En juillet et août 2011, il y a eu une très forte activité de pêche dans les eaux du Sahara Occidental, en particulier dans les environs de Dajla (Al Dakhla).
Rien que pendant la période du 15 au 20 août, au moins 28 navires pêchaient dans un rayon de 50 milles nautiques autour de Dajla. Les plus nombreux étaient de nationalité russe (8 navires), puis marocaine (7), et Belize (4). Trois bateaux immatriculés dans des états membres de l’UE.
Les navires russes et européens étaient des chalutiers pélagiques de très grande taille : de 88 à 120 m (longueur moyenne de 109 m). Ces chalutiers-pélagiques peuvent capturer plusieurs milliers de tonnes de poissons en 24 heures !
L’Union Européen, porte-drapeau de la pêche illégale dans le monde (1), étaient représentée par 3 chalutiers :
– Helen Mary (116 m de longueur) : Le grand chalutier pélagique allemand Helen-Mary (IMO = 9126364)
– Dirk-Dieterik (110 m de longueur) : Le grand chalutier pélagique hollandais Dirk-Dieterik (IMO = 8918318)
– Stende (104 m de longueur) : Le grand chalutier pélagique Stende de Lettonie (IMO = 8730429)
L’actuel accord de partenariat dans le secteur de la pêche conclu entre l’Union européenne et le Maroc est entré en vigueur le 28 février 2007. Le dernier protocole annexé à l’accord a expiré le 27 février 2011. Ce partenariat a apporté au Maroc une contribution financière de 36,1 millions d’euros par an, dont 13,5 millions destinés à soutenir la politique de la pêche du Maroc « afin de promouvoir l’exploitation durable de ses ressources halieutiques. ». Grâce à cet accord et au protocole, le Maroc a délivré des autorisations de pêche à des navires provenant de onze États membres de l’UE. Le 25 février 2011, les parties ont convenu de proroger le protocole pour une année supplémentaire (28.2.2011-27.2.2012), mais cette décision doit encore être ratifiée.
Mais il y a un problème, soulevé par plusieurs députés européens, à savoir que l’Accord de Pêche UE-Maroc est à la fois politiquement controversé et en violation du droit international. Une campagne internationale Fish Elsewhere! (« Allez Pêcher Ailleurs! ») demande à l’UE de modifier ses opérations totalement immorales, et d’aller pêcher ailleurs. Aucune pêche ne devrait avoir lieu au Sahara Occidental avant la résolution du conflit.
Malheureusement, le 29 juin 2011, le Conseil Européen des ministres a officiellement accepté de donner le feu vert à la très controversée et largement critiquée prolongation d’un an de l’accord de pêche de l’UE avec le Maroc. En votant cela, l’Union Européenne s’est divisée, avec seulement une majorité qualifiée pour croire que le Maroc ait fourni une preuve suffisante que le peuple sahraoui du Sahara Occidental bénéficie de l’accord de pêche. Sept États membres – la Suède, le Danemark, l’Autriche, la Finlande, Chypre, le Royaume-Uni et les Pays-Bas – n’ont pas accepté la proposition, parce qu’ils ne voyaient pas comment l’accord avec le Maroc bénéficiait au peuple du Sahara Occidental. Malheureusement, ces 7 Etats membres ne formaient pas une majorité qualifiée.
La position des opposants à un accord de pêche UE-Maroc est basée sur un avis juridique de l’ONU de 2002, qui liste non seulement les intérêts du peuple du Sahara Occidental, mais aussi leur consultation et consentement préalables comme exigence légale aux activités économiques dans le territoire. Comme il n’y a aucune preuve que le peuple sahraoui ait été consulté et qu’il bénéficierait de l’accord de pêche, ceci a abouti à l’appel par les services juridiques du Parlement Européen à un arrêt immédiat de l’accord en 2009.
Rappel : Aucun état au monde ne reconnaît l’annexion du Sahara Occidental par le Maroc. Et pourtant l’UE paye des milliers d’Euros par an au gouvernement marocain pour permettre aux navires européens de pêcher dans les eaux du Sahara Occidental. Le Maroc persiste à refuser de coopérer dans le processus de décolonisation du Sahara Occidental, et défie ainsi plusieurs résolutions de l’ONU qui exigent le respect du droit des Sahraouis à l’autodétermination. Selon l’ONU, les ressources naturelles du Sahara Occidental ne peuvent pas être exploitées sans tenir compte des vœux et intérêts du peuple du territoire Simultanément, les autorités marocaines commettent des violations des droits de l’homme contre les Sahraouis qui expriment leurs opinions politiques.
Aucun Etat de l’UE, pas plus que l’ONU, ne reconnaît de souveraineté marocaine sur le Sahara Occidental.
Les quelques 20.500 signataires de la campagne « Allez Pêcher Ailleurs! » demandent instamment à la Commission Européenne de mettre immédiatement un terme à l’octroi de permis aux navires de pêche européens pour les eaux du Sahara Occidental, et exigent qu’aucune opération de pêche européenne ne soit plus menée au Sahara Occidental jusqu’à ce qu’une solution pacifique soit trouvée au conflit. Pour plus d’informations, cliquer Cape-Cffa
(1) Pêche: l’Union européenne et les États-Unis s’entendent pour renforcer leur coopération dans la lutte contre la pêche illicite
Bruxelles/Washington, le 7 septembre 2011 – Un accord historique de coopération bilatérale ayant pour objectif la lutte contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (dite «pêche INN») sera signé aujourd’hui à Washington par Mme Maria Damanaki, commissaire européenne chargée des affaires maritimes et de la pêche, et Mme Jane Lubchenco, administratrice à la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA). Bien que l’Union européenne et les États-Unis collaborent depuis longtemps en matière de gestion des pêches, c’est la première fois qu’un accord de ce type est signé.
L’UE et les USA, qui se placent respectivement au premier et au troisième rang des pays importateurs de produits de la mer (devant et derrière le Japon) ont convenu que les produits de la mer qu’ils importent ne proviendraient pas de la pêche illicite. Au total, la pêche INN entraîne pour les pêcheurs et les collectivités côtières exerçant leurs activités en toute légalité un manque à gagner sur les produits de la mer et leurs dérivés qui peut atteindre jusqu’à 23 milliards $ par an.
«La pêche INN est une activité criminelle», a souligné la commissaire Damanaki, «il est donc de notre devoir de tout mettre en œuvre pour mettre fin à ces pratiques. C’est exactement ce à quoi tend l’accord signé aujourd’hui. Parce que nous unissons nos forces, ceux qui profitent de cet argent sale auront de plus en plus de mal à passer entre les mailles du filet.»…. Suite sur Europa
Source : Aquaculture, 19/09/2011
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