Le Maroc essaie d'asphyxier la mobilisation populaire

« Ils ont commencé avec des insultes par des téléphones occultes et m’ont déjà menacé de mort », explique Oussama El Khlifi, un des organisateurs de la manifestation contre le gouvernement convoquée via Facebook pour le 20 février. Il n’est pas le seul; ce jeune chômeur explique à Publico que tous ses amis « sont menacés aussi ».

Les autorités du Maroc commence à montrer nervosité face aux concentrations convoquées à travers les réseaux sociaux et les vidéos Internet de jeunes qui réclament une constitution démocratique et appellent à manifester pour cela. La peur de la contagion des révoltes de la Tunisie et l’Egypte se propage, et elle semble la cause principale des menaces et le harcèlement de plus en plus grand dont sont victimes vertains blogueurs marocains.

Les milliers de visites au vidéo Youtube dans lequel El Khlifi convoque la marche du 20 février est très mal prise par le gouvernement. « Ils ont voulu me voir en personne et devant mon refus, ils m’ont menacé de mort. Le Wali (gouverneur) de Rabat aussi a appelé mon père et lui a demandé ce que je veux pour que cela s’arrête », ajoute-t-il.

Agadir, Fès, Tanger et Rabat ont été le scénario de manifestations qui se s’étendent à tout le pays. Sous le slogan de la solidarité avec les égyptiens et tunisiens, les citoyens profitent de l’occasion pour protester contre la cherté de la vie et réclamer une constitution démocratique. Certains sont allés encore plus loin : des étudiants de l’Université Mohamed Ben Abdoullah, à Fès, ont répété des mots très durs en faisant la comparaison entre la situation au Maroc et celle de la Tunisie avant la révolution qui a renversé Ben Ali. Le résultat était que cette protestation s’est soldé de 30 blessés.

« C’est un mouvement »

Les premières tentatives de manifestation au Maroc ont été dissoutes par les forces de sécurité mais, maintenant, ils se sont organisés par Internet et il devient difficile d’arrêter la mobilisation. Aujourd’hui même, l’on prévoit un sit-in convoqué aussi via Facebook, dans l’Avenue Mohamed V, l’artère principale de Rabat, où se trouve le Parlement.

« L’acte du 20 février n’est pas une manifestation de proteste, c’est un peu plus, c’est un mouvement », explique Mountassir Driddi, un des jeunes étudiants qui travaillent dans son organisation. Le syndicat Union Marocaine du Travail, les étudiants de l’Université de Rabat et les jeunes diplômés au chômage sont les prochains objectifs du mouvement. « Nous voulons parler avec eux, non pas de politique, mais de changements sociaux », expliquent-ils depuis l’organisation.

Connaître la répercussion de la convocation est difficile, parce que beaucoup de jeunes sont entrain de se mobiliser dans des endroits différents du Maroc. Ils revendiquent la réforme de la Constitution de 1996, un nouveau gouvernement pour mitiger la crise sociale et du travail pour les chômeurs diplômés.

Malgré les menaces, les leaders des deux groupes d’Internet qui mobilisent les citoyens (Mouvement Liberté et Démocratie Maintenant et Mouvement 20 février Le Peuple veut changer) n’ont pas peur. Ils assurent que la situation dans leur pays « n’est pas bonne et une révolution est possible ».

Source : Publico.es, 08/02/2011

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