Facebook : enfer ou paradis ?
Avec plus de 350 millions d’adeptes à travers le monde, Facebook a bel et bien fini par transformer notre immense planète en un petit… village planétaire. Le phénomène, qui n’en finit pas d’aller crescendo, ne va quand même pas sans risques certains, ainsi que certains risques, sur la vie privée, mais aussi professionnelle, des personnes qui y sont devenus accros, comme une véritable drogue.
Chacun peut livrer sur son profil de nombreuses informations, allant de l’état civil à la formation scolaire, en passant par les coordonnées, l’emploi ou encore la situation amoureuse. Et justement, ce dernier point commence à prendre une importance cruciale chez les membres de ce site communautaire.
Selon une étude récente, le réseau social facebook ne rapprocherait pas les gens. Il les sépare au contraire. Pour paradoxal que cela puisse paraître, Facebook accroît la solitude, en dépit du grand nombre d’amis virtuels.
On passe beaucoup de temps loin de ses proches, uniquement collés à l’écran de son micro. Certes Facebook rapproche des personnes très éloignées (amis d’enfance, vieux camarades de classe, etc.), mais pour la plupart, ce réseau de communication sociale efface le réel pour laisser place à une réalité plus sombre : la dématérialisation des sentiments. Le phénomène facebook n’est plus seulement la cause d’échecs scolaires. Il devient aussi la cause d’un divorce sur trois, selon des statistiques fiables et recoupées à travers le monde. Et, comme un malheur vient rarement seul, il est également devenu une des causes de licenciement, lorsqu’un travailleur se livre à des critiques contre ses responsables, diffame sa société ou bien livre des secrets professionnels dans ses débats sans même s’en rendre compte.
« La plupart des mes enfants se connectent sur Facebook dès qu’ils rentrent à la maison. C’est devenu pour eux un reflexe. Ils ne lisent plus, ne discutent plus avec nous», nous confie Sihem, mère de deux enfants. « Facebook nous a confisqué les plus beaux moments qu’on devrait partager avec nos enfants » se lamente-t-elle encore.
Des enfants quasi-autistes…
Riad, le papa nostalgique des deux adolescents, enchaîne pour dire : « L’époque où ils jouaient dehors, avec les enfants de leur âge me manque. Une fois fatigués, ils rentraient à la maison. On jouait au Monopoly. On avait ensemble de longues discussions, sur plein de sujets. Maintenant on a remisé au placard tous nos jeux de société. Il est vrai qu’ils sont en sécurité à la maison. Cependant on sent que nos enfants s’éloignent de nous. Et puis, nul ne peut évaluer à quel point les dangers de l’Internet sont encore plus grands que ceux de la rue »
Facebook éclate les ménages. Son utilisation excessive pousse à la séparation. Nadine, jeune maman algérienne, qui s’est installée désormais en France, nous raconte ses mésaventures avec Facebook : «Un jour, je me suis connectée et un homme se présente comme cadre à la Sonatrach. Il a commencé à me faire sa cour en m’envoyant des messages mielleux. Je l’ai repoussé en lui disant que j’étais mariée, et qu’il ne pouvait pas se permettre de m’envoyer ce genre de messages. Alors il m’a répondu qu’il m’épouserait si je divorçais». La jeune maman, visiblement affectée par cet épisode triste de sa vie, enchaîne pour dire : « Outrée, j’ai dû le bloquer. J’avais peur qu’il ne me cause des problèmes. Mon mari avait mon mot de passe. Heureusement qu’il y avait cette option pour bloquer les messages et les personnes non désirables aussi ».
Du jeu de la séduction à l’enfer de la séparation…
Rym, en revanche, a eu beaucoup moins de chance. Il s’agit d’une jeune universitaire dont le ménage a été détruit à cause de Facebook. Ecoutons-la plutôt : « J’ai connu mon mari à la fac. On s’est mariés par amour. Après huit mois d’une très heureuse vie commune, j’ai découvert qu’il avait une aventure avec une fille sur le réseau social de Facebook. Ils se donnaient rendez-vous sur le Net et ils se voyaient. C’est normal qu’il soit tenté, à voir toutes ces filles qui affichent leurs photos en maillot de bain et dans des tenues provocantes. Elles écrivent sur leurs statuts sentimentaux en union libre « fille facilement accessible». Notre interlocutrice poursuit son récit en soupirant :
« Une fois, mon ex-mari et sa maîtresse sont allés à un anniversaire. Ils ont été pris en photo mise en ligne par la suite. Mon époux a été identifié et la photo a été taguée, c’est-à-dire distribuée aux contacts virtuels. Un ami virtuel, qui se trouvait sur la liste d’amis de la maîtresse de mon mari, et également sur celle de ma sœur, a fait un commentaire sur la photo qui est automatiquement apparu sur le mur d’actualité du Facebook de ma sœur. C’est là que j’ai découvert le pot-aux-roses. Facebook est une bombe à retardement. On ne sait jamais à quel moment elle va vous exploser à la figure »
Concernant le côté professionnel, Facebook est un bon outil de travail. A ce titre, il est très convoité. Surtout en matière de publicité et de marketing, grâce à son très large réseau social. Néanmoins, il est aussi source d’ennuis, quand il est mal utilisé. C’est le cas du salarié licencié, D. D., un quinquagénaire, qui avait posté à plusieurs reprises des critiques sur son employeur, réagissant notamment par rapport à la chute des résultats trimestriels de l’entreprise et ses contacts avec une société chinoise. Ces commentaires avaient duré dix bons mois. Facebook relève presque du domaine public. Ce que l’on y met l’est donc tout autant. Même si cet employeur ne disposait pas des moyens légaux pour mettre à la porte cet employé à la langue bien pendue (car des cas de jurisprudence n’existent pas encore en Algérie), il n’en a pas moins commencé à lui chercher des poux sur la tête, à augmenter la pression, et à multiplier les sanctions injustifiées jusqu’à le pousser vers la porte. Ce n’est que plus tard, en recevant des messages de certains de ses contacts sur Facebook au courant de cette mésaventure, qu’il a fini par saisir les raisons de ses déboires. Mais il était trop tard pour lui d’y changer quoi que ce soit.
Comment perdre bêtement son boulot !
En Europe, les choses sont allées beaucoup plus loin. Si bien, que la justice s’est bel et bien mise à sévir. En témoigne cette histoire authentique. Un soir de week-end sur Facebook, une discussion entre amis a fini par tourner mal. Parmi les victimes, on compte trois salariés licenciés pour faute professionnelle grave.
Cette discussion qui semblait, pour ses participants, être privée, est devenue publique. Tout le monde en parlait et pas simplement sur Facebook… Lors de cette discussion sur le réseau Facebook, l’un des salariés avait indiqué faire partie d’un «club privé».
Comme commentaire, deux autres salariés-amis lui ont demandé qui l’avait «intronisé» car il fallait respecter un rituel notamment : « Se livrer à de virulentes critiques contre son supérieur hiérarchique pendant toute la journée en faisant en sorte qu’il ne s’en rende pas compte. Ensuite, il vous faudra lui rendre la vie impossible pendant plusieurs mois et seulement là, nous pourrons considérer votre candidature ».
Un autre «ami Facebook » a transmis cette discussion à la direction de l’entreprise. Résultat de cette amitié, 3 salariés sont licenciés pour faute grave aux motifs d’incitation à la rébellion contre la hiérarchie et dénigrement envers la société.
Linda B., jeune sociologue, qui prépare sa thèse sur ce sujet, s’exclame en nous disant que « Facebook profite avant tout aux personnes qui sont incapables d’entretenir de vrais liens, qui préfèrent rester vagues et virtuelles. Beaucoup de gens qui ont beaucoup d’amis sur Facebook avec lesquels ils partagent beaucoup de points communs, et qui sont pour eux de vrais amis virtuels, deviennent de vrais étrangers pour eux dès qu’ils franchissent la barrière du virtuel pour se mettre en face d’eux, physiquement parlant. Les valeurs morales et les vrais sentiments se sont dématérialisés ».
Finalement, l’homme, qui regrette le paradis perdu, concept vague situé entre l’éden d’en haut et le ventre douillet, bienfaisant et protecteur de sa mère, se croit en sécurité dans le monde virtuel de Facebook. Il en paie forcément le prix. Car, toute bonne chance a une fin, de même que l’on n’a jamais rien sans rien…
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