Jamila Sidahmed Dembar raconte l’assassinat de son frère

En visite à Alger, des militants sahraouis des droits de l’Homme ont affirmé lundi, que le Forum social mondial (FSM), tenu début février à Dakar, a révélé au monde entier la justesse de la cause sahraouie et l’ampleur de la répression exercée par le Maroc à l’encontre du peuple sahraoui. Al’Khelifi Nahbouha, membre du Comité des mères des disparus sahraouis a indiqué que le Forum de Dakar était une réussite, ajoutant que les participants ont condamné avec force les violations marocaines des droits de l’Homme dans les territoires occupés en particulier au camp de Gdim Izik, près d’El-Ayoun Layoun. Hassan Ali, militant des droits de l’Homme a tenu à préciser quant à lui, que l’agression marocaine contre le camp de Gdim Izik, a mis à nu la réalité de l’occupation marocaine au Sahara Occidental.

De son côté, un membre de la délégation sahraouie, Sidi Sbaïa a estimé que l’Intifadha de Gdim Izizk n’était pas motivée par des revendications sociales seulement, mais visait à affirmer le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et l’édification d’un État indépendant. Dans son intervention, l’ambassadeur sahraoui à Alger, Ibrahim Ghali a salué la résistance populaire pacifique dans les territoires occupés rendant hommage à la position constante de l’Algérie. Du vacarme des débats engagés lors du Forum social mondial (FSM) à Dakar sur un nouvel ordre mondial, la voix d’une femme sahraouie, en quête de justice et de vérité, s’est élevée pour demander que la lumière soit faite sur l’assassinat de Saïd Sid-Ahmed Abdelouahab Dembar, froidement tué par un policier marocain à El- Ayoun. Se rappelant de cet acte raciste et inhumain qui a fait taire à jamais son frère qui luttait dans les territoires occupés, à l’instar de milliers de Sahraouis pour l’indépendance et l’autodétermination, Djamila Sid-Ahmed Dembar a fait un témoignage poignant sur ce meurtre.

Jamila qui s’exprimait, lors d’une conférence sur les violations des droits de l’Homme dont est victime le peuple sahraoui sur sa propre terre, a indiqué, en citant le médecin qui supervisait l’état de santé de son frère Saïd, âgé à peine de 26 ans, que la mort de ce dernier a été occasionnée par une balle à la tête, et plus précisément entre les yeux. Le récit de cette femme affectée par la perte d’un être cher a été longuement écouté par les militants des droits de l’Homme,ONG,associations internationales et les représentants de la presse, qui ne sont pas restés indifférents devant l’ampleur du crime, exprimant émotion et douleur. Si tous les habitants d’El-Ayoun, capitale du Sahara Occidental occupé par le Maroc, se souviennent de ce lâche assassinat perpétré le 23 décembre 2010, les présents à la séance du témoignage se sont, dans un élan de solidarité, joints à la famille du défunt dont le corps se trouve toujours à la morgue de l’hôpital d’El- Ayoun.

En effet, éplorée, Djamila a indiqué que sa famille, pour sa part, terrorisée par les autorités d’occupation, refuse catégoriquement de signer le permis d’inhumation en l’absence d’un rapport d’autopsie certifiant les véritables causes de l’assassinat du jeune sahraoui et le jugement du policier auteur du crime. «C’est avec beaucoup de tristesse et une grande douleur que nous, la famille du martyr Saïd Dembar, pleurons la perte de notre cher fils et frère, assassiné une première fois par arme à feu par les autorités marocaines, et une deuxième fois par les mensonges et les mystifications dans une tentative de falsification des faits afin de contourner la loi », s’est révoltée Djamila Dembar. Depuis la mort du martyr, a-t-elle ajouté, « nous n’avons toujours pas récupéré le corps du défunt afin de l’inhumer », expliquant qu’avant que cela puisse se faire, tous les membres de la famille exigent que le procès-verbal de la police judiciaire et le rapport d’autopsie du médecin légiste décrivent les circonstances et la cause réelles de la mort du martyr Saïd, et que cela soit rendu public afin de lever le voile sur la vérité. En attendant que les acteurs directs et indirects de ce crime inhumain soient condamnés à la peine maximale, la famille du défunt trouve soulagement et réconfort dans la mobilisation internationale en faveur de toutes les victimes de la répression dans les territoires occupés.

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