Les révélations de Wikileaks : Confidences

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Car même si les analystes avertis savent, plus ou moins, la réalité des coulisses diplomatiques, le fait d’entendre — ou plutôt de lire — des personnalités publiques affirmer leurs positions et clarifier leurs pensées dans les alcôves des audiences a quelque chose de dangereusement rafraîchissant.

Bouteflika n’aime pas M6. Le roi du Maroc le lui rend bien. Dans le “11 septembre diplomatique” créé par WikiLeaks, certaines révélations sur des dossiers internationaux nous renseignent sur le degré des blocages existants. Et le Sahara occidental n’est pas en reste.

Vaste machination américaine pour faire avancer certains dossiers ou réelle volonté de déstabilisation des États, WikiLeaks crache chaque jour son lot d’informations. Rien d’extraordinaire dans ce jeu si ce n’est le fait que rois, présidents ou Premiers ministres sont mis à nu par les mémos succulents de diplomates américains qui se gênent rarement pour donner des appréciations tranchantes.

Car même si les analystes avertis savent, plus ou moins, la réalité des coulisses diplomatiques, le fait d’entendre — ou plutôt de lire — des personnalités publiques affirmer leurs positions et clarifier leur pensée dans les alcôves des audiences a quelque chose de dangereusement rafraîchissant.

Dans le cas du dossier du Sahara occidental, rien de nouveau, sauf la confirmation que le président Boutefika tient aux Américains le discours de la raison et assène des vérités inattaquables sur le Maroc et son principal soutien, la France. Il taille en pièces l’ancienne puissance coloniale dont il dit qu’elle n’a jamais accepté l’indépendance algérienne et a trouvé dans l’appui inconditionnel à Rabat le moyen de nous le faire payer, ou de nous le faire comprendre. Il affirme la position intransigeante sur le Sahara occidental, bien loin de l’image de tutorat sur le Polisario qu’on tente de faire coller à Alger, en révélant qu’il n’a pas beaucoup d’affinités avec un roi du Maroc, trop jeune et trop inexpérimenté, pour savoir écrire l’histoire.

Mais c’est surtout l’idée centrale que Bouteflika, avec tout l’État algérien, qui se sent concerné par ce dossier, qui saute aux yeux. Elle bat en brèche l’opinion véhiculée par Rabat selon laquelle le Sahara occidental est un dossier géré par des “généraux algériens dogmatiques”, ce qui laisserait supposer qu’il existe une approche clanique de cette affaire. 

D’ailleurs, c’est Rabat et Paris qui en prennent pour leur grade dans ces câbles américains savamment dosés, où l’on dénote toute la fourberie de la diplomatie française et l’hostilité psychotique de l’appareil politique et de renseignements marocains prêts à tout pour casser de l’Algérie. Et même si le procédé, à travers WikiLeaks, ne va épargner personne, il est, de temps en temps, salutaire que certaines vérités sortent au grand jour.

Par : Mounir Boudjema

Liberté, 5/12/2010 

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