MAROC, SAHARA OCCIDENTAL, EGYPTE
C’est un vent qui souffle trop fort. Avec intermittence. Indétectable par les services de la météo locale. Prévisible seulement par les services de sécurité et par les analystes politiques qui peuvent prévoir son déclenchement mais jamais son horaire ou la densité de son souffle. Le vent du Sud ne « visite » que les pays du Sud de la planète Terre. Là où l’Homme vit mal, manque de perspectives ou n’a pas d’avenir. Là où les plaintes sociales sont aussi criardes et aussi touchantes qu’un gémissement émanant d’une douleur profonde. Là où un pourcentage infime vit aux dépens d’une société entière.
Le vent du Sud est un souffle chaud qui entraîne, sur son passage, tout ce qu’il rencontre de malséant, de léger et d’injuste. Le vent du Sud est un régulateur social qui re-compose les données, remet les pendules à l’heure et rétablit l’ordre social. Conçu anarchiquement, spontanément formé, le vent du sud est, en même temps, un désordre orienté vers un ordre exigé. Il est un mal qui génère un bien social. Un mal qui ronge tous les gouvernants du Sud qui n’ont pas su ou pu atténuer les maux de leur peuple et qui ont, par négligence ou calcul, par ignorance ou manipulation, mis leur peuple dans de mauvaises situations sociales et face à des périls innommables. Soufflant graduellement, il alterne le chaud et le froid. Le chaud pour des gouvernements qui se font alpaguer comme des lapins par un peuple qui regarde, par la fenêtre, des richesses qui se distribuent à l’œil.
Le froid pour une population qui, de famine en misère, pleure en silence un destin qui n’est pas le leur mais dessiné par leurs responsables. Le vent du sud est la nouvelle arme des peuples opprimés. Il est le canal à travers lequel ils s’expriment à haute voix, sans retenue et sans tabous. Le vent du sud, de par sa force et son souffle, arrache la peur des cœurs blessés et des volontés brimées. Au gré de son humeur et de ses voies, le vent du sud fait des vagues là où il passe, au prix fort et sans commune mesure. Son souffle se ressent même ailleurs ; là où tous les sièges capitonnés et les trônes éternisant s’arrachent les « cheveux » pour se faire oublier. Mais…. Avec le vent du sud, personne ne sait de quoi sera fait…demain. N’est-ce pas???
medhayas@yahoo.fr
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Le Carrefour d’Algérie, 01/02/2011
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