Jeune blogueur révolté, Merzoug Touati est derrière les barreaux depuis le mois de janvier 2007. Le régime algérien l’a condamné à 7 ans de prison à cause d’une simple interview avec un diplomate israélien qu’il avait publiée sur son blog. L’enfant de Vgayet ( Bougie ), en Kabylie maritime, ne s’est jamais attendu à une telle injustice, lui qui dénonçait justement sur son blog les injustices dont sont victimes ses concitoyens.
A la veille d’une nouvelle mascarade électorale pour maintenir Abdelaziz Bouteflika à sa place, le régime algérien se fait de plus en plus autoritaire. Au sommet du pouvoir, les clans se disputent les privilèges dans une terrible course à l’argent facile.
Dans un pays où l’opposition a été laminée durant de longues années, le chef de l’état qui ne parle plus depuis six ans, n’aura pas de mal à avoir un cinquième mandat au mois d’avril prochain.
Après plusieurs grèves de la faim, Merzoug Touati est transféré d’une prison à une autre. En réalité, le jeune blogueur est puni pour avoir cassé un énorme tabou : faire parler un diplomate israélien lequel avait révélé l’existence de relations secrètes entre l’Algérie et Israël.
L’Algérie n’a jamais connu d’alternance politique depuis le 9 septembre 1962 lorsque les armées de l’extérieur avaient pris le pouvoir par la force en tuant près de 1000 vrais maquisards. C’est un système complètement fermé maintenu en place grâce à l’argent du pétrole : les inégalités sociales y sont terribles, les journalistes libres y sont intimidés chaque jour. Le règne des Bouteflika a a été catastrophique : beaucoup d’Algériens ne pensent qu’à fuir leur pays.
Merzoug Touati doit retrouver sa liberté au plus vite. Merzoug Touati a besoin du soutien de tous ceux qui croient à la liberté de dire à travers les quatre coins du monde. En Kabylie, Merzoug Touati n’est pas oublié : une marche des libertés pour exiger sa libération a été violemment réprimée le mardi 20 novembre 2018. Une autre marche est prévue pour le 10 décembre prochain à Vgayet.
Le régime algérien n’a désormais que la force pour répondre aux revendications de ses citoyens. C’est une méthode qui montre bien ses limites ; c’est une méthode qui ne manquera pas de générer de graves dérapages.
Youcef Zirem, écrivain
(dernier roman paru : Les étoiles se souviennent de tout, éditions Fauves, octobre 2018 )
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