Sarkozy s’apprêtait à verser des millions d’euros à Al-Qaida

Les récentes prises d’otages ont été instructives à plus d’un titre sur la présence en force des services spéciaux français dans le Sahel, le Mali et le Niger, notamment. D’abord, les deux géologues enlevés à Hombari, au nord du Mali, sont des «mercenaires», et il y a de fortes chances pour que leur présence au Mali soit liée à la «récupération» des quatre otages enlevés, il y plus d’un an à Arlit, au Niger. À l’heure où le ministère des Affaires étrangères français marquait la zone de Kidal au rouge et interdisait de s’y rendre, ces deux hommes, au passé trouble, s’activaient frénétiquement entre Gao et Mopti, parfois sous escorte de la gendarmerie, mais souvent seuls. Selon nos sources au Mali, «ces deux hommes avaient décliné de fausses identités et se présentaient, selon les circonstances, comme géologues, anciens militaires ou encore touristes». 
 
En fait, Philippe Verdon et Serge Lazarevic, les Français enlevés, ne sont ni touristes, ni géologues, et les raisons de leur présence à Hombari restent floues. Selon des sources françaises, «Ils n’ont pas rempli leur fiche d’arrivée à l’hôtel «Dombia» où ils étaient descendus, mais leurs noms figurent sur l’ordre de mission de l’entreprise malienne qui les employait, Mandé Construction Immobilière». Cette société, dirigée par Djibril Camara, prévoit de construire dans cette ville du centre du Mali une grande cimenterie. Les deux hommes, pour ceux qui connaissent la nature de la circulation d’Européens en Afrique, ne peuvent opérer des actions, quelles qu’elles soient, sans l’autorisation de la Direction générale de la Sécurité extérieure. 
 
Un bref aperçu du parcours «sulfureux» des hommes les met net en position de «suspects». Aux Comores, Philippe Verdon s’était présenté comme un proche de l’ancien chef mercenaire Bob Denard. Une source gouvernementale comorienne avait affirmé que Verdon avait eu «des relations avec Bob Denard». Bob Denard avait reconnu avoir rencontré «plusieurs fois» Verdon à Paris. Selon lui, ce n’était «pas un soldat» mais un homme qui «faisait des affaires». Et les affaires en ces temps de course à l’Élysée, pour le président-candidat Nicolas Sarkozy, sont principalement le retour de tous les otages français chez eux. Cela le placerait en position de force vis-à-vis de François Hollande. Le coup du rapatriement de trois otages récupérés au Yémen, avec une intercession d’Oman, Sarkozy cherche à le rééditer au Mali. Son second compagnon, enlevé avec lui, Serge Lazarevic, est, selon les mêmes sources françaises, lui aussi, un ex-militaire, reconverti dans les « affaires africaines ». Des événements mentionnent son nom : d’abord, en Afrique, dans l’ex-Zaïre notamment, ou il s’est occupé de recrutement de mercenaires; en Serbie, ensuite, ou son nom apparaît dans la procédure judiciaire d’une sombre affaire, au cours de laquelle un réseau a été accusé d’avoir tenté d’assassiner Slobodan Milosevic. 
 
Des hommes de cet acabit ne peuvent circuler librement sans un ordre de mission de la DGSE, pour les connaisseurs des réseaux d’affaires et de missions de soussol, dans le Sahel surtout. De récentes révélations ont fait état du paiement par la société Areva, fleuron de l’industrie française à l’étranger et très liée à Sarkozy, de la rançon ayant permit la libération de Pierre Camatte, un autre « intermédiaire » lié à la Dgse, et enlevé par Aqmi avant d’être relâché. Toutes ces affaires démontrent, en vérité, et encore une fois, que les services spéciaux français ne s’encombrent pas de diplomatie quand il s’agit de mener à terme une mission. Quitte à se mettre sur le dos l’Algérie, qui souffre du recyclage des rançons dans une logistique de guerre qui se retourne à chaque fois contre elle. Quitte à négocier avec les preneurs d’otages comme s’il s’agissait d’une transaction commerciale ordinaire…

Fayçal Oukaci 

 
Le Courrier d’Algérie, 29/11/2011

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