L’Algérie, que les combattants pour la liberté ont surnommée «la Mecque des révolutionnaires» pour son soutien sans limites aux causes justes à travers le monde, jouit toujours d’une aura incommensurable auprès de tous les défenseurs des droits des peuples opprimés. Les travaux de la conférence internationale d’Alger sur la célébration du 50e anniversaire de la déclaration de l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux ont montré toute l’étendue du respect voué à l’Algérie. Plus de deux cents personnalités de divers horizons, connus pour leur passé d’hommes libres ayant combattu l’occupation et l’oppression sous toutes leurs formes, ont répondu présent à l’invitation de l’Algérie pour célébrer cet événement. De Kenneth Kaunda, l’ancien président de la Zambie, à Olusegun Obasanjo, le président sortant du Nigéria, à Thabo M’Beki, le successeur de Nelson Mandela à la tête de l’Afrique du Sud, ils ont tenu à rendre hommage au rôle joué par l’Algérie dans la lutte pour la liberté.
L’Algérie catalyseur des peuples colonisés
Ayant apporté son aide à la révolution algérienne et parlant en connaissance de cause, l’avocat de renommée internationale, Maître Jacques Vergès, a affirmé en marge de cette rencontre internationale que « l’Algérie demeure toujours la capitale de tous les pays et les peuples qui luttent pour leur indépendance et leur liberté ». Ce témoignage est une reconnaissance parmi tant d’autres de l’impact du combat de l’Algérie contre l’occupation et de son rôle, une fois son indépendance recouvrée, dans la libération des autres peuples. Le déclenchement de la guerre algérienne contre l’occupant français en novembre 1954 a eu pour effet de motiver les peuples encore sous le joug colonial pour mener une lutte similaire pour s’affranchir du colonialisme. Consciente de cet effet, et surtout désireuse de conserver à tout prix l’Algérie sous son contrôle en raison de l’importance qu’elle représentait à ses yeux, la France était prête à tous les sacrifices pour atteindre cet objectif primordial. Afin de concentrer le maximum de forces pour se maintenir indéfiniment sur la terre algérienne, Paris offrira successivement à la majeure partie qu’elle occupait, ou qui se trouvait sous son protectorat, l’indépendance. Parallèlement à son combat contre la présence militaire française sur son sol, l’Algérie a mené la vie dure à la France sur le terrain diplomatique en s’imposant à l’ONU comme une force respectable, qui lui a valu le soutien de nombreux pays et personnalités, dont celui du défunt président américain John Fitzgerald Kennedy. Cette victoire diplomatique d’un retentissement sans précédent à travers le monde obligera le gouvernement français à organiser un référendum d’autodétermination en Algérie en mars 1962.
Les colonies africaines françaises accèdent à l’indépendance
Entre-temps, Paris avait tenté vainement de rassembler tous ses moyens pour les concentrer en Algérie. C’est ainsi que la France se retira du Viêt-Nam en 1954 et accordera tour à tour à la Tunisie et au Maroc en vingt jours d’intervalle en mars 1956 le statut d’Etats indépendants. Quatre années plus tard en 1960, face aux moudjahidine algériens, qui résistèrent farouchement devant son armée épaulée par l’OTAN, elle donnera l’indépendance à la quasi-totalité de ses colonies en Afrique. Il faut croire que les choses n’ont pas été faites à moitié puisque de nombreux pays de l’Afrique subsaharienne recouvrent leur liberté cette année-là. Cela est intervenu avant même que l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies (ONU) adopte, le 14 décembre 1960, la résolution 1514 consacrant le droit des pays et des peuples colonisés à l’autodétermination et à l’indépendance. Le cinquantenaire de cette résolution coïncide en effet avec celui de l’indépendance d’une vingtaine de pays africains, dont 14 anciennes colonies françaises, en 1960. Il s’agit du Cameroun, de la Centrafrique, du Congo-Brazzaville, de la République démocratique du Congo (RDC), de la Côte d’Ivoire, du Gabon, du Burkina Faso, du Madagascar, du Mali, de la Mauritanie, du Niger, du Nigeria, du Tchad, du Togo, du Sénégal et de la Somalie.
Poursuite de la lutte pour la dignité et l’égalité des droits de peuples
La Conférence internationale d’Alger aura le mérite d’avoir fait réagir ses participants, qui ont réaffirmé « leur attachement au combat pour la dignité, l’égalité et les droits de tous les peuples sans exception ». C’est la satisfaction de Abdelkader Messahel, ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, qui a indiqué à la clôture de la conférence, qu’« à travers cette déclaration unanimement adoptée, c’est le combat qui continue pour la dignité, pour l’égalité et pour les droits de tous les peuples sans exception ». Idem pour l’ancien secrétaire général de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), Salim Ahmed Salim, lequel a estimé que la Conférence d’Alger est un événement « mémorable ». Selon lui, « la présence d’éminentes personnalités à Alger pour célébrer ce grand événement est un témoignage de notre engagement collectif, non seulement pour la réalisation pleine des objectifs de la Déclaration mais aussi pour lever les obstacles qui empêchent sa mise en œuvre ». Soulignant que « c’était une opportunité pour engager une réflexion et arrêter une meilleure stratégie pour garantir la fin totale du colonialisme dans le monde », il ajoutera que les participants « sont conscients des réalisations qui ont été faites » mais, également, de leur responsabilité dans le « soutien » aux peuples de Palestine et du Sahara Occidental.
El Djazaïr, Janvier 2011
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