Selon El Confidencial, « Rabat utilise l’excuse du Ghali pour que l’Espagne soutienne son projet pour le Sahara. Le Maroc approfondit la crise avec Madrid, resserre la corde avec l’Allemagne, envisage de reprendre une partie du territoire mauritanien et fait des reproches à Biden. Seule la France, qui soutient son projet de territoire, est épargnée ».
Signalant que « le Maroc menace l’Espagne, le journal espagnol rappelle que « dans son premier communiqué, dimanche 25 avril, Rabat a déploré l’attitude du gouvernement espagnol et s’est interrogé sur les circonstances dans lesquelles le leader du Front Polisario, Brahim Ghali, admis avec le covid-19 dans un hôpital de Logroño, est entré en Espagne. Dans son deuxième communiqué, aux premières heures du samedi 8 mai, Rabat menace déjà son voisin espagnol. « (…) le Maroc en prend acte », souligne le communiqué du ministère marocain des Affaires étrangères. « Elle en tirera toutes les conséquences », souligne-t-il. L’accueil du « leader des milices du « Polisario » (…) est un acte prémédité, un choix volontaire et une décision souveraine de l’Espagne », ajoute-t-il. C’est « un acte grave et contraire à l’esprit d’association et de bon voisinage ». Arancha Gonzalez Laya, la ministre des affaires étrangères, seul membre du gouvernement espagnol à s’être prononcé sur cette affaire, a répété ad nauseam que le Ghali, 72 ans, avait été accueilli « pour des raisons strictement humanitaires » tout en vantant les mérites de la relation hispano-marocaine ».
Citant des sources diplomatique, le journal espagnol prévoit que « l’assaut marocain contre l’Espagne ira probablement au-delà de l’affaire Brahim Ghali. Elle a commencé le 10 décembre dernier lorsque, à la demande de Rabat, le sommet entre les deux gouvernements prévu une semaine plus tard a été annulé. Depuis lors, il n’a pas été reconvoqué. Le ministre marocain des affaires étrangères, Nasser Bourita, a clairement indiqué quel était son objectif vis-à-vis de l’Espagne, le 15 janvier, à l’issue d’une conférence virtuelle à Rabat sur le Sahara. Il a encouragé les Européens, et notamment ceux qui sont « les plus proches » du Maroc, à emboîter le pas au président Donald Trump qui, un mois plus tôt, a reconnu la souveraineté du Maroc sur cette ancienne colonie espagnole. C’est le premier pays occidental à prendre cette mesure. Bourita sait que l’Espagne ne peut prendre une telle initiative, mais espère qu’elle suivra au moins ouvertement l’exemple de la France qui soutient la proposition faite par Rabat en 2007 de résoudre le conflit du Sahara en accordant une autonomie limitée à ce territoire qui resterait sous souveraineté marocaine ».
El Confidencial signale que « la diplomatie marocaine a été mécontente des déclarations de Gonzalez Laya lorsqu’elle a appris la décision de Trump le 10 décembre. La ministre ne l’a pas critiqué, mais s’en est distancié en insistant sur la nécessité de « respecter les résolutions de l’ONU afin de rechercher une solution », une voie bien éloignée de celle suivie par le président américain de l’époque ».
Pour lui, « en Europe, c’est probablement la diplomatie allemande qui s’est montrée la plus réservée face à Trump. Son ambassadeur auprès des Nations unies, Christoph Heusgen, et son secrétaire d’État aux affaires étrangères, Niels Annen, ont exprimé publiquement leur rejet de l’initiative américaine. C’est pourquoi Nasser Bourita a ordonné, le 1er mars, de couper tout contact entre les institutions marocaines et allemandes. L’Allemagne réagissant à ce premier avertissement, Bourita rappelle son ambassadeur à Berlin pour des consultations le 6 mai. « C’est ce qui va probablement se passer avec l’Espagne si » le gouvernement de Pedro Sanchez « fait la sourde oreille » au deuxième communiqué de Rabat, prédit une source marocaine familière de la politique étrangère de son pays. Le Maroc retirera son ambassadeur, Karima Benyaich, de Madrid, ce qu’il a fait pour la dernière fois en 2007 lors de l’annonce de la visite du roi et de la reine d’Espagne à Ceuta et Melilla ».
Selon la même source, « outre sa traditionnelle confrontation avec l’Algérie et les crises qu’il a déclenchées avec l’Allemagne et l’Espagne, le Maroc est également sur le point d’entrer en conflit avec son voisin du sud, la Mauritanie. Ce pays, auquel l’Espagne a cédé un tiers du Sahara occidental en 1975, ne contrôle aujourd’hui que le village inhabité de La Guera ».
El Confidencial indique que « Rabat envisage d’expulser l’armée mauritanienne et d’y construire un petit port. Ce serait sa réponse à l’annonce, en avril, de l’ouverture d’une ligne maritime régulière entre Alger et Nouakchott. Depuis le gros coup de Trump au Maroc au Sahara, les autorités de Rabat sont enhardies. Par la bouche de Mohamed Salah Tamek, son plus haut fonctionnaire d’origine sahraouie, ils ont même fustigé la prestation de Linda Thomas-Greenfield, l’ambassadrice du président Joe Biden aux Nations unies, lors du dernier Conseil de sécurité consacré au Sahara occidental. Tamek reproche aux Etats-Unis « leur silence face aux actions du Polisario et de l’Algérie qui mettent en danger la paix dans la région » dans un article publié le 24 avril et reproduit par l’agence de presse officielle marocaine (MAP), preuve qu’il a l’approbation de Bourita. « Comment peut-il adopter une telle attitude après la reconnaissance par l’administration Trump de la souveraineté du Maroc sur le Sahara ? », demande-t-il avant de conclure que la position de Biden est « décevante ».
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