Rabat s’agrippe à son plan d’autonomie

En refusant qu’il y ait une autre chose à discuter que son plan d’autonomie, Rabat bloque les négociations informelles, qui en sont à leur septième épisode, car le Front Polisario n’accepte pas ce diktat et veut que sa proposition soit également sur la table.
Devant l’intransigeance des négociateurs marocains, qui se sont accrochés au plan d’autonomie proposé par Rabat comme seule base des négociations, la septième édition des rencontres informelles entre les deux parties s’est achevée sans aucune avancée notable, si ce n’est la programmation d’un nouveau rendez-vous entre le Maroc et le Front Polisario le 15 juillet prochain. 

Tenue sous les auspices de l’envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental, Christopher Ross, en présence des délégations des deux parties, cette énième réunion à Manhasset aura uniquement permis selon le communiqué onusien de discuter des mesures de confiance entre les deux protagonistes, du moment que “les parties et les pays voisins ont confirmé leur soutien à la mise en œuvre dans les règles du programme d’action de 2004 et des visites familiales par voie terrestre, ainsi qu’au séminaire qui sera organisé par le Haut commissariat pour les réfugiés (HCR) à Madère (Portugal) en septembre 2011”. En effet, l’émissaire des Nations unies a clairement affirmé qu’ : “à la fin de la réunion, chaque partie a continué à rejeter la proposition de l’autre comme base unique des négociations à venir.” La même source a indiqué que les parties ont passé en revue la dernière résolution (1979) du Conseil de sécurité de l’ONU sur la situation au Sahara occidental et en particulier, les éléments nouveaux inclus dans cette résolution, précisant qu’elles ont souligné le “rôle central du processus de négociations et discuté des nouvelles idées énoncées par le secrétaire général” dans son dernier rapport à l’organe exécutif en avril dernier et endossées par ce dernier. Christopher Ross soulignera qu’ “afin de trouver une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable, qui pourvoit à l’autodétermination du peuple du Sahara occidental dans le cadre d’arrangements conformes aux buts et principes de la charte de l’ONU, les deux parties ont poursuivi l’approfondissement de la discussion des deux propositions, dont la question du corps électoral et les mécanismes d’autodétermination”. Il a également précisé que “les deux parties ont également entamé une discussion sur la manière d’aborder les sujets de discussions agréées, à savoir les ressources naturelles et le déminage, et ont demandé l’assistance des Nations unies pour proposer un cadre de réflexion pour les échanges à venir”. En dépit de cet échec, les États-Unis ont annoncé mardi qu’ils espéraient une “résolution pacifique” du conflit au Sahara occidental, soulignant que l’instabilité accroissait le risque de terrorisme. Mark Toner, le porte-parole du département d’État US a déclaré : “Nous voulons une résolution pacifique de cette situation”, parce que, a-t-il ajouté : “la poursuite de l’instabilité, comme nous l’avons vu dans de nombreux endroits du monde, est exactement le type d’environnement dont se nourrit le terrorisme”. Intervenant devant la presse à l’issue de la réunion, le chef de la délégation sahraouie, Khatri Addouh a affirmé que la consultation du peuple du Sahara occidental “est plus que jamais au cœur de la recherche d’une solution juste et durable du conflit” entre le Front Polisario et le Maroc. Quant à la teneur de ces discussions, M. Addouh a indiqué que ce nouveau round a porté sur les propositions de solutions présentées par les deux parties pour mettre fin au conflit de décolonisation du Sahara occidental. 

Dans ce cadre, il a précisé que l’attention a été consacrée sur la question du corps électoral, les mécanismes d’autodétermination ainsi que les idées énoncées dans le dernier rapport du secrétaire général de l’ONU sur le dossier du Sahara occidental en avril dernier. La situation des droits de l’homme au Sahara occidental, le libre accès au territoire pour les ONG, la presse et les observateurs internationaux ont été soulevés par la délégation du Front Polisario “qui a appelé à l’arrêt de la répression contre les citoyens sahraouis sans défense et à la libération de tous les détenus politiques dans les prisons marocaines”, a conclu le chef de la délégation sahraouie. 
Liberté, 09/06/2011

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