Sit-in jeudi devant le mur de la honte : La France fustigée

Des militants sahraouis, amis de la Cause sahraouie, ainsi que nombre de citoyens sahraouis venus des différents camps des réfugiés de Tindouf se sont donnés rendez-vous ce jeudi dans la localité de El Mehbès, dans les territoires libérés pour dénoncer «le mur de la honte» érigé par le Maroc dans les années 1980 pour séparer le Sahara Occidental. Des centaines de personnes ont en effet tenu un sit-in jeudi à environ 400 mètres du Mur. Un rassemblement plus significatif selon les organisateurs. 
 
Ce même rassemblement auquel ont pris part des organisations non gouvernementales italiennes, espagnoles et autres journalistes et représentants de délégations venus des pays amis de la RASD (République arabe sahraouie démocratique) pour prendre part au 6e congrès international des femmes sahraouies se veut un message clair et fort au régime colonial marocain. «Ce n’est pas ce «mur de la honte» qui séparera les Sahraouis ni encore moins les territoires sahraouis. Ce peuple est uni et indivisible», scandaient sans cesse les participants à cette manifestation. 
 
Arrivés sur place aux environs de 11h (deux heures et demies de marches de Tindouf), les militaires sahraouis étaient déjà là. Première consigne : ne jamais prendre le risque de trop s’y approcher. Et pour cause : tous les parages, étant un champ miné, représentent ainsi un grand danger pour les participants donc le mieux est de prendre toutes ses précautions et d’éviter que le pire arrive. Quoi qu’il en soit, ils étaient nombreux à avoir répondu à l’appel de la justesse de la Cause sahraouie et à s’y rendre. Que ce soit à travers les hauts parleurs ou même les banderoles exhibées ici et là, les sahraouis n’ont qu’un objectif : aller jusqu’au bout de leur quête et ainsi arracher leur indépendance et retrouver leur intégrité territoriales. 
 
D’ailleurs, sur l’une d’entre elle on peut lire : le mur de la honte est une image horrible de l’occupation. Pour leur part, les différents représentants des organisations non gouvernementales ayant pris la parole, et après près d’une heure passée à crier haut et fort contre l’occupation marocaine, étaient unanimes à dénoncer la position de la France qui encourage à leurs dires de faire du Maroc un enfant gâté. Selon eux, ce membre permanant au conseil de sécurité, qui est la France, devrait se pencher plutôt sur les violations des droits humains commis par les forces coloniales du Maroc dans les territoires sahraouis que d’encourager le monarque marocain à aller de l’avant dans sa politique répressive en lui garantissant l’impunité. 
 
La position de l’Espagne officielle a été également critiquée. «De part sa responsabilité historique, l’Espagne est en mesure d’amener le Maroc au respect des droits humains au Sahara occidental. Il suffirait juste d’une réelle volonté politique pour y parvenir», nous dira une représentante d’une ONG espagnole, Iziar Fernadez. «La France a trop exagéré». Une affirmation qui en dit beaucoup pour Marco Balboni, enseignant de droit à l’Université de Bologne, en Italie. Ce dernier, qui a pris part au sit-in de ce jeudi tenu devant le Mur de la honte, a indiqué dans ce cadre que la France est entièrement responsable des souffrances vécues au quotidien par les populations sahraouis. Selon lui, puisque la France jouit d’un droit de véto au Conseil de sécurité, elle devrait s’y appuyer à des fins pacifiques et non à encourager le chauvinisme aveugle du Maroc qui tourne le dos à chaque fois aux résolutions des Nations Unies. 
 
Abordant la position italienne, Marco Balboni a estimé qu’il est difficile pour lui de se prononcer à titre officiel, mais ce qui est sûr et même certain selon lui c’est que les Italiens, du moins une grande partie, sont conscients de la justesse de la Cause sahraouie ainsi que le droit indéniable des Sahraouis à l’auto-détermination. Cet enseignant universitaire a assuré qu’eu égard aux circonstances actuelles, la création d’un nouveau mécanisme pour la surveillance des droits humains au Sahara occidental demeure l’une des solutions que les Nations Unies doivent envisager. À noter enfin que le mur de la honte (appelé mur des sables, mur de défense marocain, mur de sécurité par les marocains) est une barrière de séparation érigée au Sahara occidental par le Maroc à partir d’août 1980 et achevée en 1987 afin de se protéger contre les incursions du Front Polisario. Le mur est défendu par environ 100 000 soldats marocains. L’édification du mur de 2 400 km s’est faite sur plusieurs étapes. 
DE EL MEHBES (DANS LES TERRITOIRES LIBÉRÉS DU SAHARA OCCIDENTAL), FARID HOUALI

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