Du Maghreb au Mashrek : Les conséquences politiques du pillage opéré par les pays impérialistes

Article fort intéressant où Robert Bibeau qualifie de « révolutions démocratiques », les évènements d’Egypte et de Tunisie. Il écrit notamment : « Les peuples arabes sont opprimés, exploités, sans emploi et sans pain parfois […] Tous les pays arabes sont passés … d’une économie marchande de livraison de ressources naturelles et de produits manufacturés à des marchés globalisés ».

Avant de trancher la question de savoir s’il s’agit d’une révolte des peuples contre la faim ou d’une « révolution », il est nécessaire de revenir sur les agissements des pays impérialistes dans cette région du monde.

La mondialisation actuelle a mis en avant une stratégie politique de ces pays bien différente du temps de la colonisation. Dans ce cadre, les rivalités inter impérialistes pour le contrôle des matières premières par leurs oligopoles respectifs (les grands groupes capitalistes) ont pris une tournure particulière. Il n’y a plus de guerres mondiales pour l’expansion territoriales des empires coloniaux mais des conflits de « basse intensité » [1] où les forces impérialistes ne se battent plus directement entre elles. Elles s’assurent la soumission d’Etats compradores (détenus par une bourgeoisie qui s’est enrichie par le commerce avec les pays impérialistes), dociles pour insérer leur pays dans la chaîne mondiale de la valorisation du capital.

Historique du « Grand Maghreb » voulu par les USA [2]

Il est de notoriété publique que nombre de dictatures dans les pays pauvres n’ont prospéré et ne continuent à prospérer que grâce à la complicité objective des puissances occidentales.

Celles-ci feignent de découvrir avec effroi les côtés peu reluisants de leurs alliés d’hier. À savoir qu’ils n’étaient que d’effroyables et sanguinaires dictateurs… On en a eu la preuve avec la guerre en Irak où un Saddam Hussein, dictateur soutenu par les impérialistes devenait gênant car la mondialisation (le prélèvement accru de la plus-value) impose le contrôle absolu des secteurs de production (comme le pétrole en Irak mais aussi en Libye où les USA souhaitent s’installer durablement).

Historiquement donc, le Maghreb fut toujours une zone d’un intérêt particulier pour les Etats -Unis. La position  stratégique du Maghreb et la richesse de son sous-sol en font une région très convoitée.

Au moment de la décolonisation, les Américains ont jugé plus opportun de « confier aux Français la garde provisoire d’un espace stratégique essentiel pour l’Occident guidé par Washington » [3]. La politique américaine avait trois objectifs : faire barrage à une pénétration soviétique dans la région par un renforcement de la présence militaire et politique, contenir la poussée du nationalisme radical dans le monde arabe et assurer l’acheminement du pétrole vers l’Occident.

La fin de la guerre froide vers le début de la décennie 1990 a relancé la compétition entre européens et américains pour le contrôle de la région. Depuis 2001 les USA ferraillent dur pour former une coalition, le fameux projet du « Grand Moyen-Orient »

Quelle est, aujourd’hui, l’influence américaine dans les pays du Maghreb ? Quels sont les intérêts vitaux des Etats- Unis dans la région ? Quelles stratégies les Américains développent-ils au Maghreb ?

Des premières initiatives américaines au projet du Grand Moyen-Orient

Tout a commencé  à Casablanca en 1994, lorsque les Etats-Unis ont convoqué une grande conférence sur le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord qui avait pour  « objectif (entre autres) la mise en place d’une communauté économique du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord qui impliquerait, à une étape déterminée, la libre circulation des marchandises, des capitaux et des hommes dans la région »[4].

À la conférence d’Aman en 1995, il a été décidé de créer une banque régionale pour la coopération et le développement et une chambre de commerce. Ces actions marquent la volonté des Américains d’être présents dans la région. En 1998, les Etats unis vont lancer un autre grand projet en direction du Maghreb; il s’agit de l’initiative «  Eizenstat  » qui propose aux pays de la région un partenariat économique qui comporte quatre éléments : le renforcement du dialogue au plus haut niveau entre les deux partenaires, l’accélération des réformes structurelles dans chaque pays, assortie de l’encouragement des investisseurs américains à s’installer au Maghreb, un rôle accru pour le secteur privé et le démantèlement des barrières intra-régionales qui entravent le commerce et les investissements.

L’autre grande initiative américaine envers la région reste incontestablement le lancement du  projet d’un « Grand Moyen-Orient» pour une région qui va du Pakistan au Maghreb. Ce projet américain a été présenté à la réunion du G8, à Sea Island, aux Etats- Unis, au mois de juin 2004. Les Américains cherchent à travers ce projet, un remodelage sécuritaire et guerrier. « Supprimer la menace par l’extension de la démocratie… » : tel est ainsi le thème de l’allocution prononcée par le président américain le 26 février 2003. Pour les Américains, l’heure des réformes est arrivée. Ce projet de remodelage du monde arabo-musulman traduit clairement la stratégie américaine qui, sous prétexte de lutter contre le « terrorisme », opte pour des réformes politiques et économiques dans la région.

Le Maghreb : espace stratégique pour les Etats- Unis

Géopolitiquement, le Maghreb se situe à l’intersection de quatre espaces euro méditerranéen, atlantique, arabe et africain. Cette position, hautement stratégique, en fait une zone très convoitée par les superpuissances. L’avenir de la région est repensé en termes de sécurité militaire, économique et énergétique.

Politiquement, la fin de la guerre froide a relancé la compétition entre européens et américains pour le leadership dans la région du Grand Maghreb. Depuis des décennies, l’Union Européenne développe une stratégie de rapprochement avec le Maghreb. Celui-ci a fait l’objet depuis les années quatre-vingt-dix  d’une multitude d’initiatives européennes : politique Méditerranéenne rénovée de 1992, conférence de Barcelone de 1995 avec son fameux projet de partenariat euro méditerranéen et enfin la politique européenne de voisinage lancée en 2003.Préoccupés par le retour américain au Maghreb, les Européens réunis à Barcelone dans le cadre de la conférence euro méditerranéenne ont voulu « confirmer la présence d’un projet européen qui pourrait gêner celui des Américains ….sans plus »[5].

Après des décennies d’affrontement avec la Libye, les Etats-Unis ont misé sur le concours actif de la Libye  pour le règlement du conflit du Darfour.  Ils ont signé un accord de libre-échange avec le Maroc en janvier 2005. Cet accord de libre-échange, entré en vigueur en janvier 2005, doit permettre une grande ouverture du marché américain aux produits marocains et drainer plus d’investissements américains au Maroc. Pour accompagner cette grande ouverture du Maroc sur l’Atlantique et appuyer les réformes économiques entreprises depuis quelques années, les Américains soutiennent financièrement le gouvernement marocain. Ainsi, une enveloppe budgétaire de 750 millions de dollars est accordée au Maroc dans le cadre du programme américain Millenium Challenge Account (MCA).

La signature d’un accord sur le développement des relations commerciales et des investissements entre Washington et Alger, en juillet 2001,   permet aux entreprises américaines d’acquérir une  part  du marché énergétique algérien. Également, la normalisation des relations avec la Libye a favorisé le retour des investisseurs américains dans ce pays riche en hydrocarbures.

Sur le plan sécuritaire, ces derniers mois, pas moins de douze hauts responsables américains se sont rendus en Algérie pour parler de « coopération dans la lutte antiterroriste ». Le Maghreb est considéré comme une zone tampon entre la Méditerranée et l’Afrique subsaharienne où l’enjeu  est majeur pour la sécurité des Etats-Unis et celle de ses alliés.

Au regard de cette nouvelle donne régionale, la coopération militaire avec les pays du Maghreb est devenue la pierre angulaire du nouvel ordre sécuritaire régional.

En 2004, les autorités de Washington ont demandé à leurs homologues de Tunis et d’Alger des facilités dans la région du Sahara en vue de pré positionner des équipements militaires [6]. Régulièrement, des manœuvres militaires sont organisées avec l’appui des Américains qui visent à combler le vide sécuritaire dans la région. Pour atteindre leurs objectifs les Etats – Unis s’appuient sur le Maroc, l’un de ses alliés traditionnels dans la région.

Le Maroc : pilier de la politique américaine au Maghreb

Pour Ahmed-Réda  Guédira, conseiller du Roi défunt Hassan II, « le Maroc se trouve être aujourd’hui un des bastions avancés pour la défense d’une certaine conception de la société »[7].

La position géostratégique du Maroc ainsi que ses choix politiques ont incité Washington à passer des conventions  militaires avec Rabat  aux termes desquelles les forces américaines peuvent utiliser les bases militaires situées au Maroc, transiter par elles en cas d’urgence et lors d’exercices périodiques. Aussi, elles permettent de compléter rapidement le dispositif militaire  américain mis en place en Méditerranée et au Proche -Orient.

En avril 2007, 170 membres du Congrès américain (démocrates et républicains) ont adressé au président américain une lettre dans laquelle ils lui demandent de soutenir l’initiative du Maroc pour le règlement de l’affaire du Sahara. Le Maroc n’a pas cessé d’être soutenu pour ses nombreux crimes commis contre le peuple sahraoui.

Par ailleurs, les Etats-Unis soutiennent Israël pour contrôler le monde arabe et l’Iran et en Egypte l’armée protège leurs intérêts (Moubarak parti,l’Egypte demeure une dictature militaire).S’il y a des Etats qui pourraient être qualifiés de terroristes et traînés devant un tribunal mondial pour crimes, guerres, assassinats, massacres de populations civiles par centaines de milliers, embargos meurtriers, ethnocides, organisés, financés, ou directement exécutés ce sont bien les Etats-Unis et leurs alliés de l’UE.

Les révolutions à venir se chargeront d’exécuter la justice véritable du peuple et les valets de l’impérialisme pourront trembler devant les sentences qui seront prononcées à leur égard…

Importance de la soumission des peuples dominés

L’importance de la soumission des peuples dominés au nouvel ordre international impérialiste est aujourd’hui telle pour la valorisation des capitaux dominants et la reproduction des sociétés centrales (Etats-Unis, Europe) où ils s’accumulent, qu’elle justifie pleinement le « devoir d’ingérence » des pays impérialistes dans les affaires de tous les pays pauvres où subsiste des clans dictatoriaux.

 C’est aussi avec une relative complaisance des prolétaires des pays dominants (en l’absence d’un Parti Communiste qui pourrait élever la lutte de classe à un autre niveau) que les impérialistes soumettent continuellement les masses affamées par cette politique de pillage de leurs ressources.

Nous avons essayé d’apporter un éclairage, dans un article paru dans le n°34, sur les raisons de l’augmentation de la part des échanges entre pays dominants et pays dominés (voir page 7- RCns n°34). Il en ressort que les anciennes puissances coloniales n’ont cessé d’appauvrir relativement aux pays dominants leurs anciennes colonies. Asséchés, les pays du Maghreb doivent emprunter pour survivre, leurs classes dirigeantes se servant au passage de copieuses commissions, aussitôt rapatriées dans des coffres suisses ou autres [8].

Robert Bibeau, dans son article, affirme que « Quand un nouveau système de production s’installe sur un territoire national, il nécessite impérativement le développement de nouveaux rapports sociaux de production, de nouveaux rapports entre les hommes et les femmes, de nouvelles structures familiales, une nouvelle répartition des responsabilités et une nouvelle distribution des pouvoirs entre les différentes classes sociales en conflit, ainsi que de nouveaux rôles pour l’État et pour ses institutions. Il entraîne l’apparition de nouvelles élites et d’une nouvelle couche de bourgeois laïcisants, phénomène qui débouche sur la remise en cause du statut et du rôle des anciennes élites, religieuses notamment, héritées du monde précédent. »

Le système n’est nouveau que dans la mesure où un remodelage des rapports sociaux, d’une adaptation aux nouvelles conditions sont exigés pour maintenir le taux de profit. Les capitalistes sont peu enclins à des investissements lourds dans ces régions qu’ils qualifient de « peu sûres » (une course aux armements est lancée au Maghreb depuis ces trois dernières années. L’armée égyptienne est équipée par les USA).Ils préfèrent prêter de l’argent car sous cette forme fluide le capital peut s’évader à la moindre alerte. Ils préfèrent prêter aux Etats, car ils s’imaginent qu’ils pourront rembourser en augmentant les impôts, diminuant les dépenses sociales et en vendant le patrimoine national. Enfin ils le font avec la garantie du FMI qui interviendra en cas de défaillances des débiteurs.

Les Etats dominés, au Maghreb comme ailleurs, croulent sous le poids de la misère et de la dette publique et le rôle du FMI(dirigé par le socialiste Strauss Khan) est d’engager les Etats endettés à réduire leurs dépenses sociales, diminuer leurs investissements, vendre les entreprises nationales qui sont achetées à bon compte par les multinationales (en même temps que les entreprises privées mises à mal par la crise) [9]. On comprend alors mieux les raisons de l’exode massif des populations de l’Afrique toute entière vers les pays qualifiés de « riches » bien que la condition de prolétaire s’étende dans les pays impérialistes de manière rapide.

L’un des révélateurs de cette misère c’est l’état catastrophique du chômage en Tunisie. Avant le départ du président Ben Ali, 15% , et il s’élevait à 30% parmi les jeunes qui ont fait des études. L’économie restait dominée par des secteurs qui emploient de la main-d’œuvre peu qualifiée. Les jeunes diplômés se retrouvaient donc sur un marché du travail qui ne leur offrait que des emplois dans les calls centers, les hôtels et les usines textiles. « Plus on est diplômé, moins on a de chance de trouver du travail », résumait Karim Bitar, économiste à l’IRIS.

Ce ne sont pas les effets d’annonce de la part du nouveau gouvernement ni les 150 dinars accordés aux jeunes diplômés au chômage qui en atténueront les effets si ce n’est l’alourdissement de la dette publique et la spéculation autour de cette dette qui accroît la dépendance de l’Etat à l’égard des puissances impérialistes, comme nous venons de l’analyser.

Quelle alternative pour les peuples du Maghreb ?

Dix jours après la fuite de Ben Ali, Ghanouchi, a reçu Jeffrey Feltman, sous-secrétaire d’Etat US ; celui-ci, qui a été en poste à l’ambassade US à Tunis, parle de ses nombreux amis personnels  dont certains se retrouvent dans l’actuel gouvernement Ghanouchi.

Certaines forces politiques tunisiennes regroupées dans le « Front du 14 janvier » exigent son départ. On ne peut pas parler de révolution au vue de ces dirigeants aux ordres des impérialistes.

Les têtes ont changé car il s’agissait avant tout de renforcer en particulier la domination des USA et qu’au-delà de la concurrence qui les anime (USA-UE) ils ont besoin de s’allier pour l’essentiel : cogérer la réalisation des conditions mondiales de la reproduction de tous les capitaux particuliers. <

L’aggravation des conditions de vie des masses populaires, la violence qu’elles subissent dans la crise, à travers le travail aliéné et flexibilisé, le chômage et l’exclusion, ce qui ressort sous des formes de révoltes qui s’amplifient entraînent le renforcement des Etats. Il n’y a que les petits-bourgeois pour croire que l’Etat aux mains d’individus plus « justes » et reconnus comme « démocrates » représente l’intérêt général, le pouvoir du peuple.

Ils prétendent humaniser le capitalisme, mais il est clair pour les communistes, tout du moins, que l’Etat est une condition et un produit du capital, qu’il n’y a jamais eu d’Etat qui n’organise autre chose que les conditions de la reproduction de la société capitaliste avec toutes ses horreurs [10].

Il n’en demeure pas moins que les masses qui se sont révoltées poursuivront leurs luttes et se donneront une conscience et une organisation révolutionnaires pour mener une lutte plus efficace, jusqu’au bout. Elles y seront contraintes par le capital lui-même. Les fossoyeurs du capitalisme sont ceux qu’il a produits, ceux qui n’ont rien à perdre. Ils sont en nombre toujours plus grands car, alliés aux prolétaires des pays développés ils formeront une force anticapitaliste unifiée, s’ils savent contribuer à cette union par un anti-impérialisme actif et radical.

  • Références

[1] Afghanistan, Irak, auxquels s’ajoutent les agissements, au Maghreb des services secrets occidentaux pour mettre en place des régimes plus « démocratiques » mais entièrement à leur solde.

[2](sources : Smaïl Kouttroub, Enseignant chercheur- Université Mohamed V Souissi)

[3] LACROIX- RIZ Annie , Les protectorats d’Afrique du Nord entre la France et Washington, Edition L’harmattan , Paris 1988, p. 26.

[4] Extrait de la déclaration finale de la conférence de Casablanca, Annuaire de la Méditerranée 1994, p . 24.

[5] SOBH Samir , << Entre Aman et Barcelone , la lutte d’influence euro- américaine>>, La Vie Economique 11/8/ 1995.

[6] Pour plus de détail, cf. article de KEFI Ridha, << Tunisie / Etats- Unis : Des intérêts bien compris >>, Jeune Afrique, n° 2247, février 2004. p .63.

[7] Interview au Journal Times, ;juillet 1986.

[8] Entre autres avoirs de la famille Ben Ali, un immeuble en plein cœur de Paris, estimé à 37 millions d’euros.

[9] A la fin de 1982, le Maroc et la Tunisie, quelques années plus tard se sont trouvés dans une situation de crise d’endettement extérieur. Le déficit du Trésor au Maroc qui était de 6 milliards en 1978 est passé à 7,22 milliards l’année suivante pour atteindre le chiffre faramineux de 12,83 milliards en 1981. L’analyse des données statistiques montre à l’évidence (comme il en est sorti de l’étude sur la Tunisie) que l’endettement public augmente parallèlement au déficit budgétaire et au service de la dette. L’Etat utilise le déficit brut pour financer le solde ordinaire, d’où une tendance à la hausse du service de la dette qui est passé de 16% par rapport aux dépenses totales à 19,4% en 1999. L’analyse du taux d’inflation montre qu’il y a une tendance à la hausse (source : Latifa Lankaoui, enseignante à la Faculté de droit et d’économie de Rabat-Souissi).

L’endettement total de la Tunisie a atteint 65,5  milliards de dinars en 2008, ce qui représente 130% du PIB. La dette de l’Etat représente 40,5% de l’endettement total du pays ; 23,8% de l’endettement intérieur et 78,6% de l’endettement extérieur. Cette situation reflète bien le poids de l’Etat dans l’économie tunisienne.

Par ailleurs, la dette extérieure totale (long, moyen et court termes) s’élève, en 2008, à plus de 27 MD. Une part importante de l’encours de la dette est le fait de l’Administration publique (67,5%) et des entreprises publiques (24,4%), tandis que la part qui revient aux entreprises privées se limite à 8,1%. L’Etat est donc le principal promoteur de la dette extérieure.

[10] Selon le FAO, 81 millions d’Africains étaient sous-alimentés en 1975. En 2005, ils étaient 202 millions d’Africains à être dans cette situation. La faim explose en Afrique. L’hypocrisie des Européens est totale. Ils pratiquent le dumping agricole en Afrique. Les surplus sont déversés sur les marchés de Niamey, Bamako, Dakar et d’ailleurs, et plus loin, le paysan africain s’épuise au travail et n’a aucune chance d’avoir un revenu normal parce qu’au marché, la ménagère peut acheter des légumes ou du poulet espagnols, grecs ou français à moitié prix des produits locaux. Les règles de l’OMC fonctionnent selon les intérêts des multinationales. L’OMC est une entreprise de désarmement économique des pays du tiers monde. Ce dumping empêche les pays agricoles africains, qui constituent les deux tiers du continent, d’acquérir le minimum vital.

Pierre Lehoux – février 2011

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