Pourquoi les pays du Maghreb ont-ils tourné le dos au prince Mohammed Ben Salmane

Entre Riyad et les principales capitales du Maghreb rien ne va plus. Les relations entre l’Arabie Saoudite d’un côté et le Maroc, l’Algérie et la Tunisie de l’autre n’ont jamais été aussi mauvaises que depuis la nomination de MBS comme prince héritier. L’homme fort de Riyad ne semblait pas prêter attention aux liens d’amitié séculaires qui ont toujours lié le royaume wahhabite au Maghreb. Des sources bien informées à Rabat ne cachent pas l’exaspération des autorités marocaines face au style abrupt de MBS. Même tonalité à Alger et à Tunis. Un ancien ministre algérien, qui était très proche du prince Mohamed Ben Nayef du temps où celui-ci venait organiser des parties de chasses dans le désert algérien, confie à Maghreb Intelligence que la manière dont a été traité Mohamed Ben Nayef n’a aucunement plu à Alger où il compte de précieux amis, notamment Abdelaziz Bouteflika. A Tunis, Béji Caïd Essebsi, pourtant très proche de la maison des Al-Nahyane alliés des Al Saoud, n’apprécie guère les comportements «intempestifs» du prince héritier saoudien.

Ce coup de froid dans les relations Maghreb-Arabie Saoudite s’est particulièrement ressenti tout au long de la crise « Jamal Khashoggi », du nom du journaliste saoudien torturé et tué dans le consulat de son pays à Istanbul. En effet, aucun des trois principaux pays du Maghreb n’a jugé utile de reprendre les « arguments contradictoires » saoudiens à propos de la disparition de Jamal Khashoggi. Rabat, Alger et Tunis ont décidé de prendre leurs distances avec la nouvelle équipe dirigeante à Riyad. « Avant, il existait de multiples canaux de communication entre les pouvoirs maghrébins et l’Arabie Saoudite.

Aujourd’hui, tout passe exclusivement par MBS et son cabinet. L’accès direct au roi Salmane n’est plus possible », explique un diplomate français qui a déjà servi dans la région du Golfe.

D’ailleurs, lors de la révélation de l’implication des hautes personnalités saoudiennes dans l’assassinat de Jamal Khashoggi, MBS s’est empressé d’envoyer à Rabat le ministre de l’Intérieur Saoud Ben Nayef Ben Abdelaziz, porteur d’un message personnel à Mohammed VI. Une visite qui n’a apparemment pas infléchi la position du royaume du Maroc, qui préfère rester en retrait dans une affaire « hautement toxique » sur le plan diplomatique.

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