Les raids de l’Otan : Loin d’être une réussite

Des études récentes montrent que les raids de l’Otan ne sont pas une réussite, contrairement à ce que l’organisation laisse entendre, selon un article du Guardian. Alex Strick van Linschoten et Felix Kuehn, deux chercheurs basés à Kandahar, ont montré que les rapports de l’Otan relatant le franc succès de leurs raids de nuit seraient en fait complètement exagérés. Ce serait pour donner l’image que la guerre qu’ils mènent en Afghanistan avance, mais en réalité, ces raids de nuit seraient bâclés. Pour un «leader» taliban tué, il y a aurait également une moyenne 8 autres personnes autour qui meurent.

Les résultats des chercheurs n’ont donc rien à voir avec les déclarations de l’Otan et «il y a toujours un grand nombre d’Afghans victimes de ces raids de nuit», explique Linschoten. Les deux chercheurs ont aussi révélé que les agents de l’Otan gonflent le nombre de chefs talibans tués ou emprisonnés qu’ils communiquent aux médias américains.

Dans un rapport pour le réseau d’analystes en Afghanistan, les deux chercheurs ont ausculté les communiqués de presse publiés par la Force internationale d’assistance à la sécurité (Isaf) de l’Otan de décembre 2009 à septembre 2011, pour créer le profil type des raids visant à capturer ou tuer les leaders talibans. Linschoten soulève également que le terme de «leader» employé dans ces communiqués, est «tellement vague qu’il ne veut plus rien dire». 

Les leaders sont en fait parfois seulement des «facilitateurs», c’est-à-dire des gens dont la maison a été occupée par des insurgés, par exemple. Un article du USA Today de mars 2011 relate les chiffres de l’armée américaine, selon lesquels 900 leaders talibans auraient été capturés lors de raids entre juillet 2010 et mars 2011. Pourtant, le rapport des deux chercheurs révèle que les chiffres du communiqué de presse ne comptaient que 215 leaders capturés, et 95 tués, 180 facilitateurs capturés et 10 tués, bien loin, donc, des 900 annoncés.

Une étude précédente, citée par le Guardian, avait d’ailleurs montré que de nombreuses personnes qualifiées de «leaders» capturées pendant ces raids de nuit, avaient en fait été libérées par l’Isaf par la suite. «Le terme ‘’leader’’ est utilisé afin de donner l’impression qu’il est porté atteinte aux têtes des talibans, mais cette prétention n’est pas conforme à la réalité». 

L’ancien commandant de l’Isaf, le général David Petraeus, était en charge des raids de nuit avant d’être nommé à la tête de la CIA. Le rapport montre qu’il utilisait des statistiques erronées pour prouver que l’Otan arrivait à éliminer les insurgés talibans. 
Le Quotidien d’Oran, 15 oct 2011

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