France – Maroc : Un amour qui tue

L’Attentat de Marrakech est la dernière version de la comédie du Makhzen, à l’instar des attentats précédents au Maroc.

A chaque fois qu’il est contrarié par le cours des évènements, le gouvernement marocain  recoure aux faux attentats et à la menace du terrorisme. Tous les analystes coïncident à affirmer que le plus grand gagnant de cet attentat est le Makzen parce qu’il « permettrait à une partie du pouvoir de reprendre la main, de décrédibiliser les islamistes et de maintenir une certaine pression sécuritaire sur le peuple marocain tout en le détournant de ses velléités démocratiques auxquels il semblait jusqu’à présent farouchement accroché », selon l’experte Anne Giudicelli, directrice de Terrorisc, un cabinet de conseils sur le terrorisme international. Elle ajoute qu’« il n’est pas exclu que des mains étrangères (…) aient pu vouloir mettre en avant cette piste AQMI pour impacter l’instabilité des régimes face aux réformes ».

Les preuves s’accumulent contre le pouvoir au Maroc :

– AQMI, dans un communiqué envoyé à l’Agence d’Information de Nouakchott, a démenti être derrière ce crime.

– Le Makhzen a dû retirer la vidéo d’Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) postée sur Internet trois jours avant l’attentat dans laquelle l’organisation menaçait le Maroc. Il s’agit en réalité d’un extrait d’un film de cette organisation datant de 2007, selon deux experts français des questions de terrorisme. Avec cette vidéo, Rabat a voulu privilégier la piste d’AQMI

Une autre vidéo publiée dans les jours précédents l’attentant de Marrakech pour alerter sur une éventuelle attaque terroriste a aussi été datée de janvier 2011. « Cela est quelque chose de trop inhabituel », avait affirmé un autre spécialiste à l’agence AFP. « AQMI n’a pas l’habitude d’annoncer ses actions ».

– Comme affirmé par Mohamed Fadil Redouane, spécialiste de l’islamisme au Maroc, doctorant à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes (Paris-Sorbonne) « le Maroc est connu comme un pays relativement stable, et les attentats les plus célèbres sont ceux du 16 mai 2003 à Casablanca, qui avaient fait une quarantaine de morts. Le problème a toujours été d’identifier les auteurs de ces attentats. On a accusé et condamné quelques milliers de membres du mouvement de la Salafiya al-jihadiya, mais (…) c’est un mouvement qui s’est structuré en prison après ces vagues d’arrestations, et les preuves quant à leur culpabilité n’ont jamais été vraiment déterminantes ».

Anne Giudicelli constate, pour sa part qu’il a « de la peine à comprendre pourquoi les membres de la Salafiya al-jihadiya auraient perpétrés un tel acte de violence dans un contexte qui leur était de plus en plus favorable, avec une certaine compassion populaire, des revendications légitimes et la libération de plus en plus de leurs membres. De nombreuses questions restent pour l’instant sans réponse, mais des centres de pouvoir internes sont, selon moi, un commanditaire tout aussi crédible que la piste islamiste ».

Si certains milieux marocains et espagnols soutiennent que le gouvernement marocain se trouve derrière les attentats de Casablanca en 2003 et Madrid en 2004, les détails rapportés par l’investigation sont loin de réconforter les thèses de Rabat. La méthode utilisée pour activer la charge explosive dans l’attentat de Marrakech était la même que celle utilisée le 11 Mars 2004 pour faire exploser les trains de Madrid.

La police scientifique a trouvé dans le café de Jamaa El Fna des fragments de deux téléphones portables utilisées comme détonateur des bombes cachées dans des sacs-à-dos déposés au Café d’Argana par un terroriste. L’un de ces téléphones est de la marque Alcatel, dont le modèle One Touch a été utilisé à Madrid.

– Après l’attentat, le gouvernement marocain n’a pas augmenté le niveau d’alerte de sécurité et la France ne le lui a pas demandé. Au contraire, le Roi d’Espagne est invité pour séjourner à Marrakech et à visiter le lieu de l’attentat.

La vague timide de réformes au Maroc menace particulièrement le Roi, et ses deux dauphins, Fouad Ali El Himma et Mounir Majidi.

La question de l’heure est de savoir ce que dira Mohamed VI au président Sarkozy pour justifier la mort de civils français innocents venus passer leur congé au Maroc, ou de ce que les deux hommes ont convenu de dire à l’opinion natinale française et marocaine.

Pour l’instant, ils n’ont pas eu de meilleure idée que celle de signer un texte affirmant qu’ils se sont sacrifiés sur l’auteuil d’une « amitié rare et intense ». N’a-t-on pas dis qu’il y a des amours qui tuent?

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