Aboudjerra Soltani s’en est allé rattraper au sud du pays une juste cause qu’il avait égarée à l’ouest de nos frontières. Les Sahraouis ont dû apprécier la mise au point cinglante d’un homme qui représente son parti, le MSP, partie prenante de l’alliance présidentielle. Nos frères de la résistance ont tellement souffert des trahisons de certains de leurs militants, retournés par l’argent sale du makhzen, que la fidélité de la classe politique algérienne s’impose comme une consolation de taille. Surtout après la controverse faisant suite à une émission radiophonique, sur les ondes de la Chaîne III, où l’une des voix officielles du MSP, Abderrezak Mokri, avait laissé entendre que la problématique du Sahara occidental (ancienne colonie espagnole envahie par le Maroc en 1975, ndds) n’intéressait pas son parti. On ne pouvait réclamer de démenti plus catégorique que le déplacement du chef, à la tête d’une délégation, pour déclarer haut et fort le soutien de sa formation à la résistance du peuple sahraoui contre l’occupation, tout en condamnant les exactions marocaines. De leur côté, les frères Sahraouis n’ont pas dérogé à leur hospitalité légendaire et ont réservé un accueil chaleureux aux visiteurs. Aboudjerra Soltani a été reçu par le président Mohamed Abdelaziz qui n’a pas raté l’occasion de participer à la contre-offensive face aux cercles de Rabat qui ne négligent aucune brèche algérienne pour tenter d’affaiblir leurs opprimés. Cerise sur le gâteau, à la place d’une analogie avec la cause palestinienne refusée par Abderrezak Mokri quelques semaines auparavant, le leader du MSP a évoqué le massacre du 8 mai 1945 perpétré par la France en Algérie pour commenter la récente répression du camp de Gdeim Izik par les forces marocaines. Les comploteurs du royaume chérifien devront se contenter des alliés de Paris puisqu’il n’y a point de recrues possibles sur la place d’Alger. En fouillant dans les livres de chevet de leurs invités prestigieux conviés à Marakkech pour les fêtes de fin d’année, les cerveaux de l’ancien protectorat pourront tomber sur les Mémoires de Charles de Gaule. Peut-être y découvriront-ils le déclic qui a poussé le général à en finir avec ses coups tordus contre la résistance algérienne irréductible pour accepter l’idée de l’indépendance.
N. M.
N. M.
Le Jeune Indépendant, 29/12/2010
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