Par Nordine Mzalla
Ceux qui veulent ruiner la position d’Alger pendant ce conflit fratricide en Libye, profitant de la débandade du régime de Kadhafi, se précipitent de se tromper pour falsifier d’ores et déjà l’histoire. Que le CNT prenne le pouvoir ou non à Tripoli, on ne pourra ni parler de victoire à son actif ni louer sa légitimité.
Les faits sont toujours têtus et la conquête de la gestion du pays par les armes contre ses propres compatriotes ne pose jamais les jalons d’une démocratie irréprochable. Les grandes puissances le savent et le rappellent quand elles le veulent ou l’ignorent quand elles le désirent. En l’occurrence, ces derniers jours, on assiste à la vente concomitante de la chute du régime d’un dictateur avec le concept d’appui externe à la démocratisation du pays sous l’égide de l’ONU. Une vente qui ne trouvera pas beaucoup de clients chez les observateurs avertis. Surtout que ce président honni était encore courtisé par la France ou d’autres pays il y a quelques mois, malgré tous ses caprices étalés sous la kheïma.
A Alger, on ne se contentera pas de se réjouir de la fin du clan Kadhafi parce que la situation s’avère beaucoup plus compliquée et que, comme l’a énoncé le président sud-africain Jacob Zuma, l’OTAN demeure responsable de l’échec d’une solution pacifique en Libye. Dès lors, le triomphe de l’ingérence ne conviendra qu’à ses partisans qui la revendiquent et risque de surprendre le rebelle ivre de joie qui remercie, devant les caméras de télévision, le président Obama pour son aide… en attendant de découvrir les motivations de leurs alliés étrangers.
Quand les braves de Benghazi ou des autres patelins seront renvoyés dans leur campagne, que des tunnels auront été creusés de la nouvelle présidence vers quelques sièges d’ambassades pour une circulation discrète comme à Abidjan, on pourra alors évaluer la position de l’Algérie face au déchirement libyen. Pour l’heure l’euphorie peut masquer les enjeux.
Le Jeune Indépendant, 25/08/2011
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