Deux affaires qui interpellent le CNDH

Quel danger constitue pour le Makhzen la jeune Farah Abdelmoumni pour que des policiers prennent la peine de la cambrioler à l’intérieur de la zone internationale d’un aéroport ? Quel crime a-t-elle commis pour qu’elle se fasse voler par des membres des forces de l’ordre, ou plutôt du désordre, son passeport et sa carte de séjour ? Qui a planifié et ordonné cet acte de brigandage, dont le but, vicieux et évident, est de priver cette jeune femme de sa scolarité en France pour la punir de son militantisme dans un mouvement qui demande pacifiquement la démocratisation du Maroc ?

Ces questions, tous les vrais démocrates marocains doivent se les poser après la mésaventure de cette jeune étudiante qui s’est fait soustraire ses documents d’identité non pas par des pickpockets professionnels, mais par des délinquants en uniforme dont le rôle est pourtant de protéger et de servir le citoyen.

Après l’incarcération pour des faits de presse du directeur d’Al Massae, quoi qu’on pense du personnage et de ses articles, l’affaire Farah Abdelmoumni, qui en cache sûrement des milliers d’autres, sonne comme un rappel. Comme pour nous aviser qu’au Maroc règne encore et toujours le fait du prince et que toutes ces promotions publicitaires vantant « l’imparable démocratisation du Maroc », une « réelle ouverture du régime », « l’avénement d’un véritable Etat de droit », et j’en passe, ne sont en fait que de la poudre aux yeux pour attirer la bienveillance et la protection, indispensables en ces moments de grands périls pour les dictateurs arabes, des Occidentaux.

Mais ces deux affaires, Al Massae et Abdelmoumni, ont au moins le mérite d’interpeller le Centre national des droits de l’homme (CNDH) dirigé par Driss El Yazami et Mohamed Sebbar, dont le rôle, selon ses statuts, est la «protection des droits de l’homme ».

Si c’est le cas, alors, plus que jamais, nous avons besoin que ces deux vieux briscards des droits de l’homme parlent. Qu’ils partagent avec nous leur opinion sur ces deux affaires. Nous ne demandons pas qu’ils interviennent discrètement pour « arranger les choses », mais qu’ils disent ce qu’ils pensent de ces méthodes qui vont à l’encontre de tout ce qu’ils défendent publiquement.
Ali Lmrabet
Demain Online, 06/05/2011

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