Farès et karamtou

Lors du festival Rawafid Azawane de Laâyoune, le chanteur libanais Farès Karam semblait, de toute évidence, avoir perdu tous ses repères, confondant la ville du sud avec Beyrouth. Il n’a cessé de répéter qu’il était fier de chanter pour son pays, le Maroc, drapé dans un drapeau rouge et vert, avant de tresser une couronne de louanges à “Sa Majesté Mohammed VI”. Ses propos n’auraient pas dénoté dans la bouche d’un témoin de JT de la TVM, interrogé un jour de fête du trône. On a donc supposé un moment qu’il était né dans un douar de la Chaouia, qu’il s’appelait en fait Jilali ou Bouchaïb et que Farès Karam n’était qu’un nom de scène exotique, choisi pour faire carrière au Moyen-Orient. 
A Laâyoune (El Aaiun, capitale du Sahara Occidental occupée par le Maroc en 1975, ndds), la géographie est trompeuse. Farès Karam n’avait en fait pas du tout perdu le nord, il orientait juste sa boussole avec pour azimut le discours officiel. Farès Karam est apatride par opportunisme et n’a qu’une devise : à Rome il fait comme les Romains. Appliquant cet adage dans tous les pays arabes, il est prêt à tout pour être adopté par le public local, même à épouser une fille du cru, à en croire ses déclarations d’amour servies à son auditoire féminin où qu’il se produise au sein de la Oumma. Une Marocaine quand il est chez Mohammed VI, une Tunisienne quand il est chez Ben Ali, une Egyptienne quand il est chez Moubarak. Farès Karam finira un jour polygame à force de multiplier les mariages d’intérêt. 
Tel Quel, 7/1/2011

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