Résistances

par K. Selim
Gilad Shalit n’était pas un «otage», comme l’affirment de manière scandaleuse des médias français. C’est un soldat d’une armée qui occupe des territoires palestiniens et agresse continuellement un peuple. La précision s’impose. Les officiels français ont multiplié les mots de compassion et de dénonciation du Hamas sur le sort du soldat Shalit. Ils ne se sont jamais intéressés au sort du civil franco-palestinien Salah Hamouri, emprisonné par Israël pour ses opinions. La comparaison, absolument pertinente, entre les deux cas est très éloquente. La propagande sur le «pauvre» Shalit est dérisoire. L’essentiel est que les Palestiniens n’ont pas cédé aux pressions qui se sont exercées sur eux. Ils ont obtenu l’un des meilleurs accords possibles en échange de la libération d’un soldat qui était en opération. 
Les explications embarrassées d’Israël sur un Hamas qui serait devenu «pragmatique» ne méritent pas qu’on s’y étende. Pragmatique, le Hamas, comme les autres groupes palestiniens, l’a toujours été. Les médias occidentaux «découvrent» même que le Hamas peut agir de manière autonome, en fonction de l’intérêt palestinien, sans être ligoté par Damas et Téhéran. Quelle découverte ! 
Apparemment, les «spécialistes» ne savent plus quoi dire devant un accord qui est manifestement une réussite pour les Palestiniens. Haussons encore les épaules sur ceux qui tentent de rabaisser les choses en suggérant qu’un Israélien vaut 1027 Palestiniens. En réalité, cet accord procède d’une chose aussi vieille que le monde : le rapport de forces. La disproportion des forces entre Israël et les Palestiniens n’a pas besoin d’être expliquée. Comme tout peuple en lutte pour sa liberté, les Palestiniens doivent se battre dans un contexte difficile pour construire un rapport de forces par la résistance. Et celle-ci est multiforme, elle n’est pas que militaire, elle ne peut pas être purement diplomatique. 
Le Hamas sort-il gagnant de cet accord ? Il ne faut pas couper les cheveux en quatre, la réponse est «oui». Et on doit ajouter que ce n’est pas un cadeau d’Israël. Netanyahu ne cherche pas à renforcer le Hamas, il a seulement pris acte qu’il n’avait pas d’autres moyens pour sortir du cas Shalit. Il continuera de toute évidence à faire la guerre aux Palestiniens, pas seulement ceux du Hamas, mais également ceux du Fatah. Mahmoud Abbas est-il sorti gagnant en osant déposer une demande d’adhésion à l’Onu contre la volonté américaine? La réponse est «oui» aussi. On peut choisir de compter les «coups» de l’un et de l’autre et cela n’est pas forcément faux. 
Mais ce qui serait erroné, c’est de s’y arrêter. Car, que ce soit le combat pour l’adhésion à l’Onu ou pour la libération des prisonniers, ce sont bien «tous» les Palestiniens qui gagnent. Et il faut tirer absolument l’enseignement évident – mais hélas perdu en raison des divisions inter-palestiniennes – qu’une lutte de libération combine toutes les formes d’actions. Et que les Palestiniens amoindriraient leur capacité à changer le rapport de forces s’ils se privaient de l’un ou de l’autre. 
Il y a eu, sous l’illusion de la solution par la seule diplomatie qui a été entretenue par les Occidentaux et l’Autorité palestinienne, une division préjudiciable et inutile sur ces questions. Il est impératif que les Palestiniens reprennent le chemin de l’unité. Surtout à un moment où le mouvement des peuples pourrait changer l’ordre des choses.

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