Les décideurs du Conseil de sécurité se sont une nouvelle fois montrés insensibles à leurs cris de détresse face à la machine répressive de Sa Majesté le roi Mohammed VI. Pour une année encore, il n’y aura point de mécanisme de surveillance des droits de l’homme dans les territoires occupés, pas plus qu’un élargissement du mandat de la Minurso à la protection du peuple sahraouis. Le Conseil de sécurité, notamment ses cinq membres permanents, en a décidé ainsi. Il a, en effet, adopté hier une résolution qui s’est contentée de proroger pour un an le mandat de la mission de l’ONU au Sahara occidental (Minurso) jusqu’au 30 avril 2012. Comme chaque année, ce Conseil a appelé cyniquement le Maroc et le Polisario à «intensifier leurs négociations».
Comme si le problème résidait à ce niveau, alors que les deux camps campent sur leurs positions quasiment irréconciliables. Une façon bien légère, voire irresponsable, d’entretenir le statu quo qui profite au Maroc. Quant aux Sahraouis, encerclés et massacrés dans leur territoire tout comme ceux qui croupissent, sans procès, dans les geôles marocaines, ils doivent encore attendre que soit appliquée, un jour peut-être, cette arlésienne «légalité internationale». La France et les Etats-Unis, qui n’ont pas hésité à bombarder la Libye sous l’étendard des droits de l’homme pour «protéger les civils», et qui s’apprêtent à avertir demain le régime de Bachar Al Assad au sein du Conseil des droits de l’homme du même «machin» de l’ONU, ferment les yeux sur le martyre du peuple sahraoui. Mais est-ce vraiment une surprise que ce Conseil injuste «ponde» une résolution aussi inique quand on connaît le rôle de Paris qui couvre de son parapluie diplomatique toute tentative de sanctionner le régime de son ami le roi ? Evidemment non. Alors, Gdeim Izik ou pas, Rabat est assuré que ses sous-traitants (la France et les Etats-Unis) à New York font le boulot pour lequel ils sont grassement payés. C’est-à-dire bloquer toute résolution à même de freiner la politique répressive du «commandeur des croyants».
Et pour se faire, la France a poussé le ridicule cette fois jusqu’à présenter le Maroc comme étant un pays «modèle» en termes de respect des droits de l’homme et de réformes politiques. Il faut reconnaître que sur ce coup-là, la France s’est couverte de ridicule même si elle le fait pour ses intérêts (très) bien compris au Maroc où ses responsables ont tout acheté…
Son ambassadeur à l’ONU, Gérard Araud, justifie le silence de la résolution sur les atteintes aux droits de l’homme par «un nouveau contexte politique» au Maroc, dont lui seul semble capter la révolution démocratique. Il fait référence aux mesures prises par le roi «dans le domaine des droits de l’homme non seulement par la création d’institutions marocaines mais aussi en ouvrant le Maroc à tous les rapporteurs des droits de l’homme, et le Conseil en a tenu compte».
On aura compris, pour le diplomate Français le Maroc va désormais pouvoir régler ces « histoires» d’atteinte aux droits de l’homme par ces nouvelles institutions dès lors qu’il s’agit d’une affaire «interne» au royaume. Mais c’est justement à ce niveau que le problème se pose. Il est vrai cependant que cette «explication» est cohérente avec la position de la France qui défend bec et ongles le plan d’autonome marocain et combat autant le référendum sur l’autodétermination du peuple sahraoui. Seul «consolation» dans la résolution, le Conseil de sécurité admet que le conflit sahraoui est dans «l’impasse». Et pour cause !
Hassan Moali
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