Un bouledogue c’est venimeux ?

Alain Juppé, le digne successeur du légendaire Kouchner, devrait entamer aujourd’hui, mercredi, une visite de travail de deux jours en Algérie. Une visite qui «s’inscrit dans le cadre du renforcement du dialogue politique» entre les deux pays et participe de leur volonté commune d’édifier un partenariat d’exception qui soit à la mesure des liens multiformes qui les unissent en termes d’histoire, de voisinage et de densité des rapports humains», nous avisait lundi dernier, le département des A.E via l’APS après l’heureux rétablissement de la connexion avec l’agence. 
 
Dans leurs discussions, Juppé et ses hôtes, nous dit-on de même source, évoqueront notamment le cas de la Libye, le processus de paix au Proche Orient, la question du Sahara occidental, la lutte contre le terrorisme, les faux départs de l’UPM, les relations avec l’Union européenne et tous les restes. En somme, que de sujets qui… fâchent. Des sujets qui peuvent, à la limite, trouver audience et même être accueillis à coups de youyous, au pays de la Mamounia sur notre flanc ouest. En réalité, les divergences avec Alger importent peu pour Paris, Raffarin a fait l’essentiel, il était revenu le couffin comblé de contrats du souk algérien et c’est ça qui compte. 
 
Vingt-quatre heures avant l’arrivée de Juppé chez nous, le consul général de Russie, nous alerte : Paris travaille à envenimer les relations algéro-russes à travers une propagande tapageuse sur le scandale autour des MIG-29 vendus à l’Algérie dans l’objectif de refiler son Rafale à l’ANP. On ne sait pas si, à Alger, Juppé se fera marchand de canons, mais il pourra s’enquérir sur le marché des pick-up auprès des concessionnaires sur place. S’il s’intéresse encore à la question, Juppé que Roland Dumas -un autre diplomate français qui lui, jouit de l’amitié arabe- présente comme «un bouledogue qui réfléchit trop, jusqu’à l’erreur», saura que les autorités algériennes ont interdit la circulation des 4×4 dans les zones frontalières de la Libye. Mais au-delà des petites curiosités qui versent dans la provocation, que vient chercher Juppé dans un pays à l’approche différente ? Peut-être tout simplement l’appui d’Alger pour un «statut avancé» auprès de l’UA, ce qui atténuerait aux yeux de l’opinion le mépris d’une Afrique marginalisée chez elle, dans sa propre maison.
M. Z. mohamed_zaaf@yahoo.fr
Le Jeune Indépendant, 15/06/2011

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