Sahara Occidental : Le statu quo béni

Trente-cinq ans après son invasion militaire par les forces de la Mauritanie et du Maroc, le Sahara occidental n’est toujours pas décolonisé. Contrairement à Nouakchott, Rabat n’entend pas lâcher prise. Pis, au Sahara occidental, le roi refuse d’aller à la solution référendaire contenue dans tous les plans de paix internationaux qu’il a pourtant souverainement entérinés. 
En trente-cinq ans, le royaume n’a pas non plus su ou pu convaincre les Sahraouies d’être ou de devenir des sujets du roi. Bien au contraire, les Sahraouis des territoires occupés ne cessent de manifester leur nationalisme et leur aspiration à l’indépendance depuis le déclenchement de leur Intifada en mai 2005. La répression bestiale, les arrestations, les tortures, les destructions et la mort n’ont pu en venir à bout. Bien au contraire, la volonté sahraouie se fait plus forte, comme le démontrent l’action de Mme Aminatou Haider et la multiplication des «camps de protestation» dans les territoires occupés, à l’image de Gdeim Izik. Des actions qui font la preuve de l’échec des politiques marocaines suivies jusqu’ici vis-à-vis d’une population peu nombreuse, il est vrai, mais marquée par une révoltante discrimination en faveur du colon marocain. Un clivage qui s’approfondit entre les deux nationalismes, d’autant que les colons marocains participent physiquement à la répression des autochtones aux côtés des forces du roi quand le makhzen y exhorte. Mais le Sahara occidental, c’est comme la Palestine : les colonisateurs y répriment impunément. L’axe du mal y empêche la solution et y préserve le statu quo dans un vieux scenario qui perdure depuis trois décennies et qui risque de s’étendre à la Libye sœur si l’on n’y prend garde, puisque les acteurs sont ceux-là mêmes qui ont aidé le Maroc à construire son mur de la honte qui coupe le territoire sahraoui en deux sur une longueur de plus de 2 000 kilomètres. 
Rien ne dit qu’un mur ne viendra pas séparer Benghazi de Tripoli, cette fois, puisque les spécialistes des «murs» rôdent dans le coin. A Berlin ils les détruisent, chez nous ils les construisent. N’est-ce pas assez significatif ? Du côté de Benghazi on mobilise l’OTAN et les supplétifs arabes pour protéger les lieux pétrolifères. Au Sahara occidental, on met le veto pour protéger un… sultan coloré. 

M. Z. mohamed_zaaf@yahoo.fr
Le Jeune Indépendant, 23/04/2011

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