Mois : novembre 2018
L’Afrique : les défis du développement
Longtemps décrite comme le continent de toutes les calamités (famines, guerres, catastrophes naturelles), du sous- et du maldéveloppement, de la pauvreté de masse, l’Afrique connaît des bouleversements récents qui contredisent quelque peu les « Afropessimistes » et ceux qui restent figés sur la décennie du chaos des années 90.
L’Afrique n’est pas le continent le plus peuplé de la planète avec ses 1,1 milliards d’habitants (15,3 %de la population mondiale) mais la population reste jeune et de nombreux pays n’ont pas terminée leur transition démographique. L’Afrique a le désert le plus grand du monde avec le Sahara et ses 8 millions de km2. La densité de population est ainsi relativement faible avec 34 habitants par km2 ce qui est faible par rapport au monde « plein » d’Asie orientale par exemple. L’Afrique c’est également 54 pays dont 34 PMA (les pays les moins avancés de la planète et ayant les plus mauvais indicateurs de développement et de richesse (IDH, PIB…) : l’Afrique n’apporte que 2,6 % du PIB mondial. L’Afrique est aussi une mosaïque linguistique et culturelle : les 54 Etats de l’Afrique (comprenant également les îles de l’Océan indien (Madagascar, Maurice, Seychelles, les Comores) comptent de nombreux groupes ethniques souvent transfrontaliers (comme les Touaregs du Sahara). Des centaines de langues y sont parlées . Parmi les langues officielles on trouve les langues endémiques et les idiomes apportées par les colonisateurs entre le XVI et le XIXème siècle : Anglais, Arabe, Français, Portugais, Espagnol, Swhahili…. Grâce à ses immenses ressources et à sa population jeune et dynamique , sa diversité culturelle, de jeunes élites d’entrepreneurs, elle s’insère peu à peu dans les échanges mondiaux. Cependant si des pays et une partie de la société émergent et voient leur niveau de vie augmenté, les défis restent nombreux pour ce continent. Quels sont les différents défis du développement en Afrique et quels sont les moyens pour les dépasser grâce à la mondialisation ? Nos verrons donc les difficultés qui restent nombreuses sur le continent avant de voir les signes de transition et l’intégration du continent dans la mondialisation.
I- les défis du développement en Afrique.
A-une pauvreté de masse encore importante
1. Plus de 400 millions de personnes vivent avec moins de 1,25 dollar par jour et par personne en Afrique subsaharienne (pays situés au Sud du Sahara- l’Afrique noire)
2. La majorité de ces personnes pauvres sont des ruraux ceux qui vivent dans les campagnes enclavées et peu équipées en eau et en électricité où les échanges sont très faibles : les paysans pratiquant une agriculture de subsistance (Mali, Niger, Tchad…)
3. La pauvreté frappe également les urbains qui vivent dans les bidonvilles récents des plus grandes villes du continent : ces quartiers d’habitat précaires se développent en raison du fort exode rural : Le bidonville de Kibera dans la capitale du Kenya, Nairobi est ainsi l’un des plus vastes d’ Afrique avec ces 1 millions d’habitants. A l’échelle continentale on constate que 62% des urbains de l’Afrique subsaharienne vivent dans des bidonvilles mais peu à peu les aménagements (routes) et équipements arrivent dans ces quartiers (eau, électricité, téléphone)
4. il est plus facile de réduire cette pauvreté urbaine que la pauvreté dans les campagnes . Au Sénégal, la pauvreté est passée de 70 % en 1990 à 30% en 2011, le regroupement des populations facilitent les plans d’aides et d’équipements
5. La pauvreté de masse signifie tout d’abord de graves problèmes alimentaires (famines ou moins graves les disettes : 2 signes de sousalimentations). Mais les pauvres d’Afrique sont également victimes de malnutrition et de carences alimentaires. Les émeutes de la fin se multiplient depuis les années 2010 devant le renchérissement des produits alimentaires de base (riz, céréales). Ces émeutes ont frappé le Maroc, l’Egypte, la Mauritanie, le Sénégal, la Guinée-Bissau, la Côte-d’Ivoire, le Burkina Faso, le Cameroun et le Mozambique. Entre 40 à 70% de la population d’un pays peut être touchée par la sous-alimentation c’est le cas,de l’Ethiopie, du Burundi, du Malawi et de la Zambie : des pays relativement enclavés, ayant peu d’ouverture sur les marchés internationaux. Entre 2010 et 2012 la Somalie a été touchée par une famine orchestrée par les seigneurs de la guerre qui dirigent ce pays et qui affament la population. On considère que la sous-alimentation frappe 23 % de la population africaine . Rappelons que la sous-alimentation est la situation dans laquelle les individus disposent d’un apport énergétique journalier inférieur à 2500 kcal ). De plus l’Afrique a tendance à vendre ou à louer ses meilleurs terres agricoles à des pays étrangers (bien souvent la Chine ou à des pays riches du Golfe Persique comme l’Arabie Saoudite) : le Land grabbing. De plus les bonnes terres produisent des cultures commerciales (thé, café cacao) aux dépens des terres et des cultures vivrières. La croissance et l’étalement urbain privent les habitants des bonnes terres aux abords des grandes villes . Le Caire en Egypte avec ses 16 millions d’habitants s’étend sur les bonnes terres fertiles proche du Nil.
6. Cependant rien n’est irréversible. Une politique agraire efficace peut diminuer la sous-alimentation sans dépendre des aides extérieures et humanitaires. Depui 2006 l’Etat du Malawi donne des subventions aux petits producteurs de maïs permettant de sortir des disettes et de la famine. La sécurité alimentaire est possible sans intervention extérieure des pays riches !!!
B- l’espérance de vie reste faible
1. Elle est de 57 ans en moyenne pour une moyenne mondiale de 69 ans. Si depuis les années 50 et la fin de la période coloniale, des progrès sanitaires ont été constatés notamment dans le lutte contre le paludisme, les carences en termes de dispensaires, d’hôpitaux et de médecins fragilisent la santé des Africains
2. Depuis les années 90 , les problèmes économiques, la baisse des services publics imposés par le FMI (et donc des dépenses de santé), les conflits qui ont éclaté dans certains pays ( génocide du Rwanda par exemple en 1994 avec 1 million de victimes) ont relancé une forte mortalité : l’espérance de vie a même diminué comme au Bostwana et au Sierra Leone.
3. De grandes pandémies causent des accidents démographiques majeurs comme le sida qui touche 4% de la population africaine ou le virus ebola qui frappe depuis 2014 l’Ouest du continent 4. Il faut enfin souligner que la mortalité la plus importante est liée aux problèmes de l’eau (mauvaise eua potable, maladies véhiculée par l’eau comme les dingues hémorragiques) : 30% de la population subsaharienne est raccordée à des installations sanitaires de base.
C-les défis de la croissance de la population
1.L’Afrique pourrait compter 2 milliards d’habitants en 2050§ la transition démographique est toujours en cours pour de nombreux pays d’Afrique noire. Les Etats les plus peuplés sont le Nigeria avec 171 millions d’habitants suivi de l’Ethiopie, de l’Egypte, de la République Démocratique du Congo et de l’Afrique du Sud.
2.Le nombre d’enfants par femme restent très élevé. Alors qu’en France ce chiffre est de 2 , le Niger a encore une moyenne de 7 enfants par femmes. La maîtrise de la fécondité est un enjeu de taille pour assurer un meilleur développement. Et cela passe par l’éducation des jeunes filles africaines
3. La population africaine est la population la plus jeune du monde : 43% des enfants d’Afrique subsaharienne ont moins de 15 ans. Or le taux de scolarisation malgré des progrès indéniables reste insuffisant. Les écarts sont importants entre 80% des enfants du Bostwana qui suivent une scolarité primaire alors que ce taux n’est que de 30% au Niger. Les régions rurales de ces pays renforcent les inégalités filles/garçons. Dans les campagnes éthiopiennes, 40% des filles ne sont jamais allées à l’école !!!
4.Le manque de collèges, de lycées, d’université ou de grandes écoles poussent des milliers d’étudiants africains à partir en Europe, en Amérique ou en Asie afin de poursuivre des études , ce brain drain « fuite des cerveaux » privent l’Afrique de cadres, d’ingénieurs, de techniciens, de médecins qui handicapent son développement
5. La croissance de la population va surtout être portée par la croissance urbaine. De gigantesques mégapoles (villes de plus de 10 millions d’habiants selon l’Onu) s’étalent comme le caire (Egypte), Lagos (Nigéria), Abidjan (Côte d’Ivoire), Kinshasa (RDC), Johannesbourg (Afrique du Sud). Les étalements des bidonvilles constituent un défi pour les aménageurs africains : il faut des réseaux d’eau potablee, d’électricité, des égouts, des transports publics… Cette forte croissance démographique peut donc handicaper le développement de ces Etats. Des tensions sociales (révoltes, émeutes) peuvent apparaître devant l’inégal accès aux ressources (eau, nourriture,énergies) ou aux services (transport, santé, édcontinent. Avec seulement 5% de la population continentale, la patrie de Nelson Mandela concentre 20% du PIB africain. A partir de ressources minières considérables elle a pu créer un secteur industriel diversifié dans la chimie, la sidérurgie, la métallurgie. Ses grandes FTN ont un rayonnement international comme Anglo American (« drôle de nom!) , le premier groupe minier de la planète , la bourse de Johannesbourg est dynamique. Le quartier CBD de Sandton city y constitue le Manhattan sud-africain
2. D’autres pays suivent ce dynamisme on parle des « Lions africains » aujourd’hui comme on désigne en Asie les « dragons », des pays à forte croissance économique : le Nigeria, le Kenya, l’Algérie, le Maroc, l’Egypte voire l’Angola, la Côte-d’Ivoire, le Sénégal ou l’Ethiopie qui accueillent de nombreux investissements asiatiques
3. En fait cette émergence cache de profondes inégalités à l’intérieur de ces pays. C’est le cas par exemple en Afrique du Sud où malgré la fin de l’apartheid en 1991, la pauvreté frappe encore la majorité noire des townships même si une classe moyenne de couleur s’est affirmée lors de la présidence de Nelson Mandela. On sait également que les bouleversements des printemps arabes depuis 2010 ont éclaté en raison des déficits démocratiques et de la corruption et du mal-développement en Tunisie, en Libye, en Egypte.
III- La place de l’Afrique dans la mondialisation
A-Une périphérie de la mondialisation marchande
1.Le commerce extérieur du continent africain ne représente que 3% des échanges mondiaux. Le PIB du contient est égal à celui de la capitale japonaise de Tokyo !!!. Le stock d’IDE (les investissements directs à l’étranger) atteint à peine que 2% du stock mondial.
2.Les échanges entre pays africains restent faibles : les pays africains commercent plus avec les pays des autres continents qu’entre eux
3.L’Afrique demeure un fournisseur de matières premières : 74% % de ces exportations sont des ressources naturelles (pétrole, bois , minerais).
Les principaux partenaires commerciaux sont la Chine, l’Europe et les Etats-Unis ; l’Inde et le Brésil suivent le pas. L ‘Afrique pour s’enrichir doit vendre dans le monde des produits manufacturés
4.La croissance africaine est donc trop dépendante de ces matières premières dont les cours peuvent varier brutalement
5.Les ports compétitifs à conteneurs sot encore peu nombreux en Afrique mais ils se développent : les grandes interfaces maritimes s’affirment en Méditerranée (côte du Maghreb) en lien avec le Détroit de Gibraltar. Port-Saïd en Egypte assure via le canal de Suez le lien indispensable entre la Méditerranée et l’océan indien. Les ports du Golfe de Guinée (Abidjan, Lomé, Pointe-Noire) et l’interface sud-africaine (Durban 1er port à conteneur du continent) dynamisent les côtes africaines
6.les investissements étrangers progressent mais ils se concentrent dans 10 pays : Afrique du Sud, Egypte, Maroc, Algérie, Tunisie, Nigéria, Angola, Kenya, Libye et le Ghana profitant d’un marché de consommation important et de condition de travail avantageuse pour les entreprises étrangères. La Chine, l’iIde et le Brésil deviennent de gros investisseurs (projets miniers, achat de terres agricoles, construction d’infrastructures de transports)
B-les flux de migrants
1. le brain drain africain est général mais l’amélioration des conditions de vie dans certains pays , l’amélioration de la scolarisation pourrait ralentir ce phénomène dans les années à venir.De plus le retour aux pays de ces cadres bien formés peut être un atout pour le développement futur
2. A côté de la migration de ces « futures élites » légale vers les autres continents plus riches, les flux les plus importants concernent les migrants économiques et les réfugiés. 22 milions africains ne vivent pas dans leur pays d’origine
3. Les migrations de travail sont les plus nombreuses. Certains essaient de fuir la misère et les guerres comme les Erythréens ou les Somaliens qui traversent le Sahara et essaient de rejoindre l’Europe via la Méditerranée sur des embarcations de fortune (drame des chavirages aux larges des côtes italiennes et grecques). Cependant ces migrations africaines clandestines vers l’Europe restent minoritaires : ce sont les propres Etats africains qui accueillent ces migrants. Le désert du Sahara est devenu un espace de transfert de migrants parfois dans des conditions dramatiques
C-les trafics illicites en Afrique (utilisez ici votre leçon précédente sur le Sahara)
1.la faiblesse des Etats africains (faiblesse de la police, de la justice), les guerres, la corruption favorise l’implantation de réseaux de trafics illégaux internationaux. Le Nigeria et le Mali sont des plaques-tournantes de la cocaïne produite en Amérique latine qui va être ensuite vendue en Europe. Le désert du Sahara se prête à ces trafics en raison des difficultés pour surveiller cet espace immense.
2.Les Etats manquent de moyens pour lutter contre le trafic des matières premières , le braconnage et la vente de l’ivoire , la vente d’armes (qui touche les groupes comme Aqmi, Boko Haram ou les shebabs en Somalie)
3.De nombreux pays africains sont des paradis fiscaux assurant le blanchiment de l’argent gagné dans le trafic de drogue , la vente d’armes. Autant d’argent qui ne rentre pas dans les caisses des Etats pour développer et moderniser leur pays.
Conclusion :
Désormais il n’y a pas une Afrique mais des « Afrique ». L’Afrique est de plus en plus intégrée aux flux mondiaux : les pays d’Afrique du Nord, l’Afrique du Sud seule puissance régionale africaine et les Lions de l’Afrique noire avec le Nigera, l’Angola ou le Kenya. Mais l’inertie du maldéveloppement
est encore présente avec les 34 PMA d’Afrique. L’Afrique en mouvement , c’est particulièrement ces 100 millions de personnes , les classes moyennes africaines , qui font le marché et attirent les investisseurs. : ils sont les acteurs de la croissance africaine
Mais pour consolider le décollage économique il faut que l’Afrique réduisent les conflits et les inégalités : des Etats de droit plus fort plus soucieux du bien commun doivent s’affirmer face aux convoitises étrangères des anciennes puissances coloniales ou des pays émergents . Des Etats
qui doivent mieux redistribuer les richesses (afin d’éviter le fractionnement social et territorial )et dynamiser les autres secteurs de l’économie (industrie, services, tourisme). La solution serait peut-être de renforcer les organisations régionales à l’instar de ce qui existe en Europe (UE) ou en Amérique (Alena) afin de mieux intégrer la mondialisation actuelle, c’est la vocation de l’Union africaine (UA)qui a remplacé l’Organisation de l’unité africaine, des organisations économiques sous-continentales existent déjà comme la CEDEAO (Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest) ou la SADC (Communauté de développement de l’Afrique australe).ucation). Cela nourrit une forte instabilité politique (renversement, coup d’Etat organisé par des militaires- on l’a vu après le Printemps arabe en Egypte où un gouvernement islamiste a été renversé par les militaires en 2014) et une grande corruption.
D- L’instabilité de certains Etats africains
1. La guerre entrave le développement du continent africain. Après la décennie du chaos pendant les années 90 où les conflits sanglants s’étaient multipliés (Sierra Leone, République Démocratique du Congo, génocide du Rwanda)sur une grande partie de l’espace africain, les conflits perdurent au Mali au Soudan du sud.
2. De nombreux pays essaient de reconstruire leur économie après de terribles guerres civiles comme au Liberia, au Sierra Leone, en Côte d’Ivoire, au Rwanda (après le génocide des Tutsis en 1994)
3. Mais la guerre frappe encore des pays considérés comme les « Failed States »(les Etats qui sont incapables de maintenir un ordre intérieur et sont débordés par les conflits internes d’origine économiques, ethniques ou religieux : la Somalie (et les pays voisins voisins comme le Kenya) est frappée par les violences des Shebabs- des milices islamistes fanatisés , l’Aqmi (Al Qaïda Mahgreb Islamique) frappe dans de nombreux pays du Sahara avec ses prises d’otages et ses assassinats (malgré l’intervention française depius 2013) comme au Mali, au Niger ou au Tchad. La secte islamique Boko Haram commet toujours des violences dans le Nord du Nigeria (enlèvement des lycéennes nigerianes). L’Est de la République du Congo est minée par la guerre civile sur fond de contrôle des ressources minières dont le coltan indispensables pour nos appareils numériques
4.Les Etats pauvres enclavés d’Afrique cumulent les difficultés. Les pays qui n’ont pas d’accès à la mer se voient mis sur la touche du commerce international ; Les liaisons terrestres nécessitent des investissements qui dépassent les recettes de ces Etats. L’enclavement est donc un obstacle par exemple pour le Mali, le Burkina Faso le Tchad, Le Soudan du Sud la Zambie. Ces pays dépendant de leurs voisins qui possèdent les ports de commerce.
5.La richesse des ressources ne se traduit pas toujours par l’amélioration des conditions de vie d’une population. L’Angola, le Nigéria, le Gabon, la RDC sont des Etat pétroliers ou ayant d’importantes réserves minières. Mais leur marché sont aux mains de certains clans africains qui travaillent avec les Firmes Transnationales étrangères accaparant ressources et richesses par le biais de concessions d’exploitation (c’est le cas de la firme française Totalfinaelf en Angola et au Gabon). L’ensemble de ces populations ne voit pas les fruits de la vente de ces exportations. Cette gestion prédatrice des ressources est une véritable catastrophe on parle pour ces pays de « malédiction de la rente ». Parfois ces agissements sont poursuivis comme dans l’affaire de Bolloré, un industriel français accusé de corruption au Gabon. De nombreux intellectuels dénoncent une forme de néocolonialisme économique.
II- Un continent en pleine transition
A- Un décollage économique récent
1. Depuis 2000, la plupart des pays africains connaissent une forte croissance du PIB. Entre 2001 et 2013 elle était de 5% par an.
2. Des économistes parlent de décollage lié à la forte urbanisation (les villes concentrent les richesses, les capitaux et les initiatives), la croissance démographique (beaucoup de jeunes actifs entreprenants) et la hausse des cours des matières premières sur le marché international (exemple les terres rares pour nos produits multimédias)
3. Les villes africaines « facilitent l’accès à la santé et à l’éducation et concentrent les équipements : elles portent la croissance africaine. Une classe moyenne y est en train d’émerger . Jeune, instruite consommant les produits de la mondialisation. C’est cette classe moyenne qui rend le continent attractif pour les FTN étrangères. L’Afrique est ainsi perçu comme un marché d’avenir. La Révolution des télécommunication en est un exemple. La progression de la téléphonie mobile y a été foudroyante. En 2010, la couverture territoriale atteint les 90% dans les villes et 40% pour les campagne. Depuis 2013 le cablage haut-débit se développe sur tout le continent
4. De grands chantiers en Afrique s’ouvrent afin de favoriser le développement économique : des Trains expresse régionaux en Afrique du Sud, des ports à conteneurs au Congo ou au Maroc (avec le port de Tanger Med II), de grands gazoducs en Algérie, des barrages hydroélectriques en Ethiopie, des aéroports internationaux comme à Dakar au Sénégal.
5. Mais ces pays, qui voient leurs dettes publiques diminuées depuis 10 ans doivent être vigilants, ils doivent diversifier leur économie s’ouvrir davantage aux industries, aux services, au tourisme afin d’éviter la « malédiction de la rente » ou les baisses des cours mondiaux des matières premières qui pourraient se produire. Ils doivent également améliorer leur fiscalité et mieux prélever les impôts dans des économies où le secteur informel (travail au noir, travail non déclaré, trafic) est très développé
B-Une valorisation progressive de nombreuses ressources
1. Certains pays d’Afrique possèdent des ressources strtégiques à l’échelle mondiale ! Des pays ont d’importants gisements de minerais. Le Niger est le deuxième producteur d’uranium indispensable pour les centrales nucléaires , c’est pourquoi l’entreprise française Areva a reçu des concessions dans ce pays. Le Sierra Leone est un gros producteur de diamant tout comme l’Afrique du Sud. Les richessses minières sont également très importantes en RDC (titane, platine, coltan…)
2. Le Cameroun, le Congo, le Gabon, la RDCsont des gros exportateurs de bois tropicaux.
3. Le pétrole et les hydrocarbures sont présents en Algérie, en Libye, au Soudan, au Nigeria et long du Golfe de Guinée jusqu’en Angola
4. Les ressources agricoles restent encore sous-exploitées. Mais il ya des réussites économiques, le Kenya est le devenu le premier exportateur de thé dans le monde. Cependant les pays africains ont tendance à « brader » leurs meilleurs terres à des entreprises étrangères provoquant la colère des paysans locaux. La Chine achète des terres pour assurer sa sécurité alimentaire. Des entreprises européennes font de l’agrocarburant (comme au Sénégal). Derrière ces achats, il y a des puissants financiers américains européens et asiatiques qui veulent faire d’immenses profit. Le Land grabbing est donc loin de faire l’unanimité !
5. L’hydroélectricité est encore sous-exploitée malgré le fort potentiel des grands fleuves africains (le Nil, le Zambèze…)
6. Les possibilités du tourisme sont énormes mais dépendent de la stabilité des pays (tourisme balnéaire au Maghreb, safari en Tanzanie ou au Bostwana – haut-lieu du Kilimandjaro sommet de l’Afrique avec ses 5985 m)
7. L’Afrique dispose donc d’une base énergétique pouvant soutenir une vive croissance industrielle 8. Mais une gestion prédatrice des ressources par les élites africaines et des FTN étrangères peuvent entraîner des dégâts environnementaux : multiplication des marées noires au Nigeria, déforestation et désertification dans le bassin du Congo (surexploitation du bois tropical, assèchement des lacs intérieurs comme le lac Tchad, le lac Victoria par pompage excessif pour l’irrigation)
C-Une Afrique qui émerge.
1. des puissances régionales apparaissent en Afrique. L’Afrique du Sud peut être considérée comme la seule puissance émergente du continent. Avec seulement 5% de la population continentale, la patrie de Nelson Mandela concentre 20% du PIB africain. A partir de ressources minières considérables elle a pu créer un secteur industriel diversifié dans la chimie, la sidérurgie, la métallurgie. Ses grandes FTN ont un rayonnement international comme Anglo American (« drôle de nom!) , le premier groupe minier de la planète , la bourse de Johannesbourg est dynamique. Le quartier CBD de Sandton city y constitue le Manhattan sud-africain
2. D’autres pays suivent ce dynamisme on parle des « Lions africains » aujourd’hui comme on désigne en Asie les « dragons », des pays à forte croissance économique : le Nigeria, le Kenya, l’Algérie, le Maroc, l’Egypte voire l’Angola, la Côte-d’Ivoire, le Sénégal ou l’Ethiopie qui accueillent de nombreux investissements asiatiques
3. En fait cette émergence cache de profondes inégalités à l’intérieur de ces pays. C’est le cas par exemple en Afrique du Sud où malgré la fin de l’apartheid en 1991, la pauvreté frappe encore la majorité noire des townships même si une classe moyenne de couleur s’est affirmée lors de la présidence de Nelson Mandela. On sait également que les bouleversements des printemps arabes depuis 2010 ont éclaté en raison des déficits démocratiques et de la corruption et du mal-développement en Tunisie, en Libye, en Egypte. I
II- La place de l’Afrique dans la mondialisation
A-Une périphérie de la mondialisation marchande
1.Le commerce extérieur du continent africain ne représente que 3% des échanges mondiaux. Le PIB du contient est égal à celui de la capitale japonaise de Tokyo !!!. Le stock d’IDE (les investissements directs à l’étranger) atteint à peine que 2% du stock mondial.
2.Les échanges entre pays africains restent faibles : les pays africains commercent plus avec les pays des autres continents qu’entre eux
3.L’Afrique demeure un fournisseur de matières premières : 74% % de ces exportations sont des ressources naturelles (pétrole, bois , minerais). Les principaux partenaires commerciaux sont la Chine, l’Europe et les Etats-Unis ; l’Inde et le Brésil suivent le pas. L ‘Afrique pour s’enrichir doit vendre dans le monde des produits manufacturés
4.La croissance africaine est donc trop dépendante de ces matières premières dont les cours peuvent varier brutalement
5.Les ports compétitifs à conteneurs sot encore peu nombreux en Afrique mais ils se développent : les grandes interfaces maritimes s’affirment en Méditerranée (côte du Maghreb) en lien avec le Détroit de Gibraltar. Port-Saïd en Egypte assure via le canal de Suez le lien indispensable entre la Méditerranée et l’océan indien. Les ports du Golfe de Guinée (Abidjan, Lomé, Pointe-Noire) et l’interface sud-africaine (Durban 1er port à conteneur du continent) dynamisent les côtes africaines
6.les investissements étrangers progressent mais ils se concentrent dans 10 pays : Afrique du Sud, Egypte, Maroc, Algérie, Tunisie, Nigéria, Angola, Kenya, Libye et le Ghana profitant d’un marché de consommation important et de condition de travail avantageuse pour les entreprises étrangères. La Chine, l’iIde et le Brésil deviennent de gros investisseurs (projets miniers, achat de terres agricoles, construction d’infrastructures de transports)
B-les flux de migrants
1. le brain drain africain est général mais l’amélioration des conditions de vie dans certains pays , l’amélioration de la scolarisation pourrait ralentir ce phénomène dans les années à venir.De plus le retour aux pays de ces cadres bien formés peut être un atout pour le développement futur
2. A côté de la migration de ces « futures élites » légale vers les autres continents plus riches, les flux les plus importants concernent les migrants économiques et les réfugiés. 22 milions africains ne vivent pas dans leur pays d’origine
3. Les migrations de travail sont les plus nombreuses. Certains essaient de fuir la misère et les guerres comme les Erythréens ou les Somaliens qui traversent le Sahara et essaient de rejoindre l’Europe via la Méditerranée sur des embarcations de fortune (drame des chavirages aux larges des côtes italiennes et grecques). Cependant ces migrations africaines clandestines vers l’Europe restent minoritaires : ce sont les propres Etats africains qui accueillent ces migrants. Le désert du Sahara est devenu un espace de transfert de migrants parfois dans des conditions dramatiques
C-les trafics illicites en Afrique (utilisez ici votre leçon précédente sur le Sahara)
1.la faiblesse des Etats africains (faiblesse de la police, de la justice), les guerres, la corruption favorise l’implantation de réseaux de trafics illégaux internationaux. Le Nigeria et le Mali sont des plaques-tournantes de la cocaïne produite en Amérique latine qui va être ensuite vendue en Europe. Le désert du Sahara se prête à ces trafics en raison des difficultés pour surveiller cet espace immense.
2.Les Etats manquent de moyens pour lutter contre le trafic des matières premières , le braconnage et la vente de l’ivoire , la vente d’armes (qui touche les groupes comme Aqmi, Boko Haram ou les shebabs en Somalie)
3.De nombreux pays africains sont des paradis fiscaux assurant le blanchiment de l’argent gagné dans le trafic de drogue , la vente d’armes. Autant d’argent qui ne rentre pas dans les caisses des Etats pour développer et moderniser leur pays. Conclusion : Désormais il n’y a pas une Afrique mais des « Afrique ». L’Afrique est de plus en plus intégrée aux flux mondiaux : les pays d’Afrique du Nord, l’Afrique du Sud seule puissance régionale africaine et les Lions de l’Afrique noire avec le Nigera, l’Angola ou le Kenya. Mais l’inertie du maldéveloppement est encore présente avec les 34 PMA d’Afrique. L’Afrique en mouvement , c’est particulièrement ces 100 millions de personnes , les classes moyennes africaines , qui font le marché et attirent les investisseurs. : ils sont les acteurs de la croissance africaine Mais pour consolider le décollage économique il faut que l’Afrique réduisent les conflits et les inégalités : des Etats de droit plus fort plus soucieux du bien commun doivent s’affirmer face aux convoitises étrangères des anciennes puissances coloniales ou des pays émergents . Des Etats qui doivent mieux redistribuer les richesses (afin d’éviter le fractionnement social et territorial )et dynamiser les autres secteurs de l’économie (industrie, services, tourisme). La solution serait peut-être de renforcer les organisations régionales à l’instar de ce qui existe en Europe (UE) ou en Amérique (Alena) afin de mieux intégrer la mondialisation actuelle, c’est la vocation de l’Union africaine (UA)qui a remplacé l’Organisation de l’unité africaine, des organisations économiques sous-continentales existent déjà comme la CEDEAO (Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest) ou la SADC (Communauté de développement de l’Afrique australe).