Dakhla est une ville du Sahara occidental sous occupation marocaine, sise au sud du royaume, sur le bord de l’Atlantique. Une belle station balnéaire où s’organisent sans discontinuer les passe-temps et autres activités attrape-nigauds que le Maroc sait si bien inventer aux touristes. Mais Dakhla vit depuis plusieurs jours un état de siège après les violents incidents de la semaine dernière.
Des colons marocains s’étaient attaqués aux populations sahraouies, tuant plusieurs d’entre eux, outre le saccage de leurs habitations et de leurs véhicules. Les forces de l’ordre ? Elles regardaient faire, disent les témoignages ! Depuis, Dakhla vit l’isolement, les autorités en interdisant l’accès jusqu’aux journalistes. Un isolement plus sévère que celui qu’endure Syrte, dans la Libye martyre, ce qui fait que l’opinion est mal informée sur le nouveau type de festivités que s’offrent les Marocains importés à Dakhla.
Les Sahraouis crient leur douleur, leurs dirigeants leur font écho, Sarkozy fait la sourde oreille et regarde ailleurs. Dakhla n’est pas Nefoussa et le Polisario, contrairement au CNT, n’a jamais promis de céder les richesses du pays, ne serait-ce qu’un 35 % du sable sahraoui. Non seulement Dakhla ne recevra aucun secours de la France officielle, mais Paris s’arrangera sans doute pour empêcher, comme à son habitude, la communauté internationale de protéger les droits humains constamment bafoués au Sahara occidental.
Bien sûr, Mohamed Abdelaziz, le président sahraoui, a dès le 26 septembre dernier saisi Ban Ki-moon, lui demandant d’agir vite pour «sauver de la répression marocaine la vie des civils sahraouis sans défense». Ce qui vient à propos puisque beaucoup de voix s’élèvent ces derniers temps en faveur d’un élargissement des prérogatives de la MINURSO à la protection des droits de l’homme. Ce à quoi Paris continuera probablement à s’opposer, à moins de transférer Dakhla et de la loger chez la clientèle du CNT dans le néoprotectorat qui se dessine plus à l’est. Dakhla brûlera alors les étapes et passera de la régionalisation au… fédéralisme. Dans de telles conditions, le CNT ne pourra que singer le trône et dire à son tour que les Sahraouis ont toujours été des Libyens.
M. Z.
mohamed_zaaf@yahoo.fr
mohamed_zaaf@yahoo.fr
Le Jeune Indépendant, 04/10/2011
Soyez le premier à commenter