Avec 1200 km de côtes, le Sahara-occidental (SO) détient des ressources halieutiques, minières et pétrolières qui attirent les convoitises, au premier rang desquels figure le Maroc. Après avoir été colonisé en 1884 par l’Espagne, le Royaume s’est approprié le SO en 1975. Il l’a fait en même temps qu’il annexait ce territoire considéré comme « non autonome » depuis le vote de la résolution 2072 à l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies (ONU) en 1965. Divisée, la « communauté internationale » a laissé le Maroc prendre possession de ce territoire de deux cent soixante-dix mille kilomètres carrés « frontalier » de la Mauritanie, de l’Algérie et du Maroc. Depuis, le Front Polisario dénonce les « pillage » incessants des ressources et le mépris du « peuple du Sahara occidental ». À travers un reportage en 4 volets, le JI tente de revenir sur l’histoire du conflit. Qui sont les Sahraouis ? Quelles sont leurs origines ? Quelles sont leurs différences avec les Marocains ?
Les Sahraouis sont un peuple d’origine amazighe, vivant dans le désert du Sahara sur un territoire qui s’étendait des côtes atlantiques jusqu’en Mauritanie et en Algérie. A l’arrivée des Espagnols à la fin du XIXe siècle, ces nomades étaient principalement des éleveurs de dromadaires. Les Reguibats, une des tribus les plus puissantes, possédaient jusqu’en 1947 plus de 40 000 bêtes. Ils établissaient leur campement en fonction des saisons, et cela leur a valu le surnom de « hijos de las nubes », fils des nuages.
Mais les guerres se sont succédées, les expulsions, la répression de l’administration coloniale espagnole, les regroupements forcés ont entraîné la destruction d’une majorité des troupeaux. Cela a entraîné une exode rurale de la population qui s’est faite manière plus ou moins volontaire. Aujourd’hui, la majorité de la population est urbaine, que ce soit à Laayoune, Dakhla ou Boujdour, les principales villes côtières.
Les Sahraouis, une unité récente
Le peuple sahraoui regroupe différentes tribus, c’est-à-dire des familles ayant un ancêtre commun. Les Reguibats, les Teknas, les Ouled Delim, les Ouled Tidaarin ou les Laarousyins sont les principales. Cette structure tribale joue encore aujourd’hui un rôle important dans les relations entre les individus.
Quant au nom de « Sahraoui », il est seulement apparu après la colonisation. Les Espagnols les ont successivement appelés « los nativos », les natifs, et « las gentes del Sahara », les gens du Sahara. Peu à peu, pour désigner l’ensemble de la population du territoire, le terme « Sahraoui » s’est finalement imposé.
Cependant, la notion de « peuple sahraoui » est discutée, voire contestée. Cette identité s’est forgée et renforcée lors des luttes pour l’indépendance. C’est devenu un enjeu central, puisque la notion même de droit à l’autodétermination, avancé par l’ONU, s’appuie sur le concept de « peuple ». Alors que pour les indépendantistes l’expression est évidente, elle est beaucoup moins pour le gouvernement marocain qui considère « le peuple sahraoui » comme une création politique.
Les origines d’un conflit…
Les origines du conflit sont difficiles à établir. Mais la colonisation a commencé à révéler les prémices du conflit. En 1884, les Espagnols ont établi une colonie, à la différence du protectorat français au nord. Les revendications d’indépendance ont véritablement débuté à partir de 1956, alors que le processus de décolonisation avait lieu en Afrique, à l’image du Maroc. Mais le Sahara espagnol n’avait pas vocation à acquérir son indépendance. En 1965, l’ONU a néanmoins reconnu le droit à l’autodétermination pour le peuple sahraoui.
La création du Front Polisario, ou Frente Popular de Liberacion de Saguia el Hamra y Rio de Oro, en 1973, soutenu par l’Algérie, marque le début du conflit. Il demande alors la fin de la colonisation espagnol et revendiquent l’indépendance du Sahara. La demande du FP est entendue en juillet 1974 : l’Espagne se retire officiellement du territoire et exprime sa volonté d’organiser un référendum. Hassan II, roi du Maroc, s’y oppose et met en évidence la « marocanité » du Sahara.
Le problème est alors porté devant la Cour Internationale, qui rend son rapport le 16 octobre 1975 : elle estime que les liens d’allégeance des tribus envers le royaume du Maroc existent, mais que le droit à l’autodétermination prime. Elle déclare aussi qu’une majorité de la population est favorable à l’indépendance. En réaction à cela, Hassan II organise une marche vers le sud, appelée la marche verte, le 6 novembre 1975. Elle réunit près de 35 000 Marocains, et marque le début d’une « occupation pacifique », dans le Nord du Sahara. Le Sud quant à lui est rattaché à la Mauritanie, jusqu’en 1979.
… À son enlisement
Parallèlement à ces événements, la République arabe sahraouie démocratique (RASD) est créé en 1976, avec le soutient de l’Algérie. Débute alors une guerre civile entre les deux États frontaliers. De nombreux sahraouis quittent le pays pour les camps de réfugiés situés à Tindouf en Algérie. Un mur est construit entre 1980 et 1987 pour séparer en deux parties le territoire revendiqué.
Un plan de paix est établi en 1988 par l’ONU. Par la suite, une mission de maintien de la paix est mise en place à partir de 1991, appelée MINURSO. Elle tente encore aujourd’hui, et cela depuis plus de vingt ans, d’organiser un référendum. Elle se heurte à un certain nombre de difficultés. Notamment le recensement de la population ayant le droit de voter. Cependant, elle est de plus en plus critiquée par la communauté internationale : c’est la seule mission de maintien de la paix qui ne recense pas les violations des droits de l’homme à la fois dans le territoire revendiqué et dans les camps de réfugiés.
Au Sahara Occidental : des violations courantes des droits de l’homme [2/4]
Avec 1200 km de côtes, le Sahara-Occidental (SO) détient des ressources halieutiques, minières et pétrolières qui attirent les convoitises, au premier rang desquels figure le Maroc. Après avoir été colonisé en 1884 par l’Espagne, le Royaume s’est approprié le SO en 1975. Il l’a fait en même temps qu’il annexait ce territoire considéré comme « non autonome » depuis le vote de la résolution 2072 à l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies (ONU) en 1965. Divisée, la « communauté internationale » a laissé le Maroc prendre possession de ce territoire de deux cent soixante-dix mille kilomètres carrés « frontalier » de la Mauritanie, de l’Algérie et du Maroc. Depuis, le Front Polisario dénonce les « pillage » incessants des ressources et le mépris du « peuple du Sahara occidental ». À travers un reportage en 4 volets, le JI tente de revenir sur l’histoire du conflit. Dans ce deuxième article, il est question de la violation des droits de l’Homme dans les territoires revendiqués par la RASD.
Après le mouvement des « printemps arabes » en 2010 et 2011, le Maroc a adopté une nouvelle constitution, représentant une réelle avancée en matière de droits humains et de libertés dans le pays. Mais pour une grande partie de la population sahraouie, ils sont bafoués et ne représentent qu’un idéal lointain. Ainsi, la liberté d’expression, d’association et de réunion est à la fois reconnue comme principe et paradoxalement restreinte constitutionnellement. La constitution empêche la création de partis politiques qui peuvent porter atteinte à l’intégrité du territoire et à l’unité nationale par l’article 7. Les partis sahraouis en faveur de l’autodétermination n’ont donc pas d’existence légale. Les rassemblements ne sont pas autorisés, les manifestants arrêtés et souvent torturés. L’accès aux territoires revendiqués est souvent restreinte pour les journalistes étrangers, les défenseurs des droits de l’homme et les militants. De plus, les expulsions sont y sont fréquentes.
Une avancée a néanmoins été soulignée : en 2015, l’Association sahraouie des victimes des violations graves des droits de l’Homme a été officiellement autorisée. C’est la première fois qu’une association plus ou moins favorable au droit à l’autodétermination a été reconnue au Maroc par les autorités centrales.
Des violences fréquemment commises contre les Sahraouis
Les observateurs internationaux et d’organisations internationales œuvrant en faveur des droits humains, telles qu’Amnesty International ou Human Right Watch, dénoncent régulièrement des « traitements inhumains », ou des actes de tortures, commis par les forces de sécurités contre la population sahraouie.
De nombreux manifestants ont été arrêtés au cours de rassemblements en faveur de l’autodétermination, et ont ensuite été passés à tabac. Ce sont parfois des mineurs, qui sont alors relâchés au milieu du désert à plusieurs dizaines de kilomètres des villes les plus proches. Les mauvais traitements dérivent vers des actes de torture, et de nombreux anciens prisonniers racontent les coups de bâton, les menottes, les ongles arrachés, les décharges électriques ou encore les viols à la bouteille.
« Les policiers m’ont bandé les yeux. Ils m’ont menottés les poignets et les chevilles à une barre d’où ils m’ont suspendu, les bras dans le dos et le corps tourné vers le sol. L’un d’entre eux s’asseyait sur mon dos et riait. Ils m’ont roué de coups. J’avais des plaies ouvertes jusqu’aux os à cause des menottes » raconte Lamine, arrêté à Boujdour en 2013.
Impunité des autorités et défaillances de la justice
La justice marocaine ferme le plus souvent les yeux contre les pratiques employées contre les personnes arrêtées. Les autorités et les forces de sécurité bénéficient d’une impunité, et sont soutenus par une grande partie de l’administration. Ainsi, les personnels des hôpitaux refusent de faire des examens médicaux, examens sans lesquels il est impossible d’engager une enquête contre les individus qui recourent à la torture. Youssef, arrêté le 6 mai 2013 à Sidi Ifni, a déclaré avoir subi des actes de torture. Lorsqu’il a été appelé à comparaître devant le juge à l’issu de sa garde-à-vue, le procureur a déclaré qu’il s’était lui-même cogné contre le mur.
Ces accusations reviennent régulièrement, tant de la part des populations sahraouies que des organisations internationales et des ONG. Sans pour autant que les autorités marocaines changent de manière significative leurs pratiques.
Au Sahara Occidental : des tensions ravivées sans cesse
Avec 1200 km de côtes, le Sahara-Occidental (SO) détient des ressources halieutiques, minières et pétrolières qui attirent les convoitises, au premier rang desquels figure le Maroc. Après avoir été colonisé en 1884 par l’Espagne, le Royaume s’est approprié le SO en 1975. Il l’a fait en même temps qu’il annexait ce territoire considéré comme « non autonome » depuis le vote de la résolution 2072 à l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies (ONU) en 1965. Divisée, la « communauté internationale » a laissé le Maroc prendre possession de ce territoire de deux cent soixante-dix mille kilomètres carrés « frontalier » de la Mauritanie, de l’Algérie et du Maroc. Depuis, le Front Polisario dénonce les « pillage » incessants des ressources et le mépris du « peuple du Sahara occidental ». À travers un reportage en 4 volets. Dans ce troisième article, le JI revient sur les dernières tensions entre les acteurs d’un conflit qui s’enlise.
Le procès des manifestants de Gdim Izik dure depuis plus de cinq ans. Depuis, des tensions se manifestent de part et d’autre des frontières. Les événements se sont déroulés il y a maintenant plus de sept ans. En 2010, une vague de manifestations avaient été organisées pour dénoncer les problèmes économiques et sociaux dans les régions du Sud du Maroc. A Gdim Izik, non loin de Laayoune, la principale ville du Sahara, entre 8 000 et 15 000 personnes avaient établi un campement.
Le 8 novembre, après des négociations avec la police, une partie des manifestants avaient accepté de quitter le camp et de rejoindre pacifiquement Laayoune. Mais d’autres ont refusé. Des affrontements entre les forces de polices et des Sahraouis ont alors éclatés à Gdim Izik, sur la route menant à Laayoune et dans la ville elle-même. Selon les Forces publiques, dix policiers ont été tués, ainsi que deux civils. Suite à ces événements, près de deux cent personnes ont été arrêtées, voire torturées pour une partie d’entre eux selon les témoignages.
Parmi eux, vingt-quatre personnes, qualifiées dans un rapport de « bande criminelle visant à exercer la violence contre les hommes de la force publique pendant leur service, allant jusqu’au meurtre, et ayant participé à de telles violences et ayant profané un cadavre », ont été transférées à Rabat pour être interrogées et jugées.
L’ONU dénonce les conditions du procès
Le rapporteur de l’ONU déplore une véritable enquête, les procès-verbaux ayant été signés sous la torture selon les accusés. Et les zones d’ombres se multiplient : certains affirment ne pas avoir participé aux manifestations en 2010, ils dénoncent des interrogatoires sur leurs actions politiques et non sur Gdim Izik, les accusations reposent sur des vidéos sur lesquelles les accusés ne sont pas identifiables, et ni les noms des victimes, ni les causes de la mort et ni les empreintes ont été divulguées.
Au niveau international, c’est la tenue-même du procès qui est questionnée. Les accusés sont jugés par un tribunal militaire. Or, la déclaration universelle des droits de l’Homme est on ne peut plus clair concernant un jugement. Il doit se faire « en pleine égalité, à ce que sa cause soit entendue équitablement et publiquement par un tribunal indépendant et impartial, qui décidera, soit de ses droits et obligations, soit du bien-fondé de toute accusation en matière pénale dirigée contre elle »
Condamnés une première fois en 2013, un nouveau procès s’est tenu en 2016, puis en 2017. Les uns dénoncent un procès inéquitable, l’absence de témoins et de preuves à charge, les autres critiquent le tournant politique que prend le procès et le manque de respect pour les familles de victimes. Rien n’est moins sûr que Gdim Izik est devenu une question emblématique du conflit.
Le retour du Maroc au sein de l’Union Africaine
L’autre source de tension, relève de la position tenue par l’Union Africaine. Suite à la reconnaissance de la RASD en 1982, le Maroc s’était retiré deux ans après pour exprimer son désaccord. Son retour en 2017 marque un tournant dans l’histoire du conflit. Mais il a également ravivé les tensions. Si de nombreux États étaient en faveur du retour du royaume chérifien dans l’organisation panafricaine, l’Algérie et l’Afrique du Sud s’y sont opposées au nom de la défense du droit à l’autodétermination pour le peuple sahraoui.
D’un côté, le Maroc a félicité cette avancée diplomatique, et espère trouver une place de leader sur le continent africain. De l’autre, les représentants des sahraouis ont critiqué ce retour du Maroc « sans conditions », alors que celui-ci exigeait l’exclusion de la RASD depuis 1984.
Le Maroc affirme néanmoins à long terme vouloir parvenir à isoler l’Algérie et exclure la RASD de l’Union Africaine. Mais les voies pour y parvenir sont limitées. Selon l’Acte Constitutif de l’UA, seul un État dont le gouvernement « accède au pouvoir par des moyens anticonstitutionnels » ou qui décide de quitter volontairement l’organisation peut être exclus. La troisième voie, plus détournée, consiste à modifier la constitution de l’organisation et en la faisant ratifier par les deux tiers de l’assemblée.
Entre tensions et accords, la question du Sahara divise encore et toujours, et aucun des partis n’est prêt à faire de compromis.
Le Sahara: la course à la reconnaissance
Avec 1200 km de côtes, le Sahara-Occidental (SO) détient des ressources halieutiques, minières et pétrolières qui attirent les convoitises, au premier rang desquels figure le Maroc. Après avoir été colonisé en 1884 par l’Espagne, le Royaume s’est approprié le SO en 1975. Il l’a fait en même temps qu’il annexait ce territoire considéré comme « non autonome » depuis le vote de la résolution 2072 à l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies (ONU) en 1965. Divisée, la « communauté internationale » a laissé le Maroc prendre possession de ce territoire de deux cent soixante-dix mille kilomètres carrés « frontalier » de la Mauritanie, de l’Algérie et du Maroc. Depuis, le Front Polisario dénonce les « pillage » incessants des ressources et le mépris du « peuple du Sahara occidental ». À travers un reportage en 4 volets. Dans ce quatrième et dernier article, le JI revient sur le statut juridique, du Sahara Occidental aujourd’hui, de part et d’autre des clivages.
Pour le royaume chérifien, le Sahara Occidental fait partie intégrante de l’État marocain. Pour le gouvernement, les Sahraouis constituent une partie de l’identité du pays. La Constitution de 2011, qui représente par ailleurs une réelle avancée pour les droits et les libertés au Maroc, affirme dès son préambule « son unité forgé par la convergence de ses composantes arabo-islamiques, amazighe et saharo-assanie » qu’elle s’engage à défendre. L’unité nationale s’est donc constituée autour de grandes composantes : l’identité arabo-islamique, l’identité amazighe, c’est-à-dire berbère, et l’identité saharo-hassani. Ainsi, « l’Etat œuvre pour la préservation du hassani, en tant que partie intégrante de l’identité culturelle marocaine unie » -le hassani est le dialecte parlé par les Sahraouis, jusqu’en Mauritanie, au Mali, au Niger et en Algérie, fortement influencé par l’arabe classique-.
Ainsi, le roi est autorisé à réagir à toutes actions qui remettent en cause le territoire marocain tel qu’il est revendiqué aujourd’hui, que ce soit durant des manifestations menées par des associations ou lors de réunions de partis politiques en faveur de l’auto-détermination. Cela explique l’inexistence de partis ou d’associations sahraouis dans les territoires revendiqués. Tout mouvement qui remet en cause l’unité nationale est donc illégal du point de vue de la législation marocaine.
Pour les autres acteurs du conflit, le Sahara est un territoire occupé
Les autres acteurs du conflit, à savoir le Front Polisario, l’Algérie et la Mauritanie, affirment que le Sahara est « la dernière colonie », expression employée lors d’un documentaire tournée dans les camps de réfugiés à Tindouf en Algérie.
Le Front Polisario, ou Frente Popular de Liberacion de Saguia el Hamra y Rio de Oro, se réclame comme le mouvement de libération nationale du Sahara. Depuis sa création dans les années 1970, il a mené des actions armées et des guérillas contre les forces militaires marocaines dans les zones revendiquées. En 1976, soutenu par l’Algérie, il proclame la RASD, la République Arabe Sahraouie Démocratique, dont le gouvernement a trouvé refuge dans les camps de Tindouf. Celle-ci est reconnue successivement par l’Algérie en 1976 et par la Mauritanie en 1984. Selon le Front Polisario, le Maroc « occupe » le Sahara afin d’exploiter les ressources naturelles du territoire, en particulier le phosphate, les réserves pétrolières et halieutiques.
Au niveau international, la reconnaissance du SO entre division et compromis
Au niveau international, la question du Sahara divise plus qu’elle ne rassemble. Mais cette division est aussi complexe : certains soutiennent le Maroc, d’autres la RASD. Certains reconnaissent le droit d’autodétermination tout en ne reconnaissant pas la RASD, et d’autres ne souhaitent pas se positionner dans le conflit. A cela s’ajoutent les opinions qui se modifient en fonction des gouvernements à la tête des Etats. Ainsi, officiellement, 83 Etats soutiennent le droit d’autodétermination des Sahraouis, dont 42 ne reconnaissent pas la RASD et 35 la reconnaissant. Par exemple, l’Union Européenne soutient les processus engagés en faveur d’un référendum, mais elle ne reconnaît pas le Front Polisario en tant qu’entité politique. Sa position est d’autant plus ambiguë qu’en décembre 2016, la Cour Européenne de Justice a déclaré dans un rapport que le Maroc n’était pas souverain sur le territoire du Sahara Occidental, et que par conséquent, la commercialisation en Europe de produits venant de ces territoires n’était pas autorisée.
L’ONU a quant-à elle reconnue le Sahara Occidental comme un territoire non-autonome sous son contrôle depuis 1963. Le territoire est aujourd’hui scindé en deux, entre le Maroc à l’Ouest qui en possède 80%, et la RASD à l’Est dans la partie désertique.
Quant-à la France, sa position est également difficile à cerner. D’un côté elle se positionne officiellement comme un acteur neutre dans le conflit, mais de l’autre elle a été impliquée dans la guerre qui a opposé le Front Polisario au Maroc à la Mauritanie, aux côtés de ces derniers. Par ailleurs, elle a menacé en 2009 et 2010 d’utiliser au sein du Conseil de Sécurité de l’ONU son veto afin d’empêcher la création d’un organe de la MINURSO chargée de contrôler les droits de l’homme.
Les acteurs étatiques et politiques se positionne aujourd’hui pour l’un ou l’autre des parties, mais plus de quarante ans après le début du conflit, l’identité du Sahara est toujours discutée.
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