DATE: 18 Juillet 2014
Objet: Question nationale/Séance de travail franche avec le SGA au DPKO, M. Hervé Ladsous.
J’ai l’honneur de vous informer que j’ai tenu, cet après-midi, une réunion de travail avec M.
Hervé Ladsous, Secrétaire Général Adjoint aux Opérations de maintien de la paix et son équipe
(son assistant personnel et Mme Jody Hilton).
Cette séance de travail s’inscrit dans le cadre de la stratégie de cette Mission d’instaurer un
dialogue régulier, franc et ferme avec le DPKO. L’objectif étant de mettre ce département, ainsi
que la MINURSO, devant leurs responsabilités, de complexer le DPKO à l’égard du Maroc, en
dénonçant sa partialité et son parti pris et, in fine, déplacer la pression sur eux.
Dans ce cadre, j’ai mis l’accent sur trois aspects principaux, dont ci-après la synthèse, en
remettant, à M. Ladsous, les documents ci-joints, comme preuves à l’appui de mes interrogations,
critiques et observations.
I : Désignation de Mme Kim Bolduc;
/. Processus de nomination:
* Le Maroc a été sciemment ignoré avant, durant et après le processus de désignation, et ce
pour la première fois dans l’histoire de la MINURSO. Plus grave, l’Algérie et le « polisario »
auraient été informés avant la nomination.
* Cette absence de communication est inacceptable car elle trahit un manque manifeste de
volonté de coopération du Secrétariat. Le Maroc doit être respecté.
* Cette attitude suscite des interrogations légitimes de la part du Maroc, d’autant plus
qu’elle intervient au lendemain des dérapages du dernier rapport au Conseil de Sécurité.
* L’attitude de cette année est une énigme pour les autorités marocaines, pour qui, la
combinaison de ces deux incidents graves, ainsi que d’autres agissements, dénotent un
changement dangereux du traitement de la question du Sahara par le Secrétariat.
* Cet épisode compromet les avancées réalisées avec M. Weber, dont les
arrangements au sujet des plaques d’immatriculation des véhicules de la MINURSO.
Réponses de M. Ladsous:
* La procédure de nomination de Mme Bolduc s’est déroulée normalement.
* II y a eu trois ou quatre candidats, parmi lesquels le Secrétaire Général a fait son choix.
La pratique est que le pays hôte soit informé et non consulté.
* Le Maroc a été informé verbalement, et par la suite à travers une lettre de Mme Malcorra,
du 15 Juin, déposée dans la boite à documents de la Mission du Maroc (lettre qui n’a été reçue
par cette Mission, que lorsque M. Ladsous l’a faxée un mois plus tard).
2. Background, actions et déclarations de Mme Bolduc:
* Mme Bolduc a un background PNUD et humanitaire, alors que les précédents
Représentants Spéciaux avaient, traditionnellement, des profils de maintien de la paix ou
politiques.
* La Représentante Spéciale compte-t-elle se focaliser sur les questions humanitaires et de
développement, aux dépens de son mandat? Y a-t-il une nouvelle orientation de sa mission?
* Le « polisario » prétend que Mme Bolduc aurait déclaré que la question du Sahara devrait
être réglée sur le terrain et qu’elle compte travailler en étroite collaboration avec les ONG’s et la
société civile, notamment sur les questions des droits de l’Homme.
* Mme Bolduc n’a pas vocation à régler la question du Sahara. Celle-ci relève des
négociations politiques. Et la MINURSO n’a pas de mandat des droits de l’Homme. Le Maroc
coopère pleinement avec le HCDH.
* Aminatou Haidar laisse entendre qu’elle a été contactée par Mme Bolduc.
* Si ce contact et ces déclarations se confirment, ils seraient extrêmement
problématique
s et compromettants pour Mme Bolduc. Il s’agirait de graves
s et compromettants pour Mme Bolduc. Il s’agirait de graves
développements, que le Maroc ne peut ni tolérer, ni permettre.
Réponses de M. Ladsous:
* II ne faut pas attacher un poids particulier au profil de Mme Bolduc. Le choix a porté sur
quelqu’un de parfaitement compétent. Il n’y a aucune arrière-pensée dans la désignation de Mme
Bolduc. C’est le choix d’une âme solide.
* II est vrai qu’elle a un background de développement, mais ce sont d’abord, ses qualités
de jugement politique qui lui ont permis d’avoir le poste. L’interview a porté exclusivement sur le
mandat de la MINURSO.
* Sa nomination procède de la politique de M. Ban Ki-moon de promouvoir les femmes.
* II est très étonné qu’elle ait fait des déclarations ou entrepris des contacts. « Quand on n’a
pas encore pris ses fonctions, on la boucle ».
* II va appeler, aujourd’hui, Mme Bolduc pour s’enquérir de la véracité de ces informations.
Le cas échéant « il va engueuler Mme Bolduc ».
* M. Ladsous m’a déclaré, à la faveur d’une réception, ce soir, avoir contacté, après
notre réunion, Mme Bolduc. Elle a nié avoir fait une quelconque déclaration, ou contacté
qui que ce soit au Sahara. Elle a passé le mois en cours au Panama, suite au décès de sa
mère. Elle a exprimé, à travers M. Ladsous, le souhait de venir à New York, à tout
moment, pour me rencontrer. Je n’ai pas réagi à cette offre.
II. Dérapages récents de la MINURSO:
* Le mandat actuel de la MINURSO se limite à un triptyque bien clair: surveiller le cessezle-
feu; réduire les risques d’explosion de mines et autres restes explosifs de guerre et; soutenir les
CBM’s.
* Ce mandat n’est malheureusement pas respecté par la MINURSO, comme le prouvent ces
quelques illustrations:
1. Ingérence de la MINURSO dans la visite du HCDH au Sahara:
* La MINURSO n’était ni impliquée, ni concernée par cette visite. Toutefois, elle a créé un
grave incident en insistant pour abriter les réunions du HCDH avec les ONG’s. L’ingérence de
la MINURSO dans les questions des droits de l’Homme est très problématique. C’est un
dérapage inquiétant et inacceptable.
* Depuis cet incident, le « polisario » prétend que des instructions, auraient été données à la
MINURSO et au HCDH, à partir de New York, pour que la MINURSO abrite désormais, toutes
les réunions futures des procédures spéciales qui visiteront le Sahara.
* Cette soumission au chantage du « polisario » serait un précédent gravissime de
nature à transformer la MINURSO en un Centre des Nations Unies, voire un lieu de
rencontres des séparatistes. La MINURSO en assumera les conséquences car le Maroc ne le
permettra jamais.
Réponses de M. Ladsous :
* C’est la MINURSO qui a offert ses locaux pour la visite technique du HCDH. Aucune
instruction n’a été donnée à partir de New York, dans ce sens. (Ce que j’ai contredit avec force,
sans, toutefois, mentionner le fax de Jan Eliasson).
* Aucune consigne n’a été transmise de New York pour tenir les réunions des procédures
spéciales au siège de la MINURSO. Il va vérifier. Il faut s’enquérir auprès du HCDH. (Je lui ai
recommandé de s’enquérir plutôt au Secrétariat à New York, et non pas au HCDH qui était
destinataire de ces instructions).
2. Tampons sur les documents de voyage des Nations Unies:
* Le « polisario » laisse entendre qu’il a eu gain de cause au sujet de la question des tampons,
et que le personnel de la MINURSO se rendra désormais au Sahara à travers des villes du nord
du Maroc, afin que leurs documents de voyage ne soient plus tamponnés au Sahara. Ce serait un
développement gravissime de la part du Secrétariat, ce qui pourrait remettre en cause la
présence même de la MINURSO.
* Le Maroc avait déjà mis en garde le Secrétariat contre ces manoeuvres et exprimé son
opposition ferme à leur égard. Toute concession de la MINURSO aux chantages du
« polisario » aura des conséquences graves sur sa mission.
* Le Maroc n’acceptera pas de fait accompli ou de changement dans la nature de la
présence ou du mouvement de la MINURSO au Sahara.
* Ce n’est pas 23 ans après que les règles de jeu vont être changées. Le Maroc n’a jamais
essayé de le faire. Au contraire, il a fait beaucoup de concessions pour faciliter la mission de la
MINURSO.
* Le Maroc constate, malheureusement, que le Secrétariat et la MINURSO courbent
l’échiné devant le « polisario ».
Réponses de M. Ladsous :
* II s’élève contre l’utilisation de la terminologie » courber l’échiné ».
* S’agissant des tampons, le Secrétariat s’est opposé au « polisario », en lui indiquant qu’il
n’avait ni qualité, ni attributs d’un Etat pour tamponner les documents de voyage.
* L’ONU a obtenu à Tindouf, que ces mesures ne soient pas mises en oeuvre. Le « polisario »
veut reparler de cette question en Septembre prochain.
* II n’est pas au courant d’une quelconque décision du secrétariat concernant les tampons
au Sahara.
III: Notes de briefing conjointes DPKO/DPA concernant les opérations des Nations Unies
sur le terrain:
* Le Maroc a, depuis plusieurs années, attiré l’attention du DPKO sur le caractère
tendancieux, partial et tronqué des informations contenues dans la partie relative à la MINURSO,
dans les notes de briefing adressées chaque semaine, au Conseil de Sécurité.
* Ces notes s’apparentent à des manifestes de propagande du « polisario », car
reprenant ses activités et envois- tous les messages de Abdelaziz-, le ménageant – silence sur les
« réfugiés » de Tindouf qui choisissent de rester au Sahara après les visites familiales- et
minimisant, voire négligeant tout ce que fait le Maroc -visite HCDH et ONG’s des droits de
l’Homme, travail des Commissions régionales du CNDH, visites des diplomates et délégations
étrangères au Sahara-.
* Le Secrétariat est, ainsi, devenu un porte-parole du « polisario ».
* II y a des fonctionnaires au Secrétariat qui ne souhaitaient pas la réussite de la mission
technique du HCDH. Ils ont été déçus qu’elle n’ait pas produit un rapport dramatique sur la
situation des droits de l’Homme au Sahara, pour pouvoir l’instrumentaliser davantage contre le
Maroc.
* Le secrétariat n’a pas vocation à être complaisant ou l’avocat du « polisario » ou
quiconque. Son rôle est d’être neutre et impartial.
* Le secrétariat excelle à relever les tensions, les manifestations, les problèmes et les
situations dramatiques. Tout est permis pour porter atteinte à l’image du Maroc. Ex: référence
dans les notes de briefing à la célébration par des gamins à Laayoune de la défaite du Raja de
Casablanca contre le Bayern Munich. En quoi cela pourrait-il intéresser les membres du Conseil
de Sécurité ?
* Ces notes sont un outil de travail du Conseil et peu
vent influencer ses membres en leur
vent influencer ses membres en leur
donnant une image erronée de la situation sur le terrain et des positions des parties. Elles sont
envoyées aux capitales, ce qui rend leur contenu encore plus dangereux.
* Le contenu tendancieux de ces notes est inacceptable, car sciemment hostile au
Maroc. Il doit être revu et recadré.
* II y a un esprit anti-marocain au Secrétariat du fait de certains fonctionnaires qui
ont des positions idéologiques ou politiques et qui oeuvrent insidieusement contre le Maroc.
Ces fonctionnaires manquent de probité intellectuelle, de neutralité, d’impartialité et de
professionnalisme. Ce que le Maroc ne peut plus tolérer et le dénoncera, le moment voulu,
devant le Conseil de Sécurité.
* Ces fonctionnaires devront assumer la responsabilité de leur position contre le
Maroc. Le Secrétariat et la MINURSO ont une obligation de neutralité, sinon le Maroc
n’hésitera pas à demander le départ de la MINURSO.
Réponses de M. Ladsous:
* II n’est pas d’accord avec la mise en cause de la neutralité, de l’impartialité et de l’intégrité
du Secrétariat.’Vest une accusation très grave. Ce sont des mots lourds ». Il n’est pas d’accord,
également, avec l’assertion qu’il y a un esprit anti-marocain au Secrétariat.
* II peut y avoir des maladresses, des erreurs, « on va voir ça de prés. On va en tirer les
conséquences « .
* II a essayé de minimiser l’importance des notes de briefing, « qui ne sont lues que par des
troisièmes secrétaires dans les Missions permanentes ». Il s’est engagé à regarder cette question de
prés.
* II a consenti que les références aux lettres du Maroc et aux personnes qui choisissent de
rester au Sahara à l’issue des visites familiales doivent être incluses.
* II a essayé d’expliquer la référence aux lettres du « polisario » par le fait que c’est un moyen
de faire parvenir sa position aux membres du Conseil. Les lettres du Maroc ne sont pas
mentionnées, car elles sont circulées aux membres du Conseil. (Ce que j’ai énergiquement
contesté car ces notes ne peuvent pas répéter, à chaque fois, les positions du « polisario », tout en
ignorant celles du Maroc, ainsi que ses réalisations au Sahara).
IV : Proposition de visite de M. Ladsous au Maroc:
M. Ladsous a proposé qu’en route vers la RCA, où il doit se rendre le 15 Septembre 2014,
pour la transformation de la Mission Africaine en Mission onusienne, il peut s’arrêter à Rabat
pour discuter de toutes ces questions avec les autorités marocaines. Cette visite pourrait voir lieu
le 11, 12 ou 13 Septembre. Je lui ai promis de soumettre sa proposition de visite aux autorités
marocaines.
V; Conclusions et commentaires ;
* Cette réunion a été très franche et extrêmement tendue. J’ai expressément insisté
sur la présence des collaborateurs de M. Ladsous, afin que le message leur parvienne
clairement et directement, et à travers eux, à l’ensemble du Secrétariat.
* M. Ladsous et son équipe étaient très surpris, voire même choqués de la teneur de
mes critiques et observations, ainsi que du ton sévère, dur et sans concessions à l’égard de
l’attitude hostile et partiale du Secrétariat et de la MINURSO.
exposées.
* Face à nos arguments, M. Ladsous a montré des signes d’énervement et
< div style="margin-bottom:0;text-align:left;">d’agacement envers ses collaborateurs, en les questionnant sur plusieurs aspects, en
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