Née le 24 juillet 1966 ou 1967, Aminatou Haidar est une activiste sahraouie soutenant l’indépendance du Sahara occidental, territoire contesté, actuellement contrôlé par le Maroc. Elle est également la présidente du Collectif des défenseurs sahraouis des droits de l’homme (CODESA). Depuis 1987, l’activiste lutte pour la cause sarhaouie. A 20 ans déjà, Aminatou Haidar était arrêtée pour la première fois après une manifestation violemment réprimée à Laâyoune. Elle sera portée disparue jusqu’en 1991. A sa remise en liberté, la jeune militante parcoure le monde et multiplie les initiatives en faveur du peuple sarhaoui. En 2005, lors d’une manifestation à Laâyoune, elle est blessée et emprisonnée durant sept mois. Pendant sa détention, le 11 octobre 2005, le Parlement européen adopte une résolution demandant officiellement sa libération. A l’issue de sa peine, en janvier 2006, Aminatou Haidar reçoit un passeport marocain et entame une tournée internationale qui la conduit notamment à témoigner devant la Commission coopération et développement du Parlement européen. «N’eût été votre solidarité, votre interpellation des autorités marocaines, je ne serais peut-être pas là aujourd’hui. Mais mon cas n’est pas unique», explique-t-elle alors aux membres de la Commission. Le 13 novembre 2009, de retour de New York où elle a reçu le prix du courage civique de la Train Fundation, Aminatou Haidar a marqué sur sa fiche d’entrée au Maroc qu’elle était résidente au Sahara occidental et a laissé vide la section «Nationalité». Elle fut auditionnée par un procureur marocain et expulsée vers Lanzarote, dans les Îles Canaries. Après un mois de grève de la faim à l’aéroport de Lanzarote (Îles Canaries), la militante sahraouie a pu regagner Laâyoune le 18 décembre 2009.
Elle a déclaré plus tard qu’elle ne visitait pas le Maroc mais le Sahara occidental. Elle refuse d’accepter que le Sahara occidental fasse partie du Maroc. «Ils veulent me contraindre à accepter que le Sahara occidental fasse partie du Maroc», avait-elle déclaré le 14 novembre 2009 à des journalistes. Lors de son arrivée à l’aéroport de Laâyoune à partir de Gran Canaria (îles Canaries), elle était accompagnée de deux journalistes espagnols Pedro Barbadillo et Pedro Guillén, afin de réaliser un documentaire sur les atteintes aux droits de l’homme au Sahara occidental. Les deux journalistes ont été arrêtés pour avoir filmé l’enceinte de l’aéroport sans autorisation. Les autorités marocaines affirment que Haidar a refusé d’accomplir les formalités d’entrée au Maroc, a déclaré qu’elle renonçait à sa nationalité marocaine et a volontairement signé un document de renonciation et rendu son passeport ainsi que sa carte d’identité. En réponse à ces affirmations, elle a été expulsée avec les deux journalistes qui l’accompagnaient vers Lanzarote (îles Canaries). Elle a finalement été arrêtée et expulsée, ses documents lui ont été confisqués. La presse officielle marocaine déclarera plus tard qu’elle avait renoncé à sa nationalité. Selon El Pais, Haidar a informé le pilote du vol la conduisant à Lanzarote qu’elle n’avait pas de titre de voyage et qu’elle était contrainte à prendre ce vol. Après avoir hésité, le pilote a décollé après avoir reçu l’accord des autorités espagnoles. Lors de son arrivée, Haidar a demandé l’intervention urgente du secrétaire général des Nations unies afin d’assurer sa protection personnelle.
Retour au Sahara occidental
Le vendredi 28 décembre 2009, après 32 jours de grève de la faim et après une brève admission dans une unité de soins intensifs de l’hôpital de Lanzarote, la BBC annonce qu’Aminatou Haidar est retournée chez elle vers 1h du matin. Craignant apparemment d’être enlevée, elle a refusé de monter dans l’ambulance qui l’attendait. Elle est finalement retournée chez elle dans une voiture appartenant à sa famille et qui a été retardée jusqu’au matin par la sécurité de l’aéroport. Lors de son retour, Rabat publiait un communiqué indiquant avoir accédé à la demande «de pays amis et partenaires», pour des raisons «strictement humanitaires», tout en fustigeant Aminatou Haidar, «dont les agissements ne sont pas liés à la promotion des droits de l’homme», ainsi que le front Polisario.
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