Qui sommes-nous?

Le Maghreb (en arabe : المغرب al-Maghrib, « le Couchant ») est une région située en Afrique du Nord, partie occidentale du monde arabe correspondant à l’espace culturel arabo-berbère, comprise entre la mer Méditerranée, la bande sahélienne et l’Égypte (non compris dans les limites).

Les premiers conquérants musulmans ont appelé Jazirat al-Maghrib (la forme fautive Djazirat el-Maghreb est parfois utilisée), c’est-à-dire « Île du Couchant », les pays isolés du reste du monde arabe à l’ouest du golfe de Syrte. Pendant la colonisation française, le terme Maghreb au sens strict désignait l’Afrique française du Nord (AFN) qui englobait le Maroc, l’Algérie et la Tunisie. Apparue dans les années 19501, la notion de « Grand Maghreb » se réfère à un espace qui inclut également la Mauritanie et la Libye, ainsi que le territoire contesté du Sahara occidental et parfois l’Égypte. Elle fait référence à un espace géographique, mais ce concept reste peu utilisé2. La région de Kidal au Mali et la région d’Agadez au Niger, peuplées principalement de Touaregs, sont culturellement proches du reste du Maghreb. La limite orientale, elle, est plus floue : la Cyrénaïque, en Libye, reste fortement influencée par le Machrek3, tandis que Siwa,Qara et certaines villes de l’ouest de l’Égypte sont des oasis berbérophones en territoire égyptien. Le Maghreb occupe une superficie d’environ cinq millions de km2 partagés entre le bassin méditerranéen et le désert du Sahara, qui recouvre la majeure partie de son territoire: la population, d’environ 90 millions d’habitants, est de ce fait très inégalement répartie, et concentrée principalement sur les plaines littorales.

Le Maghreb, situé à la croisée du monde arabe et des civilisations méditerranéenne et africaine, forme depuis plus d’un millénaire une unité géographique caractérisée culturellement par la fusion d’éléments arabo-berbères4. Ses habitants, appelés Maghrébins, descendent principalement des Berbères qui ont pour la plupart été arabisés entre le viiie siècle et nos jours. Bien qu’éloignés l’un de l’autre par divers aspects, le Maghreb et le Machrek sont néanmoins liés par la langue arabe et la culture islamique. L’histoire contemporaine du Maghreb est marquée par les colonisations française, espagnole et italienne, mais aussi par sa proximité avec l’Europe de l’Ouest. Depuis 1989, une tentative de rapprochement politique et économique a été initiée avec la création de l’Union du Maghreb arabe.

Étymologie

Le Maghreb arabe en Styles calligraphiques arabes المغرب العربي
Son nom provient de l’arabe al-Maġrib (المغرب) qui signifie « le Couchant » ou « l’Occident », en raison de la position occidentale de cette région par rapport au centre du califat islamique. Il s’oppose au Machrek (« Le Levant »), qui désigne l’Orient arabe s’étendant de l’Égypte à l’Irak et à la péninsule arabique5,6. Les Arabes utilisèrent d’abord le nom de Jezirat Al-Maghrib, qui signifie « Île de l’Occident »6, mettant alors en avant la situation de la région apparemment isolée entre une mer et un désert. Al-Maghrib en arabe désigne aussi le Maroc ; toutefois, la langue distingue le terme Al-Maghrib Al-Araby (littéralement « Le Couchant arabe » mais souvent traduit par « Maghreb arabe ») de Al-Maghrib Al-Aqsa, qui signifie, pour désigner le Maroc « l’Occident lointain »6.

Certains Berbères, autochtones de la région, qui s’appellent eux-mêmes Imazighen (pluriel de Amazigh, signifiant « homme libre »), la désignent par le nom de Tamazgha (qui signifie « Terre des Hommes libres »). Ils contestent cette dernière appellation, au motif qu’elle n’est pas le nom originel de la région, mais une désignation par les Proche-Orientaux au moment de la conquête musulmane du Maghreb; ils ne l’appellent pas non plus Barbarie, terme qui vient de sa désignation, à l’époque de la Renaissance, par les Italiens, les Français et les Espagnols.

Par le passé, cette région était connue sous le nom de « Libye », que l’on appelle aujourd’hui la Libye antique, ou encore Ifriqiya, qui a donné son nom à l’Afrique.

Au Moyen Âge, le terme Maghreb désigne une partie de l’actuel Maghreb et comprend aussi le Maghreb al-Aqsa7. Le traducteur d’Ibn Khaldoun dit que le Maghreb al-Aqsa est l’actuel Maroc. Le Maghreb central serait l’actuelle Algérie (provinces d’Alger et d’Oran) et l’Ifriqiya (Tunisie actuelle, ainsi qu’une partie de la Libye qui comprend Tripoli ; sous les Hafsides, s’ajoutaient également les provinces des Zibans, de Constantine, de Béjaïa). Ibn Khaldoun remplace parfois Maghreb Aksa par Maghreb. Il donne ainsi Asfi (Safi) comme limite occidentale, et borne ce territoire par la chaîne de l’Atlas jusqu’à Agadir, situé entre la Moulouya, la mer, l’Atlas et la province de Souss.

Bien que la plupart des chroniqueurs et géographes de cette période fassent correspondre l’ensemble maghrébin à l’Afrique septentrionale, comprenant parfois l’Égypte et la Cyrénaïque, le géographe arabe Al-Maqdisi comprend par Maghreb, l’Afrique du Nord, l’Espagne et la Sicile8.

La dimension géopolitique du terme et ses représentations amènent, elles, une approche différente du terme. Ainsi, le terme « Maghreb », en désignant le territoire composé de l’Algérie, le Maroc et la Tunisie, est entendu dans une « acception restreinte »5, voire une « acception française », selon la géographe Karine Bennafla6. Celle-ci relève par ailleurs, comme d’autres auteurs, que son usage est le fait des nationalistes arabes dans le but de promouvoir cet ensemble géographique, alors que les « autorités coloniales parlaient [elles] d’Afrique du Nord » pour le désigner6,8. On trouve aussi d’autres usages au cours de la période coloniale, avec « Afrique septentrionale, Berbérie », ce qui permettait de distinguer cet ensemble du monde arabo-musulman, pour mieux l’assimiler8. Cet usage se fait à partir de 1956, dans le contexte de la crise de Suez9.

L’usage de l’épithète « arabe » dans le syntagme « Maghreb arabe » n’est attesté, selon Rabah Kahlouche de l’université de Tizi-Ouzou, qu’à partir de la fin des années 1940, et dans quelques rares écrits8 : ainsi en 1947, au Caire, est fondé notamment le « Comité de Libération du Maghreb Arabe », à partir de sept partis nationalistes originaires des trois pays d’Afrique du Nord10. Il réapparait de manière plus affirmée en 1989, avec la création de l’organisation régionale Union du Maghreb arabe (UMA), qui réunit les trois pays de l’Afrique du Nord — Maroc, Tunisie, Algérie — ainsi que la Libye et la Mauritanie8. Rabah Kahlouche parle ainsi de redondance dans l’emploi de ce terme, et l’analyse comme un « besoin de réaffirmer et d’insister sur l’identité arabe du nord de l’Afrique […] chez les dirigeants maghrébins »8. Cette insistance pourrait ainsi être ainsi comme une réponse à l’ancienne qualification coloniale, mais aussi au régionalisme berbère8.

Histoire
Article détaillé : Histoire du Maghreb.
Antiquité
Cette région qu’est l’Afrique du Nord est peuplée dès la Préhistoire par les Berbères qui développent une culture originale. Ils sont les premiers habitants de la région et sont considérés comme étant les ancêtres des nord-africains modernes, arabophones comme berbérophones11.

À partir du viiie siècle av. J.-C., les Phéniciens installent des comptoirs dont le plus prospère est Carthage. Au iie siècle av. J.-C., les guerres puniques opposent les Carthaginois aux Romains qui prennent possession du territoire. À son apogée, l’Afrique romaine s’urbanise et se christianise. Cette Église d’Afrique, composée de Berbères en majorité chrétiens (Romano-africains), a été au fondement du christianisme européen12.

Au ve siècle, un peuple germanique de religion chrétienne et originaire de l’actuelle Allemagne, les Vandales, traversent le détroit de Gibraltar et envahissent le Maghreb ; ils représentent environ 80 000 personnes13. Ils y fondent un royaume éphémère qui sera détruit au vie siècle à la suite de la défaite vandale face aux armées du général Bélisaire14, qui réintègre ainsi l’Afrique du Nord dans l’Empire romain, alors représenté par la civilisation byzantine.

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