L’Occident, un obstacle à la démocratisation

L’Europe, France en tête, est complice des crimes des dictatures du monde arabe, accuse un journaliste marocain.
Les habitants du monde arabe suivent avec grand intérêt et enthousiasme les événements historiques qui ont lieu en Tunisie. Ils s’interrogent sur l’avenir des gouvernements de la région, après le renversement du président Zine El-Abidine Ben Ali en raison de l’injustice politique et sociale qu’il a fait régner pendant plus de vingt ans. Cette révolution met en évidence non seulement le rôle crucial des nouvelles technologies pour mobiliser les peuples, mais aussi le rôle répugnant de l’Occident, qui apporte un soutien inconditionnel à la perpétuation de dictatures moyenâgeuses.

Malgré le manque de libertés, l’injustice sociale, les niveaux insupportables de corruption et l’Etat policier, l’Occident n’a cessé de défendre ces régimes. Jusqu’à ce que Ben Ali soit renversé, l’Occident le considérait comme un “élève exemplaire”. Le président français Nicolas Sarkozy a même déclaré en 2008 que la Tunisie vivait en démocratie. Pendant tout le mois qu’a duré le mouvement de protestation, les gouvernements occidentaux, à l’exception des Etats-Unis, ont gardé un silence suspect – la chef de la diplomatie française, Michèle Alliot-Marie, a même proposé de conseiller le gouvernement tunisien sur la façon de mettre fin aux manifestations. Une telle attitude met en évidence le deux poids deux mesures de l’Occident quand il s’agit d’exiger la démocratisation de certains pays.


D’un côté, l’Union européenne, France en tête, fait pression sur les présidents ivoirien, soudanais et iranien, et de l’autre elle garde un silence plus que suspect sur ce qui se passe dans le monde arabe, et surtout au Maghreb. Si l’Occident a joué un rôle crucial dans la démocratisation des pays de l’Europe de l’Est, elle fait tout le contraire avec les pays arabes. Non seulement elle soutient les régimes dictatoriaux, mais elle les aide à piller les richesses nationales en leur permettant d’ouvrir des comptes où ils peuvent déposer leur butin et d’acquérir des biens immobiliers et des actions de grandes entreprises européennes. Avec un tel comportement, l’Occident se rend complice par excellence de ces crimes. L’Europe offre également depuis plusieurs années, un autre cadeau à ces dictateurs en refusant d’accorder l’asile politique à ceux qui fuient ces régimes sanglants.

Pis, l’Occident ne cesse de répéter qu’il lutte contre les mouvements islamistes et les terroristes, mais les études sociologiques montrent que le fanatisme découle directement de l’injustice sociale et de la corruption de ces régimes dictatoriaux. Malgré cela, l’Occident ferme les yeux sur cette réalité et sur ces faits et se lie avec les dictatures.

 
El-Houssine Majdoubi, Journaliste marocain, correspondant en Espagne du quotidien panarabe Al-Quds Al-Arabi.
El Pais, 20/01/2011 

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