The wall of shame is horrible image of the occupation» (le mur de la honte est une image horrible de l’occupation, ndlr) est écrit en rouge foncé sur une banderole géante brandie par deux manifestants sahraouis jeudi dernier à Mahbès, les territoires libérés du Sahara occidental.
Ils étaient des centaines de Sahraouis et de sympathisants de la cause sahraouie, venus de plusieurs pays européens, d’Afrique et d’Amérique latine, à se joindre à ces jeunes et former une chaîne humaine face à ce «symbole de la colonisation». Des Espagnols, des Italiens, des Norvégiens, des Allemands, des Cubains, des Sud-Africains, des Guinéens, des Vénézueliens, des Mauritaniens et des réfugiés sahraouis se sont alignés face à ce mur à Mahbès pour demander son démantèlement. Membres essentiellement d’associations de la société civile, ils ont dénoncé dans de nombreuses banderoles ce «symbole de la colonisation marocaine du Sahara occidental». Ce mur divise, à ce jour, le peuple du Sahara occidental depuis 1980.
Un rempart militaire truffé de millions de mines antipersonnel et défendu par des milliers de soldats armés jusqu’aux dents. Debout à près de 500 mètres face à ce mur pour se protéger du danger des mines, les manifestants scandaient des slogans anticoloniaux et en faveur de l’autodétermination du peuple sahraoui. Ainsi répétaient-ils à tue-tête «Non à l’autonomie, l’autodétermination est proche». «Il est du droit du peuple sahraoui de briser ce mur de la honte pour vivre sa liberté», lance Itziar Fernandez, une Basque habituée des camps de réfugiés qui est à la tête d’une association de solidarité avec le peuple sahraoui depuis une vingtaine d’années. Son amie, Angeles Mosequi, venue de Catalonia, est aussi parmi ces nombreux Espagnols qui sont revenus plusieurs fois sur les lieux pour dénoncer, dit-elle, la «honte humaine». Ce n’est pas le cas pour Maria Navaro qui vient de découvrir les camps de réfugiés de Tindouf.
Venue pour enseigner dans les camps dans le cadre du projet «Sahara parle espagnol», Maria dit vouloir marquer sa présence à cette manifestation pour «appuyer la cause sahraouie et découvrir le mur et crier pour son démantèlement». «Le cris des femmes sahraouies sont forts et on sent une impuissance devant cette injustice qui a duré aussi longtemps», déplore-t-elle. Marco Balboni, professeur à l’université de Bologne, est convaincu, quant à lui, que «tôt ou tard, ce mur tombera». «Voir le mur, c’est toujours une expérience, car celui-ci empêche l’intégration et la paix», estime cet universitaire venu dans les camps avec l’ONG CISP qui est spécialisée dans la coopération humanitaire et technique pour donner des cours sur la protection internationale des doits de l’homme.
A ce titre, il dira : «Je tenterai d’expliquer aux populations des camps de réfugiés comment les gens doivent utiliser les droits internationaux pour se protéger.» «Le mur est un mépris, une honte il n’est pas humain», pense, pour sa part, Rebeca. Cette étudiante en relations internationales à Camplutia (Madrid) et membre de l’ONG, organisatrice de la Chine humaine 2011, dont le mot d’ordre «Sahara resistancia y dignidad» (Sahara, résistance et dignité), estime aussi que «c’est un mur médiatique, car c’est un symbole de la répression marocaine».
Rabah Beldjenna
Sahara occidentale.
De notre envoyé spécial
El Watan, 23/04/2011
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