Cela se confirme, tel que le chroniqueur l’avait déjà annoncé, les médiamenteurs sortent un à un du cercle dans lequel ils se sont fourvoyés. Ils auront cru jusqu’au bout que la «victoire» allait se confirmer et que les Libyens allaient finir par faire contre mauvaise fortune bon cœur et se soumettre à un fait qu’on voulait accompli. Mais au fur et à mesure que le temps passait l’incontournable épreuve des faits faisait son œuvre.
Le peuple résistait bien à une entreprise de colonisation par supplétifs interposés. Le dernier coup de poker fut cette «reconnaissance», de la désormais pitoyable Organisation des Nations Unies, qui voulait donner un coup de grâce à la résistance, comme si on pouvait éteindre par un simple décret la réalité d’une société en mouvement pour sauver sa dignité et réparer l’injure faite à son intégrité. Bien niais sont ceux qui ont continué de croire que la résolution onusienne allait mieux faire que les bombardiers génocidaires (après ça, que vaudrait une «reconnaissance» d’un Etat Palestinien?
Le journal «Les Echos» vient de rompre avec la duplicité inaugurée il y a sept mois de cela. Dans son édition du 19 septembre courant, il commet un titre fracassant : «La choquante parade prématurée des matamores franco-britanniques». Il vise, évidemment, cette pittoresque descente du Président français et du Premier ministre britannique en terre libyenne, où le «triomphe» a été à la hauteur des «cadres serrés» des caméras. L’article rappelle ensuite au lecteur les reproches faits à George Bush junior quant à ces «triomphes à la romaine largement injustifiés et démentis par la suite dans les faits».
Au passage, le rédacteur se dédouane en avouant bruyamment qu’«on s’est moqué de la résolution de l’ONU» et qu’«on a menti» et qu’en plus «on en est fier». Soit une attaque en règle contre une supercherie criminelle, que bien peu nombreux étaient ceux qui la dénonçaient dès le départ de feu, étouffés qu’ils étaient par la grosse artillerie des super médias. La suite achève de démonter le décor féérique d’une «révolution» qui n’en a jamais été une.
Le pronostic est lourd, très lourd. Le voici en entier : «Le comportement de matamore – à l’origine quelqu’un qui se vante de tuer des maures puis par extension des arabes et des musulmans – est prématuré. Rien ne dit que la Libye ne connaîtra pas un avenir irakien ou afghan. On peut même assurer que ce sera l’un ou l’autre, peut-être les deux à la fois. «Et puis il y a cet appel à l’éveil de tous, surtout à ceux qui, ici et ailleurs, encensaient l’intervention «démocratique» de la «communauté internationale» et insultaient ceux qui refusaient l’ingérence étrangère pour «libérer» les peuples.
Là aussi on ne peut pas ne pas citer cette superbe tirade : «Quand cette foule acclame les représentants des deux pays colonisateurs historiques du continent, faisant se retourner dans leurs tombes les libérateurs autochtones…. Cela devrait faire réfléchir certains». Sublime hommage aux habitants de Tripoli, de Syrte, de Bani Walid, de Bréga, de Sebha…qui, en ce moment, meurent et ne se rendent pas, qui rendent coup pour coup et qui feront peut-être que le futur pessimiste prévu par «Les Echos» sera conjuré.
Par Ahmed Halfaoui
Les Débats, 21/09/2011
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