Communautarisme

Beaucoup de gens ont souri tandis que d’autres ont fait la grimace face aux propos de Brigitte Bardot concernant la maltraitance des animaux par les hommes pervers. S’il est vrai que dans certaines cultures, l’animal est placé bien en dessous de l’humain, dans certaines, il est son égal et dans d’autres, il lui est supérieur. Comme il est vrai aussi que dans l’expansion de l’homme, les premières victimes sont aussi les animaux qui voient au fil du temps leur aire géographique et leur espace vital se restreindre de plus en plus (encore que je suis heureux d’apprendre que les fermiers australiens laissent les perroquets piller leurs récoltes et ne se hasardent pas à tuer ces psittacidés…). 
Tout est affaire de culture, comme le dirait l’auteur des Lettres persanes. Mais n’oublions pas d’ajouter aussi que la géopolitique s’invite souvent dans les réactions, dans les attitudes de certains gouvernements face au comportement des groupes humains envers d’autres. On se souvient bien de la campagne médiatique menée contre Milosevic: cela a provoqué une solidarité générale dans le monde envers ces pauvres Kosovars persécutés par un tyran sanguinaire. La même opération fut répétée avec les Kurdes. Comme il fallait abattre ce sanguinaire despote que fut Saddam Hussein, il fallait noircir au maximum l’image du personnage qui ne se pliait pas au lobby texan du pétrole. Pourtant les Kurdes sont répartis sur cinq frontières, et c’étaient les Kurdes vivant en Irak qui avaient le meilleur statut. Mais allez donc demander aux chevaliers des droits de l’homme pourquoi le traitement réservé à Saddam serait différent de celui accordé aux Turcs ou aux Iraniens. 
Les voies de la géopolitique, sans être impénétrables, n’en sont pas moins scandaleuses et que c’est toujours la loi du plus fort qui est toujours la meilleure: je vais vous le démontrer tout de suite. Les récents attentats criminels perpétrés ces derniers temps contre des chrétiens en Irak puis en Egypte ont ému la communauté internationale tout entière. Des condamnations nettes ont été proférées de toutes parts par des gouvernants et des représentants de la société civile contre ces actes barbares, quel que soit leur bord. Sa Sainteté le pape a même appelé à une protection des chrétiens du Moyen-Orient. Sarkozy, le grand expulseur de Roms et d’Africains, lui a aussitôt emboîté le pas dans la même direction. Il a même ouvert ses hermétiques frontières à ses coreligionnaires arabes, les accueillant à bras ouverts, encourageant par là un exode communautaire pour le moins anachronique. (Le Vatican, n’ayant pas d’espace géographique assez large, n’a pu ouvrir que ses frontières spirituelles…).

C’est ce qu’on appelle un réflexe communautariste qui est par ailleurs condamné par Sarkozy et ses amis quand il s’exprime sur les bantoustans parisiens. On oublie souvent que durant les «dictatures» de Nasser et de Saddam, les Coptes et les chrétiens d’Irak étaient des citoyens à part entière et que c’est l’intervention de l’armée américaine qui a ouvert la boîte de Pandore dans le monde musulman. Pire, on finit par s’apercevoir que la vie d’un chrétien au Moyen-Orient a plus de valeur que celle d’un musulman en Palestine, au Sahara occidental ou en Irak. Ouvrir son coeur à une partie de l’humanité seulement, c’est cela le communautarisme.
Selim M’SILI

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