« La France applique souvent, en termes de politique étrangère, le contraire de ce qu’elle prêche ». La sentence est de Salah Saoud, enseignant universitaire, chercheur, spécialiste en politique étrangère.
Si la France s’intéresse sans relâche aux pays du Maghreb, notamment, ce n’est pas sans raisons, selon le conférencier. Il évoque entre autres, l’intérêt économique, culturel sans omettre l’enjeu linguistique. Pour lui, la philosophie de la France est claire : elle considère que la région du Maghreb, sa principale fenêtre pour l’Afrique, comme « sa propre possession légitimée par le processus historique ». « La France n’a jamais eu et n’aura jamais de véritable politique maghrébine mais une politique sur mesure pour chaque pays d’une manière distincte », note-t-il.
Il signale que Paris, contrairement aux discours officiels, adopte une politique « séparatiste » vis-à vis- des pays du Maghreb. « La France n’œuvrera jamais pour la création de l’union du Maghreb qui a été toujours le cadet de ses préoccupations », estime-t-il. Et de mettre en garde : la France « est capable à tout moment de manipuler les frontières des trois pays afin de créer des problèmes provoquant un climat d’instabilité ».
Salah Saoudi ne croit pas trop aux « désaccords » semblants des pays occidentaux autour des pays du Maghreb. Pour lui, il s’agit avant tout d’un « partage de rôles et d’intérêt ». Et pour mieux faire appréhender cette politique française, il a mis en avant trois exemples d’actualité. D’abord, le Sahara Occidental. Il a indiqué que la position de la France, soutient indéfectible au Maroc, est restée inflexible sur la question et ce malgré un discours officiel prônant une solution dans le cadre de l’ONU.
Pour lui, il ne fait aucun doute que la France continuera, comme toujours, à soutenir la Maroc. Ensuite la crise malienne. L’universitaire estime que parmi les objectifs recherchés par Paris, figure en premier lieu l’installation des bases militaires dans la région du Sahel afin de mieux la contrôler. « Les dirigeants français estiment que les frontière réelles de leur pays se situent en fait dans les régions d’intérêt à l’image du Maghreb et certains pays d’Afrique », affirme-t-il C’est pourquoi, « la France fait tout pour y intervenir au cas d’un semblant danger. Elle le fait d’une manière indirecte, une sorte de colonialisme soft ou d’une façon indirecte comme c’est le cas en Somalie, en Irak et d’une manière flagrante en Libye », souligne-t-il.
Concernant l’Union pour la Méditerranée (UPM). Il soutient que le principal enjeu est de faire, une fois cette union effective, adhérer Israël comme membre à part entière. « La Méditerranée selon la conception française a toujours été un espace d’intérêt qu’il faut protéger », observe-t-il.
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