Sahara occidental: la honte marocaine au Conseil des droits de l’homme de l’ONU
Au cours des dernières décennies, l’ONU a semblé rechercher une solution juste à la crise au Sahara occidental, la dernière colonie d’Afrique encore occupée illégalement par le Maroc. Mais il apparaît maintenant que la diplomatie marocaine au sein de l’instance mondiale a utilisé la corruption pour pousser son agenda contre le Sahara occidental.
Les machinations entreprises par la diplomatie marocaine continuent d’être dévoilées par le hacker marocain, qui utilise le pseudonyme «Chris Coleman24» sur son compte Twitter. Grâce à ce récit, des détails sur les stratégies honteuses et les complots des diplomates marocains à New York et à Genève ont été révélés. Les informations dévoilées par le mystérieux hacker sur les actions marocaines au sein du bureau de Navi Pillay, l’ex-haut-commissaire aux droits de l’homme, révèlent un scandale sans précédent. Navi a été chef du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) entre 2008 et 2014.
Des documents récemment mis en ligne sur le compte Twitter du pirate informatique montrent que la Mission marocaine à Genève, dirigée par son ambassadeur M. Omar Hilale, utilise depuis longtemps des méthodes déshonorantes pour influencer certains hauts fonctionnaires du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies contre les intérêts du Sahara occidental, l’Afrique. dernière colonie encore occupée par le Maroc.
On apprend ainsi que l’ambassadeur du Maroc s’était infiltré dans l’entourage de l’ancienne Haut-Commissaire, Navi Pillay, et pouvait manipuler toutes ses actions et positions concernant le cas de violations des droits de l’homme au Sahara occidental.
AIDE FINANCIÈRE
L’ambassadrice du Maroc n’a pas hésité à soutenir financièrement Pillay et les membres de son bureau pour la dissuader d’adopter toute action qui pourrait aller à l’encontre de la volonté du Maroc. Par conséquent, Mme Pillay semblait être «très sensible» aux souhaits ou aux ordres de ses généreux amis marocains.
<< Je voudrais rappeler qu’il est impératif de virer le montant de 250 000 dollars au titre de la contribution du Maroc au budget du HCDH pour 2011, que le Haut Commissaire avait exprimé à deux reprises le souhait de recevoir (mes télécopies). Ce virement sera contribuer à rendre Pillay plus attentive à nos inquiétudes quant au contenu de la contribution de son bureau dans le prochain rapport du secrétaire général de l’ONU sur le Sahara », écrivait Omar Hilale dans l’un des câbles diplomatiques envoyés à son ministre en janvier 2012.
L’ambassadrice du Maroc n’a pas hésité à utiliser les moyens financiers pour empêcher Navi Pillay de prêter beaucoup d’attention aux demandes répétées de son représentant à New York, Evan Simonovic, et même de Christopher Ross. Les deux diplomates avaient tenté en vain de la convaincre de se rendre au Sahara occidental.
LES PAWNS: KOMPASS ET NDIAYE
La mission marocaine n’a pas seulement utilisé de l’argent, versé sous forme de dons au Conseil. L’ambassadeur du Maroc révèle dans ses messages à ses supérieurs qu’il a réussi à recruter de « très bons amis » au sein du personnel de Mme Pillay. Les deux principaux «amis» du Maroc sont le suédois Anders Kompass, directeur des opérations sur le terrain, et le sénégalais, Bacre Waly Ndiaye, directeur des procédures spéciales. Selon Omar Hilale, les deux hommes sont plus que de simples «amis». Ils ont fait preuve d’un zèle sans limite pour servir les plans marocains et les manipulations au sein du Conseil des droits de l’homme contre toute tentative ou opportunité d’améliorer les droits de l’homme au Sahara occidental.
« Grâce à la stratégie suivie par cette Mission [marocaine »> pour enfermer l’entourage de Pillay, tous les hauts fonctionnaires du Haut Commissaire à Genève se conforment aux préoccupations marocaines. Cependant, la faiblesse de Mme Pillay face à Simonovic est la Talon d’Achille de notre stratégie », rapporte Hilale.
Pire, dans d’autres câbles de l’ambassadeur du Maroc, on découvre comment il a réussi à obtenir des informations cruciales de ses informateurs, Kompass et Ndiaye, deux pions qui n’hésitent pas à apporter à leur ami marocain des informations secrètes à sa propre ambassade. Par exemple, ils lui ont fourni des informations cruciales sur une rencontre entre Christopher Ross et Navanethem Pillay, l’Envoyé personnel du Secrétaire général au Sahara occidental ayant apparemment tenté de convaincre le Haut Commissaire de se rendre dans le territoire occupé. Un autre exemple, révélé par les câbles, concerne la réunion des conspirateurs consacrée à discuter de la visite que le président sahraoui, Mohamed Abdelaziz, était sur le point d’entreprendre au Conseil des droits de l’homme en mai 2013 pour rencontrer Navanethem Pillay. Dans les deux cas, l’ambassadeur et ses deux amis ont manœuvré ensemble pour limiter l’impact de ces deux visites et ont influencé Pillay afin de ne pas réagir positivement aux demandes de ses deux invités. Les deux pions ont même suggéré à leurs amis marocains des idées et des arguments à utiliser pour convaincre Pillay.
NEUTRALISER ET DISCRÉDITER
Les documents révèlent également comment les «amis» du Maroc au Conseil des droits de l’homme ont réussi à neutraliser tous les fonctionnaires honnêtes, qui ont tenté de s’acquitter honorablement de leur devoir, comme le tunisien Frej Fennish, chef de la section Moyen-Orient et Afrique du Nord au HCDH. . Ce dernier était considéré par Omar Hilale comme un ennemi des intérêts du Maroc. Le Tunisien aurait souffert d’une campagne secrète menée par l’ambassade du Maroc et ses «amis» pour le discréditer devant Pillay et donc le neutraliser.
Kompass et Ndiaye ont également utilisé leur autorité pour conseiller et agir au sein du Conseil pour discréditer le Polisario et empêcher toute possibilité de soutien à l’élargissement du mandat de la MINURSO – la mission de maintien de la paix des Nations Unies – pour contenir la protection des droits de l’homme.
Par conséquent, les deux pions – et d’autres fonctionnaires qui n’ont pas été cités par Hilale dans ses messages – ont influencé Navanethem Pillay dans toutes ses décisions suivant les instructions directes de l’ambassade du Maroc.
Ils ont agi, par exemple, pour dissuader Pillay d’entreprendre une visite au Sahara occidental en 2014. Ils ont veillé à ce que la contribution du HCDH au rapport du Secrétaire général des Nations Unies sur le Sahara occidental soit pleinement en faveur du Maroc. Ils ont fait pression pour empêcher Pilay de donner des « concessions » au président de la République sahraouie, Mohamed Abdelaziz, lors de leur réunion à Genève le 23 mai 2013. Kompass a en outre insisté pour que Pillay envoie une mission technique au Sahara occidental en mai 2014 sous sa direction pour ne pas permettre au Représentant du Bureau à New York, Evan Simonovic, de diriger cette mission qu’il appelait plusieurs fois auparavant, simplement parce que Simonovic est considéré par le Maroc comme hostile.
MÉTHODES FELONIEUSES
Ces révélations dangereuses et compromettantes qui portent atteinte à la réputation de l’ancien Haut Commissaire et des deux responsables mentionnés dans cet article corroborent, une fois de plus, les méthodes déshonorantes et mafieuses utilisées par les représentants de «Sa Majesté» dans le monde. Méthodes établies sur la corruption de certains fonctionnaires des organismes internationaux.
Le cas du Sénégalais, Bacre Waly Ndiaye, directeur des procédures spéciales au HCDH, est révélateur. Il a avoué à son ami Hilale son allégeance résolue au Maroc, se considérant comme un fervent « croyant et adepte de la confrérie soufie de Tijania ». En fait, il a avoué à Hilale son « rêve » d’aller à Fès parce que: « il ne pouvait pèlerinage de 20 ans. « C’était une simple formalité pour l’ambassadeur du Maroc, qui a immédiatement demandé à son ministère des Affaires étrangères d’envoyer une invitation formelle à M. Bacre Waly Ndiaye pour réaliser le rêve du fervent croyant.
Malgré les scandales financiers et la corruption mis au jour grâce à ces documents divulgués (le Maroc n’a pas nié leur authenticité), le peuple sahraoui continue de subir des violations systématiques de ses droits fondamentaux. Combien de victimes sahraouies continueront de subir les pires violations commises par le Maroc en raison de la corruption et du manque d’intégrité au sein des organes de l’ONU, censés garantir le respect des droits de l’homme dans le monde? Le pire, c’est que les responsables de ces complots honteux resteront impunis comme d’habitude.Malainin Mohamed Lakhal, journaliste et traducteur, est membre du Saharawi Natural Resource Watch (SNRW).
LES OPINIONS DE L’ARTICLE CI-DESSUS SONT CELLES DE L’AUTEUR / S ET NE REFLÈTENT PAS NÉCESSAIREMENT LES OPINIONS DE L’ÉQUIPE DE RÉDACTION DE PAMBAZUKA NEWS
PAMBAZUKA NEWS, 29 octobre 2014
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