C’est un vieux conflit étouffé par Hassan II qui remonte à la surface Affaiblie économiquement malgré l’apport étranger, la monarchie est désormais assise sur un volcan qui menace d’entrer en éruption à n’importe quel moment.Le mouvement de contestation du 20 février n´est pas prêt à lâcher prise. Quatre mois après sa naissance, il continue de rallier davantage de soutien de la part d´une population qui se débarrasse, peu à peu, de l´emprise des partis politiques dont le rôle de modérateurs semble dépassé par les évènements. Né dans le tumulte provoqué par le soulèvement du peuple tunisien et les émeutes qui ont ébranlé de nombreuses villes algériennes, ce mouvement est en train de ratisser large dans les banlieues pauvres des grandes! villes marocaines. Ses initiateurs sont issus de tous les courants idéologiques qui traversent le pays; des islamistes aux communistes. Tout le monde est mobilisé pour exiger un changement rapide dans la gestion politique et économique du Royaume. Pour certaines personnalités proches du Makhzen, la situation est loin d´être alarmante dans la mesure où il ne s´agirait, selon elles, que d´un chahut qui se dissipera avec le temps.C´est ce qui ressort de manière plus subtile du discours officiel relayé par les médias qui soutiennent sans réserve la démarche du roi Mohamed VI consistant à opérer des aménagements dans la Constitution du pays. Cette façon de réduire la contestation populaire à un chahut n´est pas partagée par un grand nombre d´intellectuels et d´hommes d´affaires marocains qui y voient une lame de fond puissante pouvant mettre en péril la monarchie si les modes de traitement du malaise social ne sont pas à la hauteur des attentes.«En adoptant cette attitude pour ! le moins incompréhensible, le Palais royal ne se rend pas compte de la gravité de la situation», indiquent les observateurs de la scène politique marocaine affirmant que «le peuple marocain, dans son ensemble, n´est pas dupe. Il sait que dans les hautes sphères du pouvoir, des tiraillements commencent à se faire sentir et leur écho est arrivé, malgré le black-out imposé par les maîtres des lieux, et à sortir dans la rue». «Ce n´est certainement pas en réduisant la dimension du mouvement du 20 février que le régime réussira à épargner à la société les retombées d´une lutte de clans qui fait déjà rage», estiment en aparté des journalistes marocains. Le souverain, qui avait promis des réformes dans son discours du 9 mars dernier, est tout à fait conscient du poids du clan de Fès qui monte au créneau dans le sillage de la contestation, ont confié des sources au fait de la situation. Agissant comme un bloc soudé et impénétrable, ce clan aurait des comptes à régler avec la monarchie et non avec le roi en personne, ajoutent les mêmes sources! . Cette rivalité qui n´est pas née d´aujourd’hui remonte au temps du défunt roi Hassan II, précise-t-on encore. Ce dernier avait réussi à l´étouffer et à la limiter à l´aide d´un formidable arsenal répressif construit par un certain Driss Basri, mais aujourd’hui et à la lumière des évènements qui secouent cycliquement le Monde arabe, le clan de Fès qui se considère comme le socle de la monarchie marocaine a vraiment l´intention de revenir aux affaires et à un haut niveau après avoir été marginalisé durant des décennies. Dans ce contexte, la contestation née du mouvement du 20 février pourrait constituer un terrain favorable à cette «remise en question» constitutionnelle. Affaiblie économiquement malgré l´apport étranger, la monarchie est désormais assise sur un volcan qui menace d´entrer en éruption à n´importe quel moment et ne cesse d´alerter ses réseaux médiatiques afin qu´ils remettent sur la table la fameuse question de la réouverture des frontières terrestres avec l´Algérie. Selon eux, la réouverture permettrait au Palais royal de «souffler». Mais sur cette question, l´Algérie n´est pas prête pour le moment à cette éventualité comme l´a expliqué le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, lors d´une récente conférence de presse. Les relations ne sont pas au beau fixe, disent les mêmes sources. Et les tenants du pourrissement n´ont pas tardé à réagir en procédant au montage du scénario relatif aux mercenaires que l´Algérie aurait envoyés en Libye, tentant ainsi de saborder tout rapprochement avec ce pays et qui pourrait assurer au roi Mohammed VI une solution certes, conjoncturelle, mais suffisante pour ramener la tranquillité au niveau d´une grande partie du Royaume. Le roi a-t-il été piégé? De nombreux Marocains le pensent en n´hésitant pas à l´accuser, en tant que premier opérateur du pays, d´abandonner des pans entiers de l´économie marocaine entre les mains des réseaux affairistes et des milieux de la corruption et à grossir les rangs des ! mécontents. L´attentat de Marrakech symbolise, dans une certaine mesure, l´exacerbation des rivalités et démontre de façon claire la complexité d´une situation politique et sociale que le mouvement du 20 février n´a fait que révéler au grand jour.
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