Depuis que les autorités marocaines ont eu l’audace d’expulser La Passionaria Sahraouie de chez elle jusqu’au sanglant démantèlement du camp de Gdeym Izik, Rabat accumula assez de fautes pour convaincre la communauté internationale du manque de crédibilité de son plan d’autonomie, ainsi que de la nature dictatoriale de son régime. Les recommandations du Parlement Européen ont été une gifle asse douloureuse sur le visage du régime alaouite qui se croyait jusque-là invulnérable. Le coup de grâce a été donné par les révélations de Wikileaks sur la corruption au palais, les points faibles de l’armée marocaine et la façon dont le Makhzen a géré l’affaire Aminatou Haidar.
L’implantation du camp de Gdeym Izik que le gouverneur limogé d’El Aaiun, Mohamed Jalmoussi, a qualifié de « Tindouf à deux pas d’El Aaiun », est une leçon que le Makhzen n’oubliera jamais. Dans cette épopée, jamais un peuple n’a fait preuve d’autant d’imagination et d’ingéniosité pour faire part de ses revendications et ses droits légitimes. Mais la réaction des autorités marocaines a été brutale dans le but d’attiser le feu. L’image de paix apparente, démocratie et respect des droits de l’homme s’est évaporé dans les airs. La communauté internationale a vu comment les années de plomb sont revenus (en réalité, ils étaient toujours là) à pas de charge.
Se trouvant dans une situation de faiblesse sans précédent, le Maroc hausse le ton, via son ministre de la communication Khalid Naciri. « Ceux qui croient qu’ils peuvent amputer le Maroc de son Sahara, se trompent», dit-il. « Ils ne se rendent pas compte qu’ils ouvrent les portes de l’enfer », ajoute-t-il. Des menaces à peine déguisées. Le Maroc, ayant perdu tous ses moyens diplomatiques, trouve que la seule arme qui reste est de relâcher ses candidats à l’immigration, le trafic de drogue et le terrorisme. Parce qu’il ne faut pas oublier que l’attentat le plus sanglant connu en Europe, le 11 mars 2004 à Madrid, a été commis par des ressortissants marocains. Ceux qui ont tué le Commandant Massoud étaient aussi marocains. En Hollande, celui qui a tué le cinéaste Van Gogh était aussi marocain. Et encore…
L’attaque contre le camp de Gdeym Izik était une provocation pour pousser le Polisario aux armes et à mettre fin au processus des négociations qui devenaient de plus en plus gênantes pour Rabat à cause des pressions exercées sur le Maroc pour l’amener à accepter une « solution juste et mutuellement acceptable basée sur le principe d’autodétermination du peuple sahraoui ». La communauté internationale est lasse de ce conflit et les marocains trouvent leur confort dans le statu quo que l’envoyé spécial Christopher Ross a qualifié « d’insoutenable ».
Ayant perdu toutes les cartes, le Maroc cherche à attaquer les territoires libérés et les camps de réfugiés de Tindouf. Le roi Mohamed VI en a parlé lors de son discours du 6 novembre 2010. L’agression aurait pour justification les « liens du Front Polisario avec le terrorisme et le grand banditisme au Sahel ». C’est ce qui explique la récente campagne médiatique orchestrée par Rabat et Paris depuis l’arrestation par les autorités mauritaniennes du ressortissant malien Omar Sahraoui, auquel les services secrets marocains n’ont pas manqué de fournir des pièces d’identités absolument fausses pour lui fabriquer une appartenance sahraouie.
Il serait trop ingénue et une grande erreur considérer que cette campagne diffamatoire contre le Front Polisario vise seulement à dénigrer le mouvement de libération sahraouie. Derrière elle, il peut y avoir un plan bien étudié pour une offensive marocaine qui embraserait toute la région suivant le principe de « Kabbarha Tessghar ». C’est peut-être la raison pour laquelle les marocains ont déclaré, il y a trois jours, avoir démantelé un réseau terroriste dont le dépôt d’armes se trouverait à Amgala, une localité près des territoires libérés par le Front Polisario.
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