L'année du "printemps", par Ahmed Halfaoui

Des Arabes et assimilés, dans ce conglomérat politico-idéologique en perdition, on n’invoque plus cette année que ce «printemps» comme nécessité quasi biologique. Il doit se produire et il n’y a aucun doute là-dessus. Des «experts», des «spécialistes», sont appelés régulièrement à la rescousse pour nous parler longuement et nous éclairer sur ce qui se passe ou doit se passer. S’il ne se produit pas quelque part c’est que le pouvoir a corrompu le peuple, parce qu’il y a des peuples qui se laissent corrompre contre eux-mêmes. Pour cela, comme en Libye, on l’implante à coup de bombes, ce nouvel engrais de la démocratie, pour qu’elle prenne et prospère quand elle ne trouve pas de terrain fertile. Parfois, il se produit sans que l’on se rende compte, on l’apprend par l’U.E, les Etats-Unis, la presse qui nous informent qu’il est passé et qu’il a apporté ses fruits, comme au Maroc où le roi a juste confirmé qu’il était le roi. 
 
Dans certains cas, on ne l’attend pas, on ne se pose pas de question et même qu’on ne voit pas pourquoi il devrait se produire. Là où il est en cours, par le peuple, il ne ressemble jamais à lui-même ou ceux qui le font ne croient pas qu’ils ont terminé le travail, mais ils ne comptent pas, ce n’est pas à eux de juger du «printemps» qu’il leur faut. Alors, qu’en leurs lieu et place on affirme le contraire. D’ailleurs, on peut les tabasser, les torturer, leur tirer dessus, pour qu’ils comprennent la chose. Du coup, on ne sait plus à quoi doit ressembler un «printemps», si tant est qu’on l’ait su un jour. Au cœur de la problématique, les dirigeants «arabes» ne sont pas vraiment ce qu’il faut, mais pas selon la même lecture que les partisans des «printemps» en vogue. D’ailleurs, il y a des «printemps» qui poussent sous le givre, du Pacifique à l’Oural, et dont on parle le moins possible. Ceux-là ils sont indésirables. Ils ont le défaut de viser l’origine de presque tous les malheurs de l’humanité. Il y en a un en particulier qui les surpasse tous par son ambition. Il n’a pas beaucoup de chance de s’accomplir, mais il a le mérite de désigner l’amont du glacier. 
 
Wall-Street, ce quartier d’où partent toutes les influences qui déterminent la famine ici, le chômage à côté ou la faillite là-bas. Ce qui n’a pas manqué c’est que «Occupy Wall-Street» se transforme en «Occupy Together» en s’étendant à des dizaines de villes des Etats-Unis, dont les banques sont devenues des centres de convergence. Malheureusement, les tabassages et les arrestations ne trouvent personne pour les dénoncer comme il se doit, comme on a pris l’habitude de voir. 
 
Les maîtres du monde ne tolèrent pas que chez eux on fasse comme chez les «Arabes». On ne joue pas avec ça. Les insurgés de Grande-Bretagne l’ont su à leur détriment, ceux de Grèce l’apprennent tous les jours et les travailleurs forcés de Hongrie n’y pensent même pas. Du 8 octobre au 15 octobre se tiendra le Forum international des «indignés» à Bruxelles. Un «printemps» mal-aimé des férus de «printemps» quand, paradoxalement, c’est celui-là qui fera ou ne fera pas que le monde changera.
Les Débats, 9 oct 2011

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