Le président du tribunal a annoncé cette décision après l’audience des accusés et les plaidoiries de la partie civile et de la défense qui ont duré plus de 10 heures et en présence de peu d’observateurs étrangers (Etats-Unis, Suède, Italie notamment).
Les militants sahraouis Ali Salem Tamek, Brahim Dahan et Ahmed Naciri présents aux audiences du procès ainsi que Mme Degja Lachgar, Yahdih Ettarouzi, Rachid Sghayer et Saleh Labouihi en liberté provisoire sont accusés d' »atteinte à la sécurité de l’Etat » pour avoir effectué du 26 septembre au 6 octobre 2009 une visite dans les camps de réfugiés sahraouis.
Dans leurs réponses aux questions du président les trois militants ont réaffirmé leur appartenance au Front Polisario et à sa lutte pour l’autodétermination du peuple sahraoui et qu’ils militaient pour l’organisation d’un référendum conformément aux résolutions des Nations unies et à la légalité internationale qui stipulent le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.
Répondant, en premier, Brahim Dehan a, après avoir rappelé son itinéraire de militant marqué par plusieurs arrestations et emprisonnements, a souligné qu’il s’est effectivement rendu en Algérie, en juillet 2009, pour prendre part à une rencontre de soutien à la cause du peuple sahraoui et dans les camps de réfugiés sahraouis en septembre de la même année, au même titre que les autres militants.
Sur ses deux visites, le président de l’Association sahraouie des victimes des violations graves des droits de l’homme (ASVDH) a déclaré qu’il était fier d’avoir rencontré les dirigeants sahraouis et les responsables des organisations algériennes de soutien aux droits du peuple sahraoui à l’autodétermination ainsi que la presse algérienne qui lui a ouvert ses colonnes.
Dans les camps de réfugiés, Brahim Dahan a indiqué que sa visite lui a permis de rencontrer sa famille dont plusieurs sont des dirigeants du Front Polisario et de voir de près le fonctionnement des institutions sahraouies ainsi que l’organisation sociale dans les camps de réfugiés.
Brahim Dehan a réitéré, chaque fois, en réponse aux questions du président qu’il défendait, lui et ses camarades, une cause juste conformément au droit international car étant convaincus depuis toujours de sa justesse et dans son cas depuis son enfance passée au Sahara occidental.
« Nous ne défendons ni les intérêts de l’Algérie ni d’un tout autre Etat mais une cause avec détermination et conviction », a-t-il martelé.
Lui succédant, Ahmed Naciri, secrétaire général du Comité sahraoui des droits de l’homme, membre du conseil de coordination de l’ASVDH a, quant à lui, d’abord raconté les circonstances de leur « kidnapping » à leur retour du Sahara occidental, indiquant qu’ils avaient été menottés et emmenés les yeux bandés dans un endroit inconnu sans aucun respect pour les valeurs humaines.
« Nous sommes des militants des droits de l’homme et libres de défendre une cause juste à laquelle nous croyons en notre for intérieur », a-t-il affirmé avant d’ajouter qu’il était prêt à connaître une septième fois la prison pour défendre la légitimité de la lutte du peuple sahraoui.
De son coté, Ali Salem Tamek, vice-président du collectif des défenseurs sahraouis des droits de l’homme a souligné que son séjour en Algérie en juillet 2009 pour une rencontre de soutien à la lutte du peuple sahraoui et sa visite dans les camps de réfugiés à la fin septembre de la même année n’étaient qu’une manifestation de son « droit au déplacement » comme stipulé par les conventions internationales.
« Mes visites et mes déplacements n’ont jamais été secrets mais publics », a-t-il affirmé avant de faire remarquer que « c’est depuis notre passage dans les camps sahraouis qu’on nous a qualifiés de traîtres », alors que cette accusation « n’a jamais été dirigée contre nous lorsque nous nous sommes rendus aux Etats-Unis, en Afrique du Sud et en Europe ».
Sur son séjour en Algérie, Tamek a indiqué avoir mené des activités politiques et fait des interventions dans les médias algériens pour relater la situation des droits de l’homme au Sahara occidental.
S’agissant de sa présence dans les camps de réfugiés, il a indiqué avoir été invité par les associations civiles sahraouies pour s’enquérir de la vie des Sahraouis et c’était l’occasion pour lui de s’entretenir avec les responsables du peuple sahraoui et de visiter ses proches.
Revenant sur leur arrestation à l’aéroport de Casablanca, Ali Salem Tamek l’a qualifié d’ »enlèvement ». « Nous avons été enlevés sans que nos familles ne soient mises au courant de notre sort pendant quatre jours », a-t-il expliqué.
Enfin, après avoir énuméré son parcours de militant de gauche au sein de plusieurs associations, organisations et syndicats marocains, Ali Salem Tamek a réitéré son droit l’expression et, à travers ce droit, à lutter en tant que Sahraoui pour l’autodétermination du peuple sahraoui conformément au droit international et aux résolutions onusiennes.
Le tribunal avait, au début de la séance, refusé les requêtes liées notamment aux conditions tendues du déroulement du procès, présentées, la semaine dernière, par la défense des sept militants sahraouis.
Le tribunal avait, également, refusé le 22 décembre dernier, la demande de la défense de faire bénéficier Ali Salem Tamek, Brahim Dahan et Ahmed Naciri d’une liberté provisoire.
Ils se trouvent en détention à la prison d’Oukacha (Casablanca) après leur transfèrement de la prison de Salé (près de Rabat).
Le tribunal avait reporté, le 17 décembre dernier, pour la troisième fois le procès, ce qui avait suscité la réaction d’Human Rights Watch (HRW) qui a appelé les autorités du Maroc à garantir un procès équitable ou libérer les trois militants toujours en détention préventive.
Le dossier des sept militants a été transmis par le parquet militaire de Rabat au tribunal de première instance de Casablanca, lieu de juridiction où les sept militants ont été arrêtés par la Brigade nationale de la police judiciaire marocaine (BNPJ) à leur retour d’une visite dans les dans les camps de réfugiés.
Le dossier a été transmis au procureur près la Cour d’appel de Casablanca par arrêt du juge d’instruction. Ce dernier a reconduit le chef d’inculpation pour atteinte à la sécurité interne, délit qui tient lieu du ressort du tribunal de première instance de Casablanca.(SPS)
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