Relations algéro-marocaines,Mohammed VI change de ton

Dans un message adressé hier au Président Bouteflika, il s’est dit «déterminé à surmonter les obstacles conjoncturels avec l’Algérie, dans un monde qui ne laisse pas de place aux entités fragiles».
Les relations algéro- marocaines restent des plus complexes car les intérêts communs ne manquent pas mais le conflit et la question de l’autodétermination du peuple sahraoui demeurent un obstacle politique difficile à dépasser. A l’occasion du 49e anniversaire de l’Indépendance de l’Algérie, le roi Mohammed VI n’a pas raté l’occasion pour afficher ses «intentions» quant à l’amélioration des relations entre les deux pays.
Dans un message adressé hier au Président Bouteflika, il s’est dit «déterminé à surmonter les obstacles conjoncturels avec l’Algérie, dans un monde qui ne laisse pas de place aux entités fragiles».
Il a également affirmé sa «ferme détermination à poursuivre l’action, de concert avec vous, pour surmonter les obstacles entre les deux pays voisins», lit-on dans son message.
Selon la même source, la coopération entre l’Algérie et le Maroc doit se réaliser dans le «cadre de notre Union maghrébine, en tant qu’option stratégique (…) dans un monde où dominent les groupements solides et qui ne laisse pas de place aux entités fragilisées».
Il faut souligner que l’Union maghrébine est bloquée depuis plus de vingt ans, et on ne sait pas comment Rabat va dynamiser ce qui reste de cette organisation.
D’autre part, dans une conjoncture difficile que traverse le monde arabe, dont le Maghreb, le Maroc n’est pas à l’abri du vent de révolte qui souffle sur la région. D’ailleurs, ce pays a vécu hier une protestation contre la nouvelle Constitution annoncée par le roi Mohammed VI.
Depuis le mois d’avril dernier, les officiels des deux pays ont échangé des visites qui demeurent au stade de la coopération économique. Mais il n’est pas question pour Alger de la réouverture des frontières terrestres fermées depuis 1994. Une réouverture qui serait, selon plusieurs spécialistes, beaucoup plus en faveur du Maroc que de l’Algérie, notamment du point de vue commercial. Jusqu’à présent d’ailleurs, le trafic illégal de quelques marchandises pose de sérieux problèmes aux services des Douanes algériennes. Selon les explications de Abdelaziz Belkhadem, ministre d’Etat, représentant personnel du président de la République, dans un précédent entretien à TSA, «l’Algérie a formé des commissions pour étudier la possibilité de rouvrir cette frontière et travaille sur ce dossier depuis 2002, date de la visite au Maroc de l’ex-ministre d’État Yazid Zerhouni. La frontière sera rouverte après la résolution des problèmes liés aux différents trafics. Cette réouverture ne doit pas constituer un danger pour l’économie nationale ni pour l’économie marocaine. Elle ne doit pas constituer un problème quelconque pour les deux pays».
En visite à Rabat le 25 avril dernier, Rachid Benaïssa, ministre de l’Agriculture, a déclaré que la frontière algéro-marocaine sera rouverte «tôt ou tard». Dans une déclaration rapportée par l’AFP, M. Benaïssa a déclaré : «Comme l’a dit il y a deux jours notre ministre des Affaires étrangères, cela arrivera tôt ou tard». «Nous sommes des voisins et des frères et nous œuvrons (…) pour le renforcement des relations bilatérales», a-t-il ajouté.
Suite à cette visite, un mémorandum d’entente a été signé, comme d’ailleurs trois accords sur la recherche agronomique et phytosanitaire, le 17 juin dernier à Alger.
Il a été annoncé en outre la venue en Algérie, avant la fin de l’année, de quelque 400 opérateurs privés marocains intervenant dans diverses activités agricoles et agroalimentaires pour étudier les possibilités de partenariat avec des hommes d’affaires algériens.
Il est à préciser que malgré le désaccord politique entre Alger et Rabat, une coopération économique et commerciale entre les deux pays a toujours existé, avec un volume d’échanges commerciaux de 720 millions de dollars en 2009 et 570 millions de dollars en 2008. Il y a donc une amélioration qui pourrait s’affirmer davantage.
Pour ce qui est du rapprochement politique, cela a commencé le 17 avril dernier quand le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a déclaré depuis Tlemcen qu’il n’existait pas de problème entre l’Algérie et le Maroc, appelant à renforcer la coopération avec ce pays. Il avait également déclaré : «Le problème du Sahara occidental est un problème onusien. Le Maroc est un pays voisin et frère. Il faut coopérer et nous devons coopérer (avec lui)».
Par Nacera Chenafi
Algérie 360, 05/07/2011

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