Selon la Commission européenne, les arrivées irrégulières d’immigrants à travers la Turquie et la Libye ont diminué. Elles se sont déplacées vers l’Ouest faisant de la route occidentale qui relie le Maroc à l’Espagne, la voie la plus attrayante pour se rendre en Europe. En 2018, l’Espagne a enregistré 57 000 arrivées sur les côtes espagnoles en provenance de l’Afrique subsaharienne et de l’Afrique du Nord via le Maroc, ce qui a fait du royaume chérifien un partenaire clé de l’Union européenne en matière de politique de migration et de contrôle des frontières.
Pour payer ses services, l’UE a déboursé, depuis 2014, 232 millions d’euros par le biais de différents fonds pour soutenir les actions liées à la migration dans ce pays. Selon la Commission européenne, ce financement supplémentaire portera l’aide globale au Maroc à 148 €. millions en 2018.
D’après Dimitris Avramopoulos, commissaire européen en charge des migrations, « le Maroc subit une pression migratoire particulière avec des flux migratoires en augmentation. C’est pourquoi nous intensifions et approfondissons notre partenariat avec le Maroc et augmentons notre soutien financier. Ce financement contribuera à renforcer la gestion des frontières et la lutte contre les passeurs, mais aussi améliorer la protection des migrants et aider à prévenir les départs clandestins en soutenant le développement économique de la région. Des défis communs nécessitent des solutions et des partenariats communs, et l’UE se tient aux côtés du Maroc ».
En février 2017, la Cour de justice de l’Union européenne avait statué qu’aucun accord commercial avec le Maroc ne pouvait être appliqué au territoire du Sahara occidental, ce dernier ne faisant pas partie du Maroc. En conséquence, le Maroc a publié une déclaration menaçant d’abaisser son contrôle des frontières si l’UE ne lui permettait pas de commercer avec des ressources naturelles du territoire sahraoui au détriment de l’arrêt de la Cour. « Comment [les Européens] veulent-ils que nous fassions le travail de blocage de l’émigration africaine et même marocaine si l’Europe ne veut pas travailler avec nous? », a déclaré le ministre marocain de l’Agriculture, Aziz Akhnnouch, lors d’un entretien avec l’agence de presse espagnole EFE. C’est un exemple de la manière dont le Maroc peut encadrer sa coopération en matière de migration en fonction de son intérêt personnel en décidant de contrôler ses frontières ou de laisser les migrants traverser le Détroit de Gibraltar.
Les efforts doivent maintenant viser à empêcher que la stratégie de migration de l’UE, qui semble se diriger vers la fortification et l’externalisation des frontières par le biais d’accords avec des pays tiers, ne donne la priorité au contrôle des frontières au détriment des droits de l’homme et des principes fondateurs de l’Union Européenne.