plus loin et affirment qu’il s’agit d’un geste de faiblesse devant le régime de Mohammed VI, une façon de satisfaire les caprices du monarque alaouite. Il semblerait que Mme González Laya ait fait face aux provocations continues et à la déloyauté du Maroc alors qu’en réalité, elle a été l’un des ministres des affaires étrangères les plus soumis à son voisin du sud.

Depuis des décennies, l’Espagne et l’Union européenne (UE) mettent de côté les droits de l’homme (DH), notamment ceux du peuple sahraoui, en échange de liens commerciaux et d’autres intérêts politiques avec le Maroc. Bien que ce soit douloureux à admettre, il serait rare que cela change à court terme, malgré le fait que la majeure partie de la population civile montre de plus en plus de signes d’opposition. En ce sens, le changement de nom de González Laya par José Manuel Albares n’est pas de bon augure pour le peuple sahraoui, puisque Albares, un « pro-français », vient de Paris, ou, en d’autres termes, le meilleur allié du régime marocain dans l’UE.

Ceux qui voient aujourd’hui dans la destitution de Laya une punition pour la rupture des relations avec le Maroc sont les mêmes qui ont gardé le silence lorsque le ministre alaouite des affaires étrangères a déclaré publiquement que Ceuta et Melilla devaient être marocaines et que Laya a gardé le silence. Ce sont les mêmes personnes qui n’ont pas tapé sur la table lorsque le Maroc s’est approprié les eaux internationales, étendant ses dominations vers les îles Canaries et incorporant pour lui-même d’éventuels champs pétrolifères, alors que Laya a regardé ailleurs.

En d’autres termes, le seul péché de Laya par rapport au Maroc a été de ne pas prévenir de l’entrée du président de la RASD (République arabe sahraouie démocratique), Brahim Ghali, entre autres, car depuis quand l’Espagne doit-elle rendre compte au Maroc sur qui entre dans notre pays ? En clair, ceux qui reprochent cette action à Laya (véritable oasis dans son habituelle servilité envers le Maroc) semblent veiller plus sur les intérêts de Rabat que par ceux de l’Espagne.

Le régime marocain, manifestement et affichant sa condition vipérine, n’a pas tardé à se vanter de ce que les analystes espagnols lui ont servi sur un plateau : que le remplacement de González Laya est pour faire plaisir à Mohammed VI. L’héritier d’Hassan II ne sera pas heureux tant qu’il n’aura pas obtenu l’approbation internationale de son occupation illégale du Sahara occidental et de l’annexion de Ceuta et Melilla, avant de passer aux îles Canaries. Telle est la réalité, tel est l’allié que la ministre limogée, comme tous ses prédécesseurs, a contenté plus qu’elle n’a irrité et qui probablement et, à moins d’un acte surprise, Albares acariciara dans le sens des poils.

Publico.es, 13/07/2021

Etiquettes : Maroc, Espagne, Arancha Gonzalez Laya, Sahara Occidental, Front Polisario, Brahim Ghali,

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